24.04.2022 : Jean 20.19-31 – La foi de Thomas

La résurrection de tous les commencements

Introduction

L’évangile de Thomas est médité tous les ans dans le lectionnaire le premier dimanche après Pâques (voir vidéo du 11 avril 21). Nous avions alors insisté sur le fait que la Pentecôte qui est le don de l’Esprit a lieu dans le quatrième évangile le jour même de la résurrection. Elle est l’accomplissement de Pâques. Jésus n’est pas ressuscité pour que les disciples restent enfermés dans leur chambre, mais pour qu’ils soient témoins de l’évangile du pardon. Dans cette méditation, nous insisterons sur la notion de huitième jour comme émergence d’un temps nouveau.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : La paix soit avec vous

Lorsque Jésus retrouve ses disciples, il les salue : Que la paix soit avec vous ! Cette salutation est une formule de politesse, mais nous pouvons l’entendre pour ce qu’elle est en vérité, l’assurance d’une présence. Pour les disciples, elle rappelle ce qu’il leur avait dit dans son discours des adieux : Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas ! (Jn 14.27)

La même salutation est dite au commencement de chaque culte, nous pouvons l’entendre comme l’annonce de la présence du Christ au milieu de l’assemblée : Là où deux ou trois sont rassemblés pour mon nom, je suis au milieu d’eux (Mt 18.20).

Titre : Thomas le jumeau

Thomas n’était pas avec les dix autres apôtres lors de la première apparition du ressuscité. Il est un peu différent des autres, il avait déjà manifesté sa singularité lorsque Jésus a décidé d’aller à Béthanie pour relever Lazare d’entre les morts. Il avait alors déclaré : Allons-y, nous aussi, pour que nous mourions avec lui ! (Jn 11.16).

Dans ce passage, nous apprenons qu’il est appelé le Jumeau. Le jumeau de qui ? De chacun d’entre nous. Tous nous sommes appelés à faire le même chemin que lui, le chemin qui va de la vue à la foi.

Pistes d’actualisation

1er thème : Le corps du ressuscité

Le ressuscité qui se présente devant les apôtres a à la fois le même corps et un corps différent. Il n’est pas totalement corporel puisqu’il passe à travers les portes fermées, mais il est totalement la personne de Jésus puisqu’il porte la marque des clous et du coup de lance. Il est le ressuscité, mais il se fait reconnaître à ses cicatrices.

Ce sont nos cicatrices, nos blessures qui nous qualifient, elles racontent notre histoire, elles sont nos décorations, ce qui fait de nous des sujets uniques. Le ressuscité ne nous sort pas de notre humanité, il nous appelle à habiter totalement notre vie terrestre.

2e thème : L’esprit dans le quatrième évangile

L’Esprit se trouve aux articulations du quatrième évangile.

Au baptême de Jésus, Jean annonce qu’il a vu l’Esprit descendre sur Jésus qui est celui qui baptisera dans l’Esprit (Jn 1.32-33).

Dans son discours des adieux, Jésus annonce à ses disciples qu’ils ne seront pas orphelins et qu’il leur enverra son Esprit (Jn 14.16-17).

Dans ce verset, cette promesse se réalise et les disciples reçoivent l’Esprit.

L’Esprit est celui qui accompagnera les disciples lorsque Jésus ne sera plus avec eux. Au moment où ils sont envoyés en mission, l’Esprit leur est donné.

3e thème : Le huitième jour

Jésus a rencontré ses disciples le premier jour de la semaine qui est le jour de la résurrection, une manière de dire que cette dernière introduit un temps nouveau. Jésus envoie ses disciples en mission, mais ces derniers restent barricadés chez eux, c’est pourquoi Jésus revient une seconde fois.

La rencontre avec Thomas a lieu huit jours après, ce que nous pouvons entendre comme le nouveau jour d’un nouveau jour. Si la semaine compte sept jours, le huitième jour correspond à une sortie de la répétition des jours pour nous faire entrer dans un nouveau temps. La résurrection ouvre une nouvelle histoire pour les disciples et pour chacun d’entre nous.

Une illustration : Voir et croire, le signe et la foi

Thomas est passé du besoin de voir et de toucher (si je ne vois pas dans ses mains la trace des clous) à la foi : devant le Christ, il n’a plus besoin de toucher pour croire. Cette évolution nous amène à réfléchir sur la tension entre le signe et la foi. Les commentaires ont relevé que le fait de voir des signes extraordinaires ne suffit pas à donner une foi solide.

Prenons deux exemples bibliques. Les sages ont remarqué que le peuple de l’Exode qui a vu les signes les plus forts – la mer coupée en deux, l’eau qui jaillit du rocher, la manne et les cailles – est aussi le peuple qui est tombé dans la plus grande idolâtrie avec l’érection du veau d’or. Et dans l’évangile de Jean, la foule qui a voulu faire de Jésus son roi parce qu’elle a assisté à la multiplication des pains (Jn 6.14-15) est la même que celle qui, le lendemain, lui a demandé : Quel signe produis-tu donc, toi, pour que nous voyions et que nous te croyions ? Quelle œuvre fais-tu ? (Jn 6.30). Le signe nous enferme dans une quête incessante de preuve alors que selon l’évangile, ce n’est pas le miracle qui fait la foi, mais la conversion quotidienne.

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Amos-Raphaël Ngoua Mouri, pasteur de l’Eglise protestante unie de France, pour discuter de Jean 20, 19-31 https://campusprotestant.com/video/lapparition-de-jesus-apres-sa-resurrection/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis