Une tradition ancrée dans le respect de la nature
Les Pères de l’Église ont toujours souligné le respect et la vénération de la nature, attribuant sa création et son maintien à Dieu. Saint Maxime le Confesseur, par exemple, affirme que la nature est respectable en vertu de la présence de Dieu en elle. Cette théologie, loin de toute idolâtrie, insiste sur le fait que la nature, bien que divine par sa source, ne doit pas être adorée comme telle. « La nature en fait est respectable et vénérable en vertu d’une certaine présence de Dieu en elle, » explique le théologien orthodoxe Jean-Claude Larcher .
Ce respect de la nature contraste avec l’idéologie moderne axée sur l’exploitation économique. Depuis le XIXe siècle, le développement scientifique et technique a conduit à une recherche incessante de profit, souvent au détriment de l’environnement. « Il y a un attachement à un développement économique fondé sur la recherche de profits, » critique-t-il, soulignant les conséquences écologiques de cette quête de richesse.
Les passions et l’avidité : Obstacles à la sobriété
Le consumérisme moderne est vu comme une manifestation des passions humaines, définies comme des formes d’attachement à l’égo et au monde matériel. L’avidité pour l’argent et les biens de consommation alimente une économie polluante et destructrice. « C’est une forme d’avidité, d’attachement aux biens matériels, » précise Jean-Claude Larcher , décrivant comment cette mentalité contribue à la crise écologique actuelle.
La spiritualité chrétienne, en revanche, prône la libération de ces passions pour retrouver des valeurs de sobriété et de respect envers la création. L’idée de sobriété, qui implique de se contenter du nécessaire, s’oppose radicalement aux valeurs économiques mondiales actuelles. « On produit beaucoup plus que ce qu’on a besoin, » constate le théologien, appelant à une réduction de la consommation superflue et à une vie plus simple et plus respectueuse de l’environnement.
La contemplation de la nature : Un chemin vers Dieu
La contemplation de la nature est un aspect central de la spiritualité orthodoxe, qui voit en elle une voie vers Dieu. La beauté et la complexité de la création invitent à un regard contemplatif qui révèle la présence divine. « La contemplation de la nature est quelque chose qui nous élève vers Dieu, » dit-il, ajoutant que cette perception transforme notre relation avec la nature, la rendant plus respectueuse et aimante.
Cette vision inspire une responsabilité écologique fondée sur la spiritualité. L’homme est vu comme un jardinier de la création, chargé de veiller sur elle et de la protéger. « L’homme est plutôt un intendant de la nature, » souligne Jean Claude Larcher, rejetant toute idée de domination exploitante au profit d’une gestion responsable et respectueuse des ressources naturelles.
Une sobriété inspirée par la spiritualité
La pratique de la sobriété dans la tradition orthodoxe, notamment à travers le jeûne, est un exemple concret de cette approche. Plus de la moitié des jours de l’année sont des jours de jeûne, limitant la consommation de viande, de produits laitiers et d’autres biens superflus. Cette discipline vise à recentrer l’attention sur Dieu et la vie spirituelle, tout en habituant le corps et l’âme à se passer de l’inutile.
Cette sobriété spirituelle pourrait inspirer des comportements écologiques dans la société actuelle, au-delà des milieux chrétiens. Cette intégration de la spiritualité et de l’écologie offre une perspective riche et équilibrée pour affronter les défis environnementaux de notre temps.
En fin de compte, cette approche appelle à un changement profond de nos valeurs et de nos comportements, guidé par une spiritualité respectueuse de la création et des enseignements traditionnels.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : Jean-Luc Mouton
Intervenant : Jean-Claude Larcher