
Les Hollandais et Calvin
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Publié le 31 janvier 2013
Auteur : Ludovic Jean
« Ici, aux Pays-Bas le vrai patron ce n’est pas Premier ministre ou la reine… C’est Calvin ! » Pas une semaine sans que l’on entende un Néerlandais qualifier un comportement de « typiquement calviniste ! ». Souvent avec dérision et perspicacité.
Et pourtant, depuis 1930, les catholiques (28 %) sont plus nombreux que les protestants (18 %). De nombreux protestants sont devenus athées ou ne pratiquent plus. Mais rien n’y fait, la « culture calviniste » s’avère la clef de voûte de l’identité nationale, comme la laïcité en France. Au point que le grand quotidien chrétien progressiste Trouw et l’université libre d’Amsterdam ont créé un indice psychosociologique : « le Facteur C [C comme Calvin] ».
Soumises à 60 000 Néerlandais, 25 affirmations permettent de mesurer l’influence de ces valeurs de sobriété, de responsabilité, de travail… tout a été passé en revue. « Résultat : 56 % sont marqués par la morale réformée avec une vraie différence entre protestants et catholiques », révèle Lodewijk Dros, journaliste et auteur du livre Le Facteur C des Néerlandais.
« Étonnement, ce sont les 20-30 ans (65 %) qui sont le plus imprégnés de ces valeurs et les hommes (57 %). Avec deux enseignements. Les plus calvinistes affichent un hédonisme sexuel assumé… à condition d’être humble et discret (96 % affirment que “le sexe est fait pour en profiter”) ! Un résultat qui balaye en Hollande un grand nombre de clichés sur la pudibonderie protestante et explique peut-être nos libertés en matière de mœurs. » L’enquête révèle surtout une forte éthique du travail, avec un accent mis sur l’efficacité. « Un résultat d’ailleurs confirmé par les enquêtes internationales qui classent les Néerlandais comme étant parmi les plus productifs au monde », poursuit Lodewijk Dros. Si le calvinisme irrigue toujours la vie quotidienne du plat pays, c’est sans doute parce que très tôt les Provinces-Unies furent séduites par ses résonances pluralistes.
Culture de la diversité
« Les Pays-Bas sont nés de la lutte contre l’occupant espagnol qui tentait d’imposer l’Inquisition », analyse James Kennedy, professeur d’histoire à l’université d’Amsterdam. Le conflit laissera des marques dans l’inconscient collectif. « Ce goût de la disputatio est un héritage direct de Guillaume d’Orange qui souhaitait l’art du compromis et la pluralité. L’Église réformée n’a jamais été une Église d’État », affirme James Kennedy. […]
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