Ne pensez pas que les aumôniers se soient esquivés ! Trois quarts en Île-de-France ont été atteints par la covid. Le manque de matériel de protection et les décisions prises en urgence par les directions hospitalières et d’Ehpad, soucieuses de protéger les personnes, ont rendu compliquées leurs interventions auprès des patients et résidents isolés, les privant de leur droit fondamental de pratiquer leur culte, même en fin de vie. De pair, interdiction des sites faite aux auxiliaires bénévoles depuis le début mars et ce jusque fin 2020 au moins.

L’Esprit saint nous rend imaginatifs

Dans la disparité des situations, les aumôniers restent imaginatifs pour répondre envers et contre tout aux besoins des patients. Ici, l’aumônière propose à l’hôpital – en respectant les protocoles d’hygiène stricts – de rendre les vêtements des personnes décédées de la covid aux familles pour les entourer. Là, il est mis en place des visites téléphoniques. Là encore, les levées de corps se font en visioconférences. Une aumônière a célébré des obsèques avec le conjoint de la défunte à la porte du cimetière, tant était dense, ce jour-là, le nombre de convois mortuaires, seules les pompes funèbres pouvant entrer. L’administration d’un établissement est allée jusqu’à encourager l’aumônier à rendre visite à domicile aux endeuillés qui le réclamaient, car rien ne pouvait se faire en présence sur le site.

Aumôniers sur le front

L’aumônier se soumet aux décisions des directions d’établissement et ne saurait être considéré comme un agent extérieur du service public. Il est, à part entière, membre du personnel, exposé aux mêmes contraintes et aux mêmes risques que les professionnels de santé. En conséquence, forte d’une première expérience, l’attitude des directions hospitalières s’est trouvée mieux ajustée lors de la 2e vague de la pandémie. Les aumôniers ont pu reprendre leurs tâches, pour certains à condition de suivre une formation sérieuse à l’hygiène, dispensée par les établissements eux-mêmes. Les auxiliaires bénévoles, pour la majorité, ne sont pas revenus, leur âge restant l’obstacle majeur les plaçant dans les personnes dites « fragiles »

Tâtonner vers Dieu dans la pandémie

La pandémie nous pousse à chercher un sens à la souffrance. Mais y a-t-il un sens ? Surgissent les éternelles questions : « Pourquoi Dieu ne fait-il rien ? Pourquoi Dieu le permet-il ? ». Et nous voilà enfermés dans un cercle sans fin. Essayons de voir autrement. Dieu n’est pas indifférent : « Dans toutes leurs détresses qui étaient pour Lui une détresse… » (Ésaïe 63.9). Ne nous trompons pas sur Lui en croyant qu’Il n’intervient pas parce que nous ne Le prions pas bien ou pas assez. Cherchons Son visage, en tâtonnant, à travers tous ceux qui, dans cette pandémie, risquent leur vie pour en sauver d’autres. Au risque d’un anthropomorphisme, réalisons que Dieu sauve au travers des soignants : « Chaque fois qu’ils l’ont fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi qu’ils l’ont fait » (Mt 25.40-41). On ne peut pas séparer l’amour de Dieu et l’amour de l’Homme : Dieu en l’Homme et l’Homme en Dieu. Oui, la pandémie nous invite à revisiter Dieu en qui nous croyons.