Comment ont été reconstruits les lieux de culte catholiques et protestants après la Seconde Guerre mondiale ?

Il s’agissait surtout de reconstructions partielles. Les maires et le clergé local avaient la volonté qu’ils ressemblent à ce qui avait été détruit, grâce à des charpentes en bois ou des pierres de taille. Mais les moyens ne suffisaient pas pour reconstruire les églises et temples intégralement détruits à l’identique. Jusqu’à la fin des années 1950, ils l’ont été dans des lignes traditionnelles très sobres. Le béton armé était recouvert d’enduits blanc. À la place des églises simultanées, catholiques et protestants se sont alors souvent partagé les dommages de guerre pour construire des églises distinctes, encore plus dépouillées. À la fin des années 1950, pour les dernières reconstructions, aux plus gros budgets, commanditaires et architectes ont choisi, comme pour les églises et temples nouveaux, de faire œuvre moderne et d’afficher du béton, des clochers isolés…

Comment évolue l’architecture des églises protestantes ensuite ?

Les nouvelles constructions ont commencé dès les années 1950 dans les nouveaux quartiers urbains. Les premières étaient monumentales et principalement tournées vers le culte. Les suivantes sont de plus en plus modestes et multifonctionnelles. Tout comme pour les reconstructions intégrales, les plans intérieurs centrés autour du prédicateur, courants chez les protestants, sont d’abord délaissés. Les protestants ne les redécouvrent qu’après 1962. Leurs premiers églises et temples nouveaux sont des espaces de culte déjà polyvalents. Ceux des années 1960 vont encore plus loin, formant des centres paroissiaux où le lieu de culte est un espace parmi d’autres. Dans certaines cités, protestants comme catholiques reviennent sur leurs projets alors qu’ils avaient réservé des terrains. Ils préfèrent bâtir de l’interaction humaine. Les constructions y attendront les années 1980 et 1990.

En quoi ces églises et temples modernes sont aussi des bâtiments remarquables ?

Ce patrimoine est méconnu et mal aimé. Ces édifices ont pourtant des qualités, que l’on a encore du mal à reconnaître : leur démarche novatrice, leur radicalité… Les plus réussis rassemblent les talents de grands architectes, de grands artisans et de grands artistes. On commence à peine à mettre en œuvre une démarche de sauvegarde. Onze églises alsaciennes catholiques bénéficient aujourd’hui du jeune label Architecture contemporaine remarquable.