Tout partait pourtant bien. Lors de sa visite en mai 2025, Manuel Valls introduit l’idée d’un « État associé » pour la Nouvelle-Calédonie. Si les indépendantistes sont satisfaits de ce projet pensé dans la lignée des accords de Nouméa, les loyalistes, eux, le rejette en bloc.
Face à cet échec, le ministre des Outre-mer change de fusil d’épaule. Deux mois plus tard, l’accord de Bougival voit le jour. Il confère un statut inédit pour la Nouvelle-Calédonie : certaines compétences régaliennes restent entre les mains de la France, avec toutefois une perspective d’évolution, au bon vouloir du corps électoral.
Mais c’est là que le bât blesse. Si le peuple décide de ratifier l’accord de Bougival, le corps électoral sera élargi. Dans ces circonstances, les anti-indépendantistes deviendraient majoritaires, rendant tout transfert de compétences peu probable.
Un texte « fade », selon le FLNKS, qui y voit un simple statu quo. Les Calédoniens devront se prononcer sur l’accord de Bougival en février 2026, mais la non-prise en compte de l’avis du peuple kanak ne présage rien de bon, selon François Roux.
Par le passé, ce qui a fait ses preuves, c’est « l’écoute et le dialogue ». Les deux camps qui s’opposent en Nouvelle-Calédonie sont composés de personnes responsables, qui peuvent échanger, soutient l’avocat. La stratégie du passage en force n’est pas la solution. Pour lui, le préambule de l’accord de Nouméa en 1998 devrait rester dans toutes les têtes pour tout nouvel accord : « Les kanak ont été repoussés aux marges géographiques de leur propre pays, ce qui ne pouvait, chez un peuple fier et non dépourvu de traditions guerrières, que provoquer des révoltes, […] aggravant les ressentiments et les incompréhensions. »
Seul un processus de décolonisation, couplé à une philosophie de réconciliation, fondée sur le respect de chacun, mènera à la paix.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : François Roux
Entretien mené par : Jean-Luc Mouton
Technique – Rédaction : Paul Drion
