Le mal et la faute dans l’Évangile selon Jean

Dans le chapitre 9 de l’Évangile selon Jean, un texte relate la guérison d’un aveugle de naissance par Jésus. Cet événement offre un cadre pour examiner des questions théologiques complexes sur la nature du mal, de la faute, et de la souffrance humaine. Jésus et ses disciples rencontrent un homme aveugle, et les disciples interrogent Jésus sur la cause de cette cécité. Ils veulent savoir si cette affliction est due au péché de cet homme ou de ses parents, reflétant une croyance courante selon laquelle les maladies et les handicaps étaient des punitions divines pour le péché.

Jésus rejette cette idée en déclarant que ni l’homme ni ses parents ne sont coupables. Il explique que cette situation est une occasion de manifester les œuvres de Dieu. Cette réponse de Jésus renverse les attentes traditionnelles et offre une nouvelle perspective théologique sur la souffrance. Plutôt que de voir la maladie comme une punition, elle est présentée comme une opportunité de révéler la puissance et la grâce de Dieu.

La guérison et ses implications théologiques

Après cette explication, Jésus guérit l’aveugle en mélangeant de la salive avec de la terre pour créer de la boue, qu’il applique sur les yeux de l’homme avant de lui demander de se laver à la piscine de Siloé. L’homme obéit et retrouve la vue. Cet acte de guérison est riche en symbolisme et en significations théologiques. La boue et l’eau sont des éléments de la création, rappelant la genèse de l’homme à partir de la poussière, tandis que la guérison elle-même est une manifestation directe du pouvoir créateur de Dieu à travers Jésus.

Cette guérison se produit pendant le Sabbat, ce qui entraîne une confrontation avec les Pharisiens. Ces derniers sont outrés par ce qu’ils perçoivent comme une violation des lois du Sabbat. Ils interrogent l’homme guéri, ses parents, et finalement rejettent l’idée que Jésus puisse être de Dieu parce qu’il n’a pas respecté le Sabbat. Cet événement met en lumière la tension entre les pratiques religieuses strictes et l’expérience vivante de la grâce divine. Les Pharisiens sont incapables de voir au-delà de leurs interprétations légales et de reconnaître l’acte de Dieu à travers Jésus.

Réactions des Pharisiens et remise en question des croyances

Les Pharisiens continuent de questionner l’homme guéri, cherchant à discréditer Jésus. Ils le pressent de dire que Jésus est un pécheur, mais l’homme maintient son témoignage, affirmant qu’il était aveugle et maintenant il voit, peu importe ce qu’ils pensent de celui qui l’a guéri. Cette insistance sur les règles du Sabbat et leur scepticisme envers Jésus révèlent une rigidité dans leur compréhension de la foi et de la loi divine.

L’épisode conclut en soulignant l’ironie de la situation : ceux qui prétendent voir, les Pharisiens, sont en réalité aveugles à la véritable révélation divine manifestée à travers Jésus, tandis que l’aveugle guéri voit clairement la vérité de l’œuvre de Dieu. Cette histoire est une invitation à reconsidérer nos propres conceptions du mal, de la faute, et de la manière dont Dieu travaille dans le monde. Elle nous appelle à reconnaître les manifestations de la grâce divine, même (ou surtout) lorsqu’elles défient nos attentes et nos interprétations traditionnelles.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis