A l’occasion de la cinquième pastorale nationale organisée par l’amicale des pasteurs français à la retraite, Martin Kopp, théologien du climat, a dressé un constat sans appel sur l’état de la planète. Dès l’ouverture, un simple exercice de respiration collective a suffi à rappeler une vérité frappante : l’air que nous respirons aujourd’hui contient plus de 420 parties par million (ppm) de CO₂, un niveau record dans l’histoire de l’humanité. Cette donnée symbolique marque l’entrée irréversible dans l’Anthropocène, une nouvelle ère géologique dominée par l’impact humain.
Martin Kopp a structuré son intervention en trois temps. D’abord, un état des lieux clair : la température moyenne mondiale a grimpé de +1,3 °C en vingt ans, franchissant le seuil symbolique de +1,5 °C dès 2024 selon le GIEC. Les causes sont connues : les gaz à effet de serre, issus à 75 % des énergies fossiles et à 25 % de la déforestation. Les conséquences sont déjà là : vagues de chaleur extrême (jusqu’à 52 °C en Inde), sécheresses, montée des eaux (+15 à 20 cm), cyclones, acidification des océans (-30 % de pH), effondrement de la biodiversité. En Europe, 47 000 morts ont été attribués à la chaleur en 2023, touchant surtout les plus vulnérables.
Puis est venu le temps du diagnostic : les émissions mondiales ont atteint 57 gigatonnes de CO₂ équivalent en 2024, un record. Pour rester sous les +1,5 °C, il faudrait réduire les émissions de 42 % d’ici 2030, soit un effort de -7,5 % par an. Sans changement radical, le monde se dirige vers un réchauffement de +3,1 °C d’ici 2100. Le budget carbone restant est alarmant : 5 ans pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, 23 ans pour rester sous 2 °C.
Enfin, Martin Kopp a alerté sur les points de bascule climatiques désormais proches : fonte du Groenland, dégel du permafrost, disparition des coraux. Six des neuf limites planétaires sont déjà dépassées. L’humanité a transformé 75 % des terres, abattu 50 % des arbres et épuisé les sols. Face à ce constat, l’orateur a encouragé les jeunes à prendre leur part, à s’informer, débattre et agir.
Le message était clair : l’urgence est réelle, mais l’espoir réside dans l’engagement collectif.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Martin Kopp
Technique : Jean-Luc Mouton, David Gonzalez, Horizontal Pictures
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