1517 : les 95 thèses qui ébranlent Rome
En affichant ses 95 thèses à Wittenberg en 1517, Martin Luther provoque un séisme religieux. Ce moine augustin remet en cause la vente des indulgences, ces lettres censées effacer les péchés des vivants et des morts en échange d’argent. Ce commerce de la grâce, lié au financement de la basilique Saint-Pierre de Rome, incarne pour lui la dérive d’une Église plus soucieuse de pouvoir que de foi. Pour Luther, le salut ne s’achète pas : il est un don gratuit de Dieu, reçu par la foi seule. Son geste, à la fois théologique et moral, ouvre une brèche irréversible dans l’unité de la chrétienté.
L’excommunication et le soutien des princes allemands
Face à ses positions jugées subversives, le pape Léon X prononce son excommunication, tandis que l’empereur Charles Quint le met au ban de l’Empire. Luther devient alors un homme traqué.
Mais sa popularité grandit. Soutenu par les princes et la noblesse allemande, il incarne pour beaucoup la résistance d’un peuple contre la domination romaine. Sa révolte religieuse se mue en un acte d’affirmation nationale, porteur d’une conscience politique nouvelle dans une Allemagne encore morcelée.
Le “chevalier Georges” : Luther en exil et la naissance d’une langue
Menacé de mort, Luther est secrètement protégé par le prince Frédéric le Sage de Saxe, qui le fait enlever pour le cacher au château de la Wartburg. Sous le nom de chevalier Georges, il vit là, reclus, pendant près d’un an.
Ce retrait forcé devient un temps de création intense : il y traduit le Nouveau Testament en allemand, rendant la Bible accessible à tous. En choisissant le langage administratif des chancelleries, Luther forge une langue commune et contribue à façonner l’identité linguistique allemande moderne. Ce travail, accompagné de centaines de commentaires et d’écrits théologiques, jette les bases d’une nouvelle manière de croire et de penser : le luthéranisme.
De la Réforme à la “protestation”
De retour à Wittenberg, Luther reprend la direction du mouvement qu’il a inspiré. Mais la fracture avec Rome s’accentue. En 1529, lors de la Diète de Spire, les princes allemands acquis à la Réforme rédigent une déclaration solennelle : « Nous protestons devant Dieu… que nous ne pouvons consentir à aucun acte contraire à sa Parole. »
De ce geste naît le mot “protestant”, symbole d’une foi libre, fondée sur la conscience et l’Évangile.
Un héritage spirituel et culturel durable
Marié à Katharina von Bora, une ancienne religieuse, Luther mène une vie familiale exemplaire pour le clergé réformé. Jusqu’à sa mort en 1546, il ne cesse d’écrire, de prêcher et de défendre la liberté de conscience. Son œuvre a bouleversé la théologie, émancipé la lecture de la Bible et transformé la culture européenne.
Face à Rome, Luther laisse un héritage toujours vivant : celui d’un homme qui a osé traduire la Parole pour qu’elle parle à tous, affirmant que la foi ne dépend d’aucun pouvoir, sinon de la liberté de l’esprit devant Dieu.
Une série produite par le Service Radio de la Fédération protestante de France, dans le cadre de Protestants 2017.
- 1517 : les 95 thèses de Luther…
- 2017 : jubilé de la Réforme… 95 émissions proposées par la plate-forme des radios protestantes

