Les théories de l’influence ne concernent pas que la publicité ou les réseaux sociaux. Certaines Églises, notamment dans le monde évangélique américain, ont cherché à appliquer des méthodes marketing à la foi, dans le but de « gagner des adeptes ». Une logique que le professeur Alexandre Antoine dénonce fermement : « Rien de tout cela ne se trouve dans la Bible. Le Christ refuse à plusieurs reprises le pouvoir politique ».

Aux États-Unis, le courant dit dominioniste — théologie de la domination chrétienne — s’est imposé dans les années 1980, soutenu par des figures charismatiques proches du pouvoir. Son principe : influencer toutes les sphères de la société, du gouvernement aux médias, en passant par la culture, au nom d’un prétendu mandat divin.
Mais pour Alexandre Antoine, la lecture de l’Évangile conduit à l’exact inverse : un refus du pouvoir et une humilité de service.

En France, le pentecôtisme suit un autre chemin. Héritier d’une histoire liée aux communautés afro-antillaises et à la diversité culturelle, il se tient globalement à distance de l’extrême droite. La laïcité française y joue un rôle protecteur : elle permet de maintenir une séparation claire entre foi et politique.

Cependant, l’univers numérique fait circuler les idées à grande vitesse. Certaines influences américaines traversent l’Atlantique, souvent sans que leurs contextes soient compris. D’où l’appel d’Alexandre Antoine à former plus de théologiens et de théologiennes capables d’analyser et de déconstruire ces dérives.

« Nous devons redonner à la laïcité son vrai sens : celui d’un projet de liberté, non de peur. Pouvoir dire sa foi, sans dominer ni exclure, c’est là le cœur du message chrétien. »

À travers cet entretien, Alexandre Antoine nous invite à repenser la place du pouvoir dans la foi, et à redécouvrir un christianisme qui libère plutôt qu’il ne conquiert.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Alexandre Antoine
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Horizontal pictures