Démographie mondiale : pourquoi l’avenir écologique de la planète se joue ailleurs qu’en Europe

Contrairement aux discours alarmistes sur un prétendu « effondrement démographique », la population mondiale continue de croître. En 2025, la Terre compte environ 8,2 milliards d’habitants, rappelle Martin Rott, engagé de longue date sur les questions de démographie et d’écologie. Selon les projections de l’ONU, ce chiffre atteindrait 9,5 milliards en 2050 et près de 9 milliards en 2100, même dans les scénarios les plus bas. L’idée d’un déclin global de l’humanité relève donc davantage du fantasme que de la réalité.

Cette croissance n’est cependant pas répartie de manière homogène. Tandis que la population diminue ou stagne dans la plupart des pays européens, elle augmente fortement en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud et au Moyen-Orient. L’Afrique, qui compte aujourd’hui environ 1,3 milliard d’habitants, pourrait en accueillir près de 900 millions supplémentaires d’ici vingt-cinq ans, soit un quasi-doublement.

Pour Martin Rott, l’enjeu central n’est pas seulement démographique, mais écologique. La durabilité de notre monde repose sur un équilibre entre la biocapacité de la Terre – sa capacité à renouveler ses ressources – et l’empreinte écologique des sociétés humaines. Or, si la biocapacité stagne, l’empreinte écologique continue d’augmenter, sous l’effet conjugué du nombre d’habitants et de la consommation moyenne par personne.

Le « jour du dépassement » en est un indicateur frappant : en 2025, l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que la planète peut renouveler en un an dès le 1er août. En France, cette date tombait dès le 19 avril. Depuis les années 1970, l’humanité vit ainsi en déficit écologique permanent.

Si les pays pauvres polluent encore relativement peu par habitant, leur poids démographique fait déjà basculer les équilibres. À niveau de consommation actuelle, l’Afrique pollue autant que l’Union européenne. Et demain, la quête légitime d’une vie meilleure entraînera mécaniquement une hausse de la consommation énergétique.

À cela s’ajoutent des conséquences majeures : artificialisation des sols, disparition de la biodiversité, agriculture intensive destructrice, mais aussi une intensification des conflits liés à l’accès aux ressources, souvent dissimulés derrière des motifs religieux ou identitaires. Pour Martin Rott, comprendre la démographie mondiale est désormais indispensable pour penser lucidement l’avenir écologique et géopolitique de la planète.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Martin Rott
Entretien mené par : Paul Drion
Technique : Paul Drion