Qu’ont en commun Beloved de Toni Morrison, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur d’Harper Lee, La Servante écarlate de Margaret Atwood ou encore Journal d’une princesse de Meg Cabot, adapté au cinéma avec Anne Hathaway ?
Tous ces livres ont été censurés dans des écoles ou des bibliothèques aux États-Unis.
Depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, la chasse aux « livres inappropriés » s’est intensifiée. Même Stephen King, figure majeure de la littérature populaire américaine, est devenu l’un des auteurs les plus censurés du pays, avec plus de deux cents ouvrages retirés.
Selon PEN America, branche américaine de PEN International — organisation fondée en 1921 pour défendre la liberté d’expression — plus de 6 800 livres ont été bannis des écoles et bibliothèques publiques durant l’année scolaire 2024-2025. Un niveau de censure inédit depuis plusieurs décennies.
Le mécanisme est désormais bien rodé. Tout commence par une contestation : un parent, un groupe local ou un élu estime qu’un livre est trop violent, trop sexuel, trop politique, ou qu’il aborde des sujets jugés sensibles comme le racisme ou l’identité de genre. Le dossier est ensuite examiné par un conseil d’école ou de bibliothèque. En cas de vote défavorable, l’ouvrage disparaît — parfois provisoirement, souvent définitivement.
Officiellement, rien n’empêche de se procurer ces livres ailleurs. Mais pour beaucoup d’enfants et d’adolescents, l’école et la bibliothèque restent les seuls lieux d’accès à la littérature. La censure devient alors une entrave concrète au droit de lire.
En 2025, la Floride arrive en tête des États censeurs, suivie du Texas et du Tennessee, où la vigilance « morale » est encouragée par les autorités. PEN America parle d’une normalisation inquiétante du bannissement des livres.
Face à cette vague, une résistance s’organise. Chaque automne, la Banned Books Week — portée par l’American Library Association et Amnesty International — célèbre la liberté de lire à travers débats, lectures et actions publiques. En octobre 2025, cette semaine a pris des allures de résistance culturelle.
Car censurer des livres, ce n’est pas seulement retirer des ouvrages : c’est tenter de contrôler l’imaginaire, de limiter les mots pour dire le monde et, finalement, de restreindre la liberté de penser.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
