
Politiques sans valeurs, démocratie en ruines
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Publié le 16 juin 2015
Auteur : Jean-Luc Mathieu
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Tribune de parue le 10 juin 2015 dans « La Croix »
Aux élections des conseils départementaux de mars dernier, le premier parti, celui dont les scores s’accroissent d’élection en élection, est celui des abstentionnistes. On entend les pleureuses, qui sont les responsables : las, la démocratie s’effrite ! Et depuis des décennies, c’est bien le cas. Comme nos prédécesseurs le firent dans les années 1870 et participèrent à la fondation de la République, participons à la refondation d’une République apte à faire face, par ses réalisations, aux fausses solutions du Front national et, plus généralement, à notre déclin.
La confusion
Que s’est-il donc passé ? Il y a moins d’un an, en 2014, François Hollande annonçait la suppression des départements. Il ne s’y serait pas pris autrement s’il avait voulu faire échouer son propre projet de réforme. Les départements peuvent être utiles comme subdivision des régions, pour gérer des services à la population. Ce sont les anciens conseils généraux qu’il fallait faire disparaître car, dans le mille-feuille politico-administratif, leur existence constitue une gêne (et non un avantage) qui plus est onéreuse.
Pour rajouter une couche dans la confusion, les Français ont été invités à élire des assemblées, dénommées conseils départementaux, dont les fonctions étaient inconnues au moment du vote, car le projet de loi pour une « nouvelle organisation de la République », qui doit les définir, est seulement en cours de discussion au parlement ! Enfin, on a vu le Premier ministre de la France battre les estrades pour le parti dont il est issu. Quelle confusion ! Quelle déchéance ! Les conseils départementaux vont donc subsister dans l’unique intérêt des élus, qui les composent. Et le mille-feuille français va encore s’alourdir. Dans de telles conditions, pourquoi s’étonner de la désaffection des électeurs pour une semi-mascarade ? Si on ne se moquait pas d’eux, les électeurs ne se seraient pas moqués de ce scrutin. Est-il sain de dévaloriser « l’élection », l’un des instruments de la démocratie ? N’est-ce pas dévaloriser cette démocratie elle-même ? […]