26.11.2023 : Mt 25.31-46 – Jugement nation

Où trouver le Christ 

Introduction

Ce texte est la dernière des trois paraboles sur l’attitude du disciple dans un monde menacé. Ici le Fils de l’homme n’est ni un marié ni un propriétaire, mais un juge qui siège dans sa gloire, avec tous les anges… sur son trône glorieux. Avec une imagerie différente, cette parabole évoque la relecture d’une vie à l’heure où les comptes sont soldés.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

À la droite du père

Dans la Bible, la main droite de Dieu, c’est celle avec laquelle il conduit le monde. Le psalmiste a dit que la main droite de Dieu le soutien et qu’elle est pleine de justice (Ps 139.10, 48.11).

Ce détail est le cœur du message de notre parabole : Dieu intervient dans le monde par sa droite, c’est-à-dire par ceux qui prennent soin des petits, qui nourrissent les affamés, qui accueillent les étrangers, qui visitent les malades et les prisonniers.

Le feu éternel

Ceux qui n’ont pas pris soin des petits sont jetés dans le feu éternel, ce qui signifie qu’ils sont brûlés, ils disparaissent en fumée. Leur vie n’a servi à rien.

Nous trouvons ce thème dans les trois paraboles de Mt 25. Celui qui n’a cultivé son huile, celui a enterré son talent et celui qui n’a pas soutenu les petits disparaît dans les flammes, sa vie n’a aucune valeur au regard de l’éternité.

Ce qui fait la valeur d’une existence, ce ne sont pas les honneurs, la richesse et la réussite, ce sont la lumière de Dieu porté sur les situation, les audaces et les actes de compassion.

Pistes d’actualisation

1er thème : Où trouver le Christ ?

On entend parfois la question : « Où est Dieu dans notre monde ? » Cette parabole apporte la réponse : Il est dans le petit, le faible, le rejeté, l’affamé.

Dans une sentence d’un père du désert, un frère dit à l’un des Anciens : « Il y a deux frères, dont l’un ne quitte pas sa cellule où il prie, jeûne six jours de suite et se livre à toutes sortes de mortifications, tandis que l’autre soigne les malades. Lequel mène la vie la plus agréable à Dieu ? » L’Ancien répondit : « Même si le frère qui jeûne six jours de suite devait se pendre par le nez, il n’égalerait pas celui qui soigne les malades. » On pourrait poursuivre en disant que le Dieu qui se tient auprès de celui qui jeûne six jours de suite est plus hypothétique que le Dieu qui se trouve dans le malade qui est soigné.

2e thème : Quand t’avons-nous vu étranger et nu ?

Un des moments clefs de la parabole se trouve dans la réaction de ceux qui sont à la droite du Christ : Quand t’avons-nous vu avoir faim… ou avoir soif ?… Quand t’avons-nous vu étranger ? Leurs gestes de soutien étaient tellement gratuits et naturels qu’ils ne pensent même pas à les mettre en avant. Leur attitude rappelle la parole de Jésus dans le sermon sur la montagne : Quand tu fais un acte de compassion, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta main droite (Mt 6.3). 

La tradition rabbinique fait la distinction entre ceux qui accomplissent les commandements gratuitement, sans en attendre de récompense, et ceux qui les appliquent dans l’attente d’une récompense, une bénédiction ou une protection particulière en disant que les premiers sont supérieurs aux seconds. Les justes de cette parabole ont ­nourri les pauvres, accueilli des étrangers, vêtu les dénudés, visité les malades et les prisonniers gratuitement. Tellement gratuitement qu’ils sont étonnés de se retrouver à la droite du Christ.

3e thème : Le Christ en moi

Si je cherche le Christ dans mon prochain, je dois chercher du côté des petits et si je veux chercher le Christ en moi, je le trouve sur le lieu de mes faiblesses et de mes blessures. Il est sur le lieu de mes faims et de mes soifs, dans ma nudité et dans mes maladies.

Cette lecture prolonge le message des béatitudes qui nous à vivre en Christ en cultivant en nous la pauvreté de cœur, la soif pour la justice, la compassion et la construction de la paix.

Une illustration : C’est à moi que vous le faites

La parabole du jugement dernier devient un principe éthique dans le regard que nous portons sur le monde en nous invitant à toujours nous poser la question de la présence de Dieu dans celui qui est rejeté.

Souvenons-nous que le verset du Premier Testament qu’on trouve le plus grand nombre de fois dans le Nouveau Testament est celui qui dit que la pierre qui a été rejetée par les bâtisseurs est devenue celle de l’angle (Ps 118.22).

Comme l’écrivait François Mauriac à propos de la torture en Algérie : « Le Christ n’apparaît jamais dans le supplicié aux yeux des bourreaux d’aujourd’hui. Que c’est étrange qu’ils ne pensent jamais à leur Dieu attaché à la colonne et livré à la cohorte, qu’ils n’entendent pas à travers les cris et les gémissements de leur victime, la voix de leur Dieu qui leur dit : “C’est à moi que vous le faites !“ » 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis