Un corps en pleine mutation

Parlez à votre enfant des causes de la puberté, des hormones et de leur rôle dans la puberté. “Les hormones sont des messagers chimiques dans l’organisme qui sont responsables des changements qui se produisent dans le corps des garçons et des filles. Ces substances déclenchent la puberté et aident les enfants à devenir progressivement des adultes. De cette façon, ton corps sera prêt à avoir des enfants un jour.” Expliquez-lui que le corps doit faire face à la puberté pour mûrir sexuellement et que les changements contribuent à ce processus. Assurez-vous de décrire ces changements de façon positive et faites-lui savoir qu’il n’a pas à avoir honte ou à cacher quoi que ce soit.
Beaucoup d’enfants ont peur que leur corps soit anormal ou différent de celui de leurs amis. Essayez de faire comprendre à votre garçon ou à votre fille que chaque enfant grandit à différents moments et de différentes façons. Pendant la puberté, l’enfant veut rester normal et se sentir accepté par ses amis. Dites à votre ado que tous les changements sont parfaitement normaux et qu’ils ne se produiront pas éternellement.

Humeur et émotions à thermostat variable

Discutez des changements d’humeur et d’émotions. Les changements d’humeur et d’émotions sont fréquents à la puberté. Les changements hormonaux provoquent des changements émotionnels et la labilité émotionnelle. Si votre enfant a souvent des sautes d’humeur ou est irritable, laissez-lui un peu d’intimité. Encouragez-le à faire de l’exercice physique, à parler à ses amis, à manger sainement et à dormir beaucoup. Encouragez-le à restreindre l’utilisation des appareils électroniques pour mieux dormir. Dans certains cas, les enfants peuvent commencer à montrer des signes de problèmes de santé mentale et souffrir de dépression, d’anxiété ou d’autres maladies plus graves. Par exemple, l’irritabilité et les changements de comportement peuvent être des symptômes de dépression. Si vous vous inquiétez de l’humeur ou du comportement de votre fille ou de votre garçon, parlez-en à un psychologue ou à un médecin qualifié.

Puberté précoce

Tous les changements physiques et émotionnels qui annoncent le début de la puberté chez les filles commencent lorsqu’une zone du cerveau appelée hypothalamus met en oeuvre la sécrétion de l’hormone sexuelle. Cette dernière entraîne une croissance des seins, des poils corporels, de l’acné, une odeur corporelle et les premières règles d’une fille. Parfois, ce processus ne démarre pas exactement comme prévu. Dans la plupart des cas de puberté précoce, l’hypothalamus libère son hormone trop tôt. C’est ce qu’on appelle la puberté précoce centrale. Dans d’autres cas, un problème avec les ovaires ou les glandes surrénales entraîne une production excessive d’œstrogènes. C’est ce qu’on appelle la puberté précoce périphérique.

De nombreuses études mettent d’abord en cause la pollution environnementale. Les phtalates et les phénols, substances que l’on retrouve entre autres dans les contenants et emballages alimentaires, les rideaux de douche, les fournitures de bureau, les colles, les sols plastiques, les matériels électriques et certains cosmétiques, sont ainsi suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Ils « doperaient » les hormones et provoqueraient la mise en route prématurée de la puberté. Mais les spécialistes pointent aussi du doigt l’eau de consommation courante. Malgré le fait qu’elle transite par des stations d’épuration pour y être filtrée, celle-ci comporterait malgré tout, au sortir du robinet, des résidus de traitements hormonaux, notamment de contraceptifs qui auraient même effet sur les hormones. Notre façon de manger semble aussi peser dans la balance. Nos enfants mangent davantage, tout en consommant des mets à plus haute teneur calorique (plus de lipides, de sucres raffinés, de protéines animales) ce qui encourage le développement physique. Leur corps est donc prêt plus tôt à gérer les changements pubertaires. Par ailleurs, parce qu’il contient des œstrogènes, le soja, de plus en plus présent dans les menus familiaux, pourrait participer au phénomène. Enfin, quelques scientifiques, comme le Docteur Charles Sultan, pédiatre endocrinologue à Montpellier, invoquent aussi l’hypersexualisation de la société. Les images à caractère érotiques, voire pornographique, étant relativement faciles d’accès sur Internet mais aussi dans les journaux et dans les publicités, elles représenteraient des stimulations sexuelles qui accélèreraient la mutation organique de l’enfant… Entre pollution, nutrition et réalités sociétales, les responsabilités ne sont pas définitivement établies. Ce qui est sûr, à contrario, c’est que cette puberté de plus en plus précoce n’est pas anodine pour nos juniors et pas si facile à appréhender. D’abord psychologiquement, et notamment chez les demoiselles, puisque celles-ci se retrouvent avec un corps de femme tout en gardant une âme de petite fille. Mais le risque, pour elles, se situe également côté santé : la puberté précoce augmente, plus tard, le risque de développer un cancer du sein.

Et le regard des autres dans tout ça

Parlez à votre enfant des contacts acceptables et inappropriés. Il est important qu’il sache quand un contact est acceptable ou pas, et quand il devrait se confier à un adulte de confiance. C’est même une discussion qui doit être poursuivie tout au long de la vie des enfants. Les changements corporels qu’ils traversent peuvent attirer l’attention à laquelle ils ne sont pas habitués. Expliquez à votre ado que son corps n’appartient qu’à lui et à personne d’autre. Sans pour autant parler de sexualité, expliquez le concept de consentement et dites-lui que tout le monde a le droit de dire « non » à tout type de contact qui le met mal à l’aise. Adaptez la façon dont vous abordez le sujet à mesure que votre enfant grandit. Par exemple, si votre enfant est très jeune, il doit savoir quels types de contacts sont considérés comme inappropriés et s’il est plus âgé, il doit comprendre le concept de consentement concernant les rapports sexuels. Dès le plus jeune âge, enseignez à votre enfant la règle des sous-vêtements : personne ne devrait toucher les parties couvertes par ses sous-vêtements et il ne devrait pas non plus toucher les mêmes zones chez d’autres personnes.

D’autres détails à aborder

Parlez des poils du corps. Pendant la puberté, les poils du corps commencent à pousser chez les garçons et les filles. Expliquez à votre enfant qu’il est normal de voir les poils apparaître là où ils n’étaient pas présents avant, ainsi que des odeurs désagréables qui peuvent apparaître en même temps que les poils. Ce sera le moment de parler d’hygiène et du soin qu’il devra apporter à son corps.

Avec les filles

Parlez de la menstruation. Vous pouvez décider de donner des explications différentes sur la menstruation aux garçons et aux filles, mais il est important que les enfants comprennent ce processus physiologique, afin que la honte, l’embarras et l’incompréhension ne conduisent pas à des perceptions erronées. Il est important de parler de la menstruation à votre fille avant son premier cycle menstruel, afin qu’elle n’ait pas peur et ne soit pas effrayée par la vue du sang dans ses sous-vêtements. Si vous avez une fille, il est important de lui expliquer la menstruation plus en détail afin qu’elle sache à quoi s’attendre et apprenne à faire face aux changements auxquels elle devra faire face chaque mois. Décrivez-lui brièvement les produits d’hygiène féminine en fonction de son âge. Vous pouvez reprendre la conversation à l’avenir après l’apparition de ses règles, mais le fait de préparer le terrain peut aider votre fille à dissiper les craintes qu’elle peut avoir.

Avec les garçons

Évoquez le sujet de l’érection en lui expliquant qu’il peut avoir des érections spontanées, parfois même en public, et que cela peut être embarrassant. Cependant, faites-lui bien comprendre que l’érection disparaîtra d’elle-même et qu’il peut utiliser une chemise ou un cartable pour éviter des situations embarrassantes. L’érection est un phénomène mécanique qui n’a rien d’ honteux.

L’essentiel

Rappelez à votre enfant que vous l’aimez et que vous êtes prêt à le soutenir. Même si son humeur vous dérange, comportez-vous avec affection et gentillesse envers lui. N’imitez pas son humeur ou son ton. N’oubliez pas que vous êtes l’adulte et que c’est à vous de lui donner l’exemple par votre bonne conduite et votre autocontrôle émotionnel. Soyez ouvert aux questions. Faites comprendre à votre enfant que vous serez toujours disposé à répondre à ses questions et préoccupations. Si vous ne pouvez pas répondre à une question, dites ceci : « Très belle question. On en reparlera dès que je me serai renseigné». Ensuite, faites quelques recherches pour pouvoir répondre correctement à la question. Donnez à votre enfant le temps et l’occasion de poser des questions sans moquerie, sans faire de blague et avec la plus sincère écoute.