03.07.2022 : Luc 10.1-20 – Envoi des soixante-douze

Le témoignage et l’hospitalité

Introduction

Au chapitre précédent, Jésus avait envoyé les douze en mission, dans celui-ci il en envoie soixante-douze pour préparer sa venue. Le nombre soixante-douze (ou soixante-dix selon d’autres manuscrits) évoque le nombre des nations dans la pensée rabbinique selon les 70 noms que l’on trouve parmi les descendants de Noé dans la généalogie de la Genèse (Gn 10).

Si les Douze représentent Israël, le nombre soixante-dix évoque une extension du message de Jésus au monde entier.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Des agneaux et des loups

Les disciples sont envoyés comme des agneaux au milieu des loups. Dans l’évangile, le premier agneau, c’est Jésus et les disciples sont invités à suivre son exemple.

Dans la nature, un agneau n’a pas beaucoup de chance de survie face à un loup affamé, il n’a ni dard, ni crocs, ni serres, ni griffes, il ne court pas très vite, ne sait pas se cacher et n’a même pas une fécondité prolifique. Et étant agneau, les disciples sont appelés au témoignage les mains nues. C’est ce qui est souligné lorsque Jésus demande à ses disciples de ne porter ni bourse, ni sac, ni sandales

Jésus ne triche avec ses disciples, il leur annonce qu’ils seront persécutés, mais leur témoignage sera plus grand que les persécutions. C’est souvent par leurs persécutions qu’ils témoigneront.

Le miracle de l’hospitalité

En arrivant, les disciples sont invités à appeler la paix de Dieu sur les maisons qui les accueillent. Ceux qui les ont reçus font preuve d’hospitalité et ce sont eux qui reçoivent la paix. En accueillant, ils sont enrichis.

Nous retrouvons l’ambivalence du mot hôte en français qui désigne à la fois celui qui accueille et celui qui est accueilli. Le miracle du partage, c’est qu’on ne sait plus qui reçoit et qui est reçu, les deux sont au bénéfice de la rencontre.

Pistes d’actualisation

1er thème : Proclamez et guérissez

Les disciples sont envoyés avec un mot d’ordre : Guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : « Le règne de Dieu s’est approché de vous. » Le verbe guérir en grec (thérapeuô) veut aussi dire soigner, honorer. La guérison ne nous appartient pas, notre responsabilité c’est de prendre soin. La façon dont les malades sont soignés est un critère qui nous permet de juger une société.

Depuis ce premier envoi, lorsque l’Église a envoyé des missionnaires, ils ont construit, des Églises, des écoles et des hôpitaux. Annoncer l’Évangile sans prendre soin des malades, c’est refuser de rencontrer les personnes sur leurs lieux de souffrance. Construire des hôpitaux sans parler du règne de Dieu, c’est refuser de partager notre espérance.

2e thème : L’échec fait partie du programme

Jésus prévient ses disciples que parfois ils seront mal reçus. Dans l’évangile, la seule chose qu’il a promise à ses disciples, c’est qu’ils seront persécutés.

Cela signifie, que si nous rencontrons des difficultés dans notre annonce de l’Évangile, ce n’est forcément que nous nous y prenons mal, que nous ne prions pas assez ou que nous ne sommes pas assez convaincants, cela fait partie du programme.

La responsabilité des disciples, c’est de témoigner, la façon dont leur témoignage est reçu relève de la responsabilité des auditeurs.

3e thème : Satan tombe du ciel

Lorsque les disciples reviennent de mission, Jésus déclare : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair. Dans le récit de la tentation, le diable a proposé à Jésus de se révéler dans la force et la puissance en transformant les pierres en pain, en exerçant son pouvoir sur le monde et en se jetant du haut du temple pour fasciner les foules. Ce n’est pas par la puissance que le Satan tombe, c’est lorsque les disciples n’ont pas d’autres armes que celles de l’agneau pour partager l’Évangile.

C’est en vivant la non-puissance du disciple qui n’a que sa parole, sa compassion et sa prière pour partager l’Évangile et prendre soin des malades, que nous faisons reculer le règne du Satan.

Une illustration : La conquête de l’Empire romain

Les disciples sont envoyés comme des agneaux au milieu des loups. Les agneaux sont les disciples et les loups les forces d’oppression de l’Empire romain. La louve est le symbole de Rome.

Nous savons que l’espérance de vie d’un agneau au milieu d’une meute de loups est assez limitée, et pourtant l’histoire nous conduit à reconnaître qu’en l’espace de deux siècles les agneaux de l’évangile ont vaincu les loups de l’Empire romain qui s’est rangé sous la bannière de l’agneau.

Comment cela a-t-il été possible ? Et si la faiblesse de l’agneau était plus forte que les forces de notre monde ?

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis