Pour Valérie Rodriguez, secrétaire générale de la Mission Populaire Évangélique de France, il est nécessaire de promouvoir des initiatives qui permettent la construire d’une société plus solidaire en France et d’en ôter les obstacles. Elle identifie cinq défis principaux à la solidarité. En premier lieux, le repli identitaire qui favorisent la division et crée souvent des stéréotypes sur des groupes comme les chômeurs ou les migrants, freinant ainsi la solidarité. Un autre obstacle est la méconnaissance de la société française, de la contribution des immigrés, tant historiques que contemporaines, dans des secteurs comme la restauration et la construction.
Valérie Rodriguez souligne également l’esprit de compétition cultivé dans le système éducatif français dès le plus jeune âge, qui favorise l’individualisme au détriment de l’empathie et de la solidarité. Elle note que bien que certaines écoles aient des projets solidaires ponctuels, ces initiatives ne sont pas durables ni intégrées à un plan éducatif national plus vaste.
En ce qui concerne les initiatives publiques, Valérie Rodriguez souligne l’incapacité de l’État à résoudre l’écart salarial mis en évidence lors de la crise du COVID-19. Les travailleurs essentiels, tels que les caissiers et les aides-soignants, restent mal rémunérés malgré leurs rôles cruciaux. Elle estime que l’État pourrait agir davantage pour revaloriser ces salaires. Elle insiste également sur la nécessité de mieux réguler les médias, certains d’entre eux alimentant la division et la haine au lieu de favoriser la fraternité.
Selon Valérie Rodriguez, le protestantisme apporte une contribution unique à la solidarité sociale grâce à sa culture du débat et à son engagement avec la société. Contrairement à d’autres traditions religieuses qui ont des autorités centrales, le protestantisme encourage la responsabilité individuelle et l’action collective. Elle souligne l’importance de la charité et de la solidarité, précisant qu’au sein de la Mission Populaire, la solidarité ne se limite pas à une aide matérielle, mais consiste aussi à permettre aux individus de devenir acteurs de leur propre vie. Elle donne l’exemple de l’initiative du petit-déjeuner solidaire à Saint-Nazaire, où les personnes sans-abri reçoivent non seulement de la nourriture, mais aussi une opportunité de discuter et de créer des relations avec les bénéficiaires et les bénévoles.
Valérie Rodriguez cite également diverses initiatives réussies, comme des cours de français pour les migrants, où la solidarité est donnée et reçue. Ces initiatives reposent sur la conviction fondamentale que la solidarité doit être un processus réciproque, comme le montre un exemple de son travail à Trapp où une femme ayant bénéficié d’une aide sociale a pu contribuer par un simple don dans un magasin local.
Pour Valérie Rodriguez, les enseignements bibliques ont également une importance dans la promotion de la solidarité. Elle affirme que ces enseignements sont essentiels pour motiver les individus et les communautés à agir en solidarité, qu’ils soient protestants, catholiques ou issus d’autres confessions.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Valérie Rodriguez
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Horizontal Pictures