Le transhumanisme: prolongement ou déviation de l’humanisme?

Le transhumanisme se présente comme une extension de l’humanisme, mais avec une ambition audacieuse de transcender l’espèce humaine. Trois axes principaux définissent ce mouvement: l’amélioration génétique de l’humanité, l’augmentation physique et cognitive par des prothèses technologiques, et la création d’une nouvelle espèce post-humaine. Ces objectifs sont soutenus non seulement par des chercheurs et des penseurs libéraux, mais aussi par de puissants acteurs industriels comme les géants de la technologie. Ces derniers voient dans le transhumanisme une opportunité de révolutionner la condition humaine à travers les avancées numériques, les nanotechnologies et la cybernétique.

Amélioration génétique et augmentation technologique

L’amélioration génétique vise à optimiser les capacités humaines dès la conception. Les techniques de modification génétique pourraient théoriquement éliminer les maladies héréditaires et améliorer les traits physiques et cognitifs. Parallèlement, l’augmentation technologique cherche à dépasser les limites biologiques naturelles par l’intégration de prothèses physiques et d’améliorations cognitives. Les exosquelettes, par exemple, peuvent restaurer ou augmenter la mobilité, tandis que les interfaces cerveau-machine promettent d’étendre les capacités mentales. Ces innovations, bien que potentiellement bénéfiques, soulèvent des questions éthiques et philosophiques majeures, notamment sur la définition de l’humanité et les limites morales de la modification corporelle.

Post-humanisme: vers une nouvelle espèce?

Le concept de post-humanisme envisage un futur où une nouvelle espèce, surpassant les capacités humaines actuelles, pourrait émerger. Cette vision est souvent alimentée par l’imaginaire populaire, à travers le cinéma et la littérature de science-fiction, qui explore des mondes peuplés de cyborgs et de créatures hybrides. Derrière cette aspiration se cache un désir de surmonter les limitations fondamentales de la condition humaine, telles que la mortalité et la souffrance. Cependant, ce rêve soulève des enjeux théologiques et éthiques profonds. Par exemple, le transhumanisme s’attaque aux mêmes questions que les religions: la vie, la mort, la souffrance et la création. Il propose des solutions technologiques là où les religions offrent des réponses spirituelles et philosophiques.

Les défis éthiques et théologiques

Les implications éthiques du transhumanisme sont vastes. Peut-on vraiment faire ce que l’on veut de son propre corps? Et qu’en est-il des générations futures, qui pourraient être modifiées sans leur consentement? Ces questions touchent au cœur de l’humanisme, qui valorise la dignité humaine et la finitude. En outre, le rêve transhumaniste de quitter la Terre pour un exode extraterrestre rappelle les anciens mythes gnostiques, contre lesquels le christianisme s’est historiquement opposé. Ces mythes voyaient le monde matériel comme intrinsèquement mauvais, un point de vue que le transhumanisme semble revivifier.

Face à ces défis, il est crucial de maintenir une perspective équilibrée. Il ne s’agit ni de céder à une panique irrationnelle ni de s’exalter sans critique devant les promesses transhumanistes. Les avancées technologiques offrent des opportunités réelles pour améliorer la qualité de vie, mais elles doivent être encadrées par des réflexions éthiques rigoureuses. La tentation de croire que l’on peut vaincre la mort et la souffrance par la technologie seule est une illusion dangereuse. Le véritable défi consiste à intégrer ces innovations de manière à respecter et à renforcer l’humanité, plutôt qu’à la dénaturer.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Réalisation : Jean-Luc Mouton
Intervenant : Olivier Abel

Pour aller plus loin:

Transhumanisme : de l’illusion à l’imposture – CNRSlejournal.fr : https://lejournal.cnrs.fr/billets/transhumanisme-de-lillusion-a-limposture

Cette vidéo est une rediffusion du 5 octobre 2021.