À partir d’une question d’actualité, la « boussole de la FEP » propose des pistes de réflexion pour nourrir le sens de nos actions et tenter d’éclairer le sens des événements que nous traversons.

La parole

Un jour, les arbres de la forêt décident de choisir un roi pour les commander. Ils sollicitent l’olivier, le figuier, puis la vigne mais tous trois refusent.
Alors les arbres demandent au buisson d’épines de régner sur eux.
Mais le buisson d’épines dit aux arbres : « Si c’est loyalement que vous me donnez l’onction pour que je sois votre roi, alors venez vous abriter sous mon ombre.
Mais s’il n’en est pas ainsi, un feu sortira du buisson d’épines et il dévorera les cèdres du Liban. »

La Bible, Juges, chapitre 9, verset 15

Chemin de réflexion

La politique à l’ombre de la croix

Dans quelques jours auront lieu deux événements importants : la fête des Rameaux et le premier tour de l’élection présidentielle en France. La fête des Rameaux acclame le Messie et l’élection présidentielle donnera l’onction du peuple au futur président français. À l’époque des Rameaux, on attendait une personne qui devait mettre fin définitivement à la souffrance du peuple et le libérer de l’occupation romaine. Jésus est un messie paradoxal qui affirmera que son « Royaume n’est pas de ce monde ».
Jésus avance sur le chemin de Jérusalem et dit clairement au peuple, qui ne l’entendra pas, qu’il n’existe pas d’homme providentiel. Mais voilà, il est tellement facile de croire qu’il suffit de « s’abriter sous son ombrage » pour que les soucis du monde qui nous entoure disparaissent, de croire à l’illusion d’une île déserte préservée des turpitudes. Jésus est un messie qui ira jusqu’à la croix pour confondre la violence et l’incohérence du monde. Puissions-nous voir la politique à l’ombre de la croix.

Brice Deymié, pasteur de l’Action chrétienne en Orient à Beyrouth

 

Autoritaire ou autorité

Après avoir sollicité l’olivier, le figuier et la vigne, qui ont décliné leur offre (devenir roi), les arbres se tournent finalement vers le buisson d’épines qui annonce pourtant la couleur… ou surtout les épines ! Celui ou celle qui affiche des côtés piquants dans le débat politique séduit souvent par une « sincérité triomphante » parce qu’il sait ce qu’il veut et assume son message, aussi cruel et discriminatoire soit-il. L’autoritaire aime qu’on obéisse, et il s’impose par des propos tellement partisans qu’ils peuvent se traduire en actes violents, comme le buisson de la fable qui finit par brûler la forêt.
L’autorité, dans une parole incarnée qui appelle à la paix et l’amour de son prochain, se propose quant à elle d’élever les autres sans s’ériger en idole pour sa propre gloire. Je voterai, non pour une personne, mais pour un programme qui appliquerait ces valeurs bienveillantes afin que chaque être vivant puisse vivre décemment et dans le respect de l’autre, même si différent et loin de lui.

Rémi Droin, pasteur, Toulouse Ouverture – To7

 

Jésus notre seule sécurité

Un jour, les arbres décidèrent de se choisir un roi (Juges 9.8)… Nous sommes bien souvent tentés de chercher un « sauveur », qui prendrait sur lui la charge de nos soucis. Mais comme tous les arbres de ce passage du livre des Juges, nous ne sommes pas prêts pour autant à quitter nos sécurités et à abandonner nos petits pouvoirs. Au fond, cherchons-nous réellement un sauveur ou bien seulement un paratonnerre ? Jésus, lui, nous propose un chemin de salut, et non une protection à bon marché. Je suis très souvent frappé de découvrir, chez des personnes en situation de handicap, une profonde soif de salut.
Je rencontre tous les jours des femmes et des hommes prêts à abandonner le peu de sécurité qui leur reste pour la seule chose qui compte vraiment, c’est-à-dire l’amour. Xavier, un ami trisomique, aime parler au Seigneur par des prières spontanées. Il ponctue alors chacune de ses prières par une formule très personnelle : « La mer est haute, la mer est basse, Jésus sauve ». Il a bien compris que nous n’avons pas de prise face aux aléas de la vie, mais que sa seule vraie sécurité est en Dieu.

Fr Marc de Maistre, aumônier de l’AEDE

 

Des mots pour prier

Seigneur nous te confions notre monde tel qu’il est.
Nous voudrions que tu nous dégages de la glaise originelle, des chaînes de la peur, et de l’illusion qu’un humain puisse tout changer et transformer sans ton secours.
Nous savons qu’au labyrinthe de nos incompréhensions, tu nous guides.
Dans le désert de l’indifférence, tu nous parles, et au naufrage de nos illusions, tu es notre rocher.
Hors du tumulte de nos désirs, tu nous berces.
Amen