Maria s’apprête déjà à repartir en Allemagne au moment où nous écrivons ces lignes, au terme de son cursus dans le cadre du programme Erasmus.

C’est simplement par Internet que Maria a découvert l’existence de la Maison Unité à Lyon. Étudiante à Tübingen dans le sud de l’Allemagne, dans un cursus mêlant à la fois la théologie et le français « langue étrangère » en vue d’un diplôme pour être enseignante de français et de religion, Maria était à la recherche d’un logement à Lyon pour réaliser une année d’étude dans le cadre du programme Erasmus. « J’ai tout de suite aimé ce projet. L’œcuménisme me semble un projet très important pour l’avenir de notre monde d’une part, mais aussi, cela me permettait d’une certaine façon de compenser l’absence de cours de théologie que je ne pouvais “évidemment” pas avoir dans le cadre de l’Université Lyon II. » L’« évidence » de la question de cours de théologie dans le cadre universitaire public pointe les différences culturelles entre la France et son voisin d’outre-Rhin, la rupture s’étant accentuée depuis le siècle des Lumières.

L’Université de Tübingen fut l’un des centres de l’humanisme en Allemagne et accueille aujourd’hui encore l’une des principales facultés de théologie protestante allemandes, et c’est au cœur de cette dernière que Maria peut suivre ses études de pédagogie pour passer un équivalent du CAPES afin d’enseigner la religion et le français dans le cadre d’établissements scolaires soit publics soit rattachés à l’Église.

Une passion française

Le père de Maria a été pasteur, puis formateur des « vicaires » (futurs pasteurs en formation) et est aujourd’hui professeur de théologie. Sa mère, infirmière, a également suivi des études de théologie. « Pourtant, ce n’était pas vraiment une évidence pour moi de me lancer dans ces études. Je suis la première de ma génération au sein de ma famille à me lancer dans des études de théologie. C’est quand j’étais au lycée que j’ai découvert ma foi, grâce à mon professeur de religion qui m’a demandé d’animer un groupe de partage biblique. »

Son passage en France pour ses études semble en revanche plus « naturel », tant Maria est attachée à notre langue et à notre pays, où elle a déjà effectué plusieurs séjours. À 15 ans, elle a déjà séjourné dans la région lyonnaise pour un stage dans une crèche. « C’était amusant ; j’ai appris le français au même rythme que les enfants dont je m’occupais ! » Cette première expérience lui a également permis de nouer des liens importants aujourd’hui encore pour elle. « J’étais logée chez un couple de personnes âgées. Ils sont devenus en quelque sorte mes grands-parents de France ! » Son année Erasmus lui a donc permis de leur rendre visite assez régulièrement. Depuis ses 15 ans, elle a également perfectionné son français au cours de cinq mois en tant que fille au pair auprès d’une famille de cinq enfants. Ces différents séjours et visites, comme son année à la Maison Unité, auront permis à Maria de nourrir sa passion pour les rencontres et les échanges, dans la joie du partage.

Des lieux de rencontres et de contacts

Maria a donc vécu son année lyonnaise dans le cadre de la Maison Unité qui, depuis 2018, permet à des jeunes chrétiens de différentes confessions de vivre ensemble une année en partageant chaque semaine des rencontres leur offrant de vivre leur foi et de découvrir leurs différences. « J’ai beaucoup apprécié les soirées très variées que nous avons vécues à la Maison Unité. Je trouvais agréable de recevoir des intervenants, une fois par mois, qui venaient nous présenter leur Église ; cela avait un côté authentique d’avoir quelqu’un pour nous parler de sa confession et de ne pas rester dans des considérations abstraites. De même, nos soirées de parcours Alpha nous permettaient de partager entre jeunes des bases de la foi chrétienne et de témoigner de sa propre foi, tout comme les moments de prière partagés à la fin de chaque rencontre et préparés par les jeunes à tour de rôle. »

Le réseau de personnes autour de la Maison Unité, originaires des différentes Églises présentes à Lyon pour soutenir ce projet, constitue également un tissu de personnes prêtes à accueillir ces jeunes. « J’ai été vraiment très surprise par l’accueil autour de la Maison Unité. J’y ai eu beaucoup, beaucoup de contacts : les gens sont venus régulièrement vers moi, m’ont souvent invitée à manger. »

Une plongée en découverte des autres

Cette Maison Unité, qui permet « d’essayer de vivre ensemble entre les confessions, au jour le jour, où l’on vit l’œcuménisme et où on le met en pratique » a aussi donné le goût à Maria de découvrir la palette des Églises présentes dans la capitale des Gaules. « Je crois que j’ai participé à des messes, des liturgies et des cultes de toutes les confessions présentes à Lyon… à l’exception de l’Église anglicane, mais il me reste quelques dimanches pour corriger cela, sourit-elle. J’ai donc découvert les Églises arménienne, syriaque, catholique de rite byzantin, évangélique, pentecôtiste… » Malgré cette « boulimie », Maria a aussi trouvé le temps de s’impliquer dans la vie paroissiale protestante locale, par exemple, en accompagnant à l’orgue les cultes au temple du Change.

À l’heure de son retour en Allemagne, elle reconnaît qu’elle pourrait encore changer de voie professionnelle : « avec les études que je fais, je me dis que j’ai encore la possibilité de devenir pasteur… »