Pour le général Jean-Fred Berger, aujourd’hui président de l’aumônerie protestante aux armées, la fraternité vécue par les militaires face au danger et à la mort mérite plus que notre respect, notre admiration.

Pour le général Jean-Fred Berger, les principaux obstacles pour parvenir à une société plus fraternelle en France sont d’ordre institutionnel, social et géographique, particulièrement évidents en période de crise. Malgré cela, il estime que ces obstacles ne sont pas insurmontables, citant des moments de l’histoire française, tels que les lendemains de la Première Guerre mondiale, où le concept de fraternité a brièvement fleuri. Cependant, il note que ce sentiment d’unité s’estompe souvent pendant les périodes difficiles, telles que les luttes économiques des années 1930.

Jean-Fred Berger souligne que la fraternité, bien qu’elle soit un idéal important dans la devise française « Liberté, Égalité, Fraternité », est un principe qui doit être activement entretenu plutôt que simplement déclaré. Il souligne que la disparition du service militaire obligatoire, qui rassemblait autrefois des jeunes d’origines diverses, a supprimé un moyen essentiel de promouvoir la fraternité en France. En outre, les inégalités sociales, telles que les disparités en matière d’éducation et de revenus, compliquent encore la réalisation d’une société véritablement fraternelle.

Malgré ces défis, Jean-Fred Berger plaide en faveur d’initiatives privées et publiques qui promeuvent la fraternité par des exemples personnels plutôt que par de grands gestes. Il mentionne l’importance de la solidarité, en particulier dans les communautés locales où les gens peuvent agir de manière solidaire et compatissante sans avoir besoin de l’attention des médias. Il souligne également le rôle de la religion, en particulier du protestantisme, dans la promotion des valeurs d’unité et de respect de tous les individus, quelle que soit leur origine.

S’appuyant sur ses 40 années d’expérience militaire, Jean-Fred Berger évoque l’exemple particulièrement marquant de la fraternité au sein des forces armées. Il décrit la « fraternité d’armes« , où les soldats, quel que soit leur grade, partagent un profond respect mutuel et sont liés par un objectif commun, le risque et même la mort. Il évoque également ses propres expériences personnelles de la fraternité, notamment lors de son séjour en Afghanistan, où il a vécu des moments de profonde communion avec les familles de soldats morts au combat. Pour Jean-Fred Berger, la fraternité n’est pas un simple slogan, mais une expérience vécue qui exige des efforts, de l’empathie et la volonté d’accueillir les autres sur un pied d’égalité.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Jean-Fred Berger
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag