« C’est une première en France ! » : c’est ce que revendique Martin Kopp en évoquant la marche pour le climat que son ONG interreligieuse coorganise avec une douzaine d’autres entités.
C’est la première fois qu’une organisation dont l’identité est purement spirituelle organise une marche pour le climat. C’est historique, et c’est surtout l’héritage d’un message délivré par le pape. Transcrit dans Laudate Deum en octobre 2023. Ce texte a ouvert la porte à ce que les communautés religieuses se saisissent pleinement de la question de l’urgence climatique et de la préservation du vivant.
Martin Kopp soutient que cette marche est une opportunité pour tout croyant d’assumer pleinement leur identité. Leur message peut désormais être porté tout en endossant leur costume religieux. Une union avec soi-même, « porteuse d’espoir », selon Martin Kopp.
Le penseur théologien s’essaie également à l’analyse des propos de Donald Trump, qui a récemment déclaré devant l’Organisation des Nations unies que le réchauffement climatique n’était qu’« une arnaque ». Toucher à un système, notamment celui des énergies fossiles, est loin d’être la priorité d’un fervent défenseur d’un modèle ultracapitaliste.
Pour lutter, le principal mal identifié par la COP28 — « la structure énergétique » — doit continuer à être la cible, selon le théologien écologique. L’idée de la marche, c’est aussi cela : rappeler ce message, alors que, dans quelques jours, la COP30 se tiendra au Brésil (du 10 au 21 novembre).
Interrogé sur l’écologie capitaliste — un concept qui se veut respectueux du vivant tout en conservant les grands acquis de la liberté économique — Martin Kopp souligne d’abord que l’écologie « n’est pas un enjeu politique en soi ».
Cependant, il estime qu’il convient de réfléchir collectivement à la notion de liberté, et notamment à la liberté d’entreprendre.
Cette notion est devenue, dans nos sociétés, un acquis — et, plus généralement, un synonyme de développement et de progrès. Or, nous arrivons à un point où ce système, qui conduit à une expansion exponentielle de la consommation, n’est plus viable pour la planète.
Il faut penser autrement, selon Martin Kopp : « intégrer des limites, dans le cadre d’un contrat social ». Pour cette raison, la pensée capitaliste, qui préserve toutes les dimensions de la liberté économique telles qu’on les connaît aujourd’hui, n’est plus soutenable. « Il faut repenser les business plans, tout en intégrant le temps long, les limites planétaires… », conclut Martin Kopp, pas franchement séduit par le concept d’écologie capitaliste.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Martin Kopp
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique – Rédaction : Paul Drion