Toutes les religions ont pactisé avec la violence, affirme Philippe Gaudin dans une intervention lucide sur YouTube, à partir de la lecture du livre L’islam mis à nu par les siens de Maurice Saliba, relayant les critiques du télévangéliste Frère Rachid. L’entretien, au ton critique mais réfléchi, met en lumière six « piliers cachés » de l’islam, selon Frère Rachid : tribu, épée, argent, sexe, censure et propagande. Philippe Gaudin ne s’arrête pas à l’islam : ces piliers sont, selon lui, communs à toutes les religions… et même à des régimes politiques séculiers.
L’épée, notamment, est omniprésente dans l’histoire religieuse. Aucune foi, pas même le christianisme, ne s’est propagée sans le soutien du pouvoir militaire. Philippe Gaudin rappelle que sans les princes protestants, Luther aurait été exécuté. Même Jésus, figure non-violente, a engendré une religion souvent alliée aux armes.
L’argent, troisième pilier, est inséparable des institutions religieuses dès lors qu’elles sortent d’un cadre tribal. De l’impôt sur les dhimmis dans l’empire musulman aux églises soutenues par l’État, toute religion organisée nécessite financement. Gaudin souligne que le problème n’est pas propre à l’islam, et que le financement étranger concerne également des églises chrétiennes.
Le sexe n’échappe pas non plus au contrôle religieux. Philippe Gaudin analyse la manière dont les normes patriarcales de la péninsule arabique du VIIe siècle ont influencé les textes religieux, mais insiste sur les bouleversements en cours, notamment grâce à la transition démographique et à l’émancipation des femmes dans le monde musulman, comme en Iran.
Concernant la censure, Philippe Gaudin revient sur des versets du Coran qui pourraient décourager le questionnement. Il convoque Averroès, philosophe du XIIe siècle, pour défendre une lecture qui incite au savoir et à la philosophie. Il rappelle que l’Église catholique elle-même a longtemps découragé la lecture critique de la Bible.
Enfin, la propagande est inhérente aux religions prosélytes comme le christianisme et l’islam. Philippe Gaudin se montre nuancé : ce n’est pas le prosélytisme en soi qui pose problème, mais sa manipulation ou sa déformation de la vérité. Il souligne les dangers d’un monde dominé par les fake news et les GAFA, où la vérité devient incertaine.
Philippe Gaudin ne cherche pas à diaboliser l’islam, mais à démontrer que les dérives pointées par Frère Rachid traversent l’histoire de toutes les religions et idéologies. À l’ère de la communication globale, l’esprit critique reste le meilleur rempart contre la dérive autoritaire et dogmatique, qu’elle soit religieuse ou séculière.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Philippe Gaudin
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag, Horizontal Pictures