
« J’ai toujours été sensible à l’injustice »
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Publié le 2 juin 2016
Auteur : Marie Destraz
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Vous offrez une aide juridique aux requérants d’asile dans le cadre du SAJE. Parlez-nous de quelques-unes des tâches qui vous incombent.
Nous œuvrons pour une vie plus digne. Le statut juridique des personnes qui arrivent en Suisse définit leur vie dans notre pays. Il régit l’accès à la formation, au logement, le mariage, la scolarisation des enfants. Alors une fois par semaine, je suis présente au Centre d’enregistrement et de procédure de Vallorbe pour répondre à leurs questions et pour prendre en charge des dossiers d’asile, parfois en faisant des recours contre des décisions négatives. Je fais aussi le lien avec les autorités et avec le réseau d’entraide dans le canton qui nous sollicite. Il faut aussi souvent expliquer que nous ne faisons pas de miracles. Dans le contexte de la politique actuelle, il est par exemple compliqué de faire entendre aux autorités que vivre dans un abri PC pendant des années ne correspond pas une vie digne.
Comment gérez-vous cette détresse humaine ?
Je la gère, c’est déjà ça. Je reste dans mon domaine de compétence juridique. Mais j’en ai une vision créatrice, car le droit est soumis à l’interprétation. Si une personne persécutée a le droit à une protection en Suisse, il faut encore s’accorder sur la définition de la persécution. Il est difficile de rester neutre et rationnel face à la détresse de l’autre et à l’horreur vécues. Face à des situations de souffrance, des syndromes post-traumatiques, des enfants qui ne peuvent bénéficier de soins adéquats dans leur pays, je suis très touchée. […]