Présente sur la bande FM depuis 1984, date de sa création par des pasteurs de la Fédération protestante de France, Fréquence protestante émet encore sur 100.7 MHz où elle partage le temps d’antenne avec Radio Notre-Dame.

La nouveauté du DAB+

Son émetteur historique, la tour Eiffel, a d’abord été remplacé par des centres d’émissions plus modernes, sans réellement changer son rayon de portée d’environ 60 km, ce qui permet à 100 000 personnes de suivre les émissions tous les jours de 12h à 14h30 et la nuit des lundis et samedis.

La mise en place récente d’un site internet a permis d’élargir considérablement les possibilités par l’écoute en streaming et le téléchargement de presque toutes les émissions sous forme de podcasts ou d’écoute directe depuis un lecteur intégré. Si ces mots sont nouveaux, c’est que de nouvelles manières d’écouter la radio prennent le relais des diffusions sur la bande FM qui s’arrêteront dans quelques années.

L’ancienne grand-reporter Valérie Thorin, directrice d ’antenne et rédactrice en chef, veut tenir compte de cette évolution majeure et de son influence sur les contenus diffusés. Pour elle, la DAB+ ou Radio numérique terrestre (RNT) est le mode de diffusion du futur, la nouvelle génération de radio. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a octroyé en mars 2020 un allotissement (n°15) à Fréquence protestante, qu’elle occupe seule, 24h/24. Dans ce cadre, la radio protestante doit développer très largement des programmes originaux.

S’adapter sans se perdre

La vocation de Fréquence protestante est avant tout de faire connaître des points de vue du protestantisme sur les grands thèmes de société en restant à l’écoute de ses auditeurs auxquels elle offre des espaces de débat. En changeant de support pour le DAB+, l’évolution de l’état d’esprit ne doit pas masquer l’essentiel de la mission. « C’est la radio France-Culture du monde protestant, explique Valérie Thorin. Mais avec le virage de l’écoute sur tablettes et téléphones, le nombre de jeunes auditeurs est en forte croissance et il faut s’y adapter ». 30 % des émissions sont religieuses et 70 % culturelles, musicales, littéraires ou sociétales. Cet équilibre est essentiel pour bénéficier de subventions. Avec deux salariés seulement et une centaine de bénévoles et stagiaires, l’équipe est restreinte mais les frais réels, notamment les locations d’antenne. Il faut donc s’adapter, sans perdre son âme.

Le pari des partenariats

Ces aspects financiers sont importants comme l’explique Michel Vaquin, président de l’association. « En période de transition avec encore la bande FM à temps partiel et déjà le DAB+ à temps plein, il s’agit de gérer des coûts correspondant à deux radios. C’est un vrai défi ! Il faut donc faire appel à de nouveaux partenaires, ce qui est d’autant plus urgent que l’engagement financier de l’Église régionale réformée n’est peut-être pas pérenne ». Les partenariats permettent aussi d’élargir le spectre des émissions et de l’audience. Des émissions interreligieuses sur le judaïsme ou l’islam, le « grand débat » du lundi soir sur la diversité protestante ou des captations de concerts ont par exemple été possibles, des directs commencent à prendre le relais d’émissions enregistrées. La directrice d’antenne projette ainsi la radio dans l’avenir : « les réseaux sociaux s’essoufflent, par contre la radio des jeunes, grâce aux médias modernes, a de beaux jours devant elle ».