« Dieu est grand, Dieu est magnifique, Dieu est maître de toute la terre ». Prononcée dans l’allégresse, la formule semble évidente. Mais au cœur du désert, dans l’épreuve, quand la peur et le manque dominent, comment continuer à louer Dieu ? C’est ce paradoxe que souligne le pasteur Louis Pernot en commentant le Psaume 47, intitulé « Acclamez le grand roi ».

Longtemps négligé, ce psaume trouve une résonance particulière chez les protestants qui aiment à le chanter sur la mélodie du psautier huguenot du XVIe siècle : « Frappez dans vos mains, vous tous les humains ». Une invitation à l’applaudissement, qui vient contredire l’idée répandue qu’on ne saurait applaudir dans un temple. « Ce psaume me donne un argument », sourit Louis Pernod. Car l’adoration, dans la Bible, passe aussi par le corps et la joie partagée.

Mais le texte va plus loin. Il proclame la grandeur d’un Dieu « redoutable », souverain au-dessus des nations, et pourtant proche, puisqu’il « monte au milieu des acclamations ». Loin d’être indifférent à nos gestes, Dieu se laisse rencontrer dans la liturgie, les prières, le culte et le chant. La louange humaine devient ainsi participation à sa gloire. Comme le rappelle le pasteur, « nos actes de piété et d’adoration ne sont pas secondaires : ils inscrivent la présence de Dieu au cœur de nos vies ».

Les titres mêmes du psaume en témoignent. Adressé « au chef de chœur », ou plus littéralement « à l’excellent », il invite à viser l’ultime but de la foi : l’expression de la louange. Rédigé par les fils de Coré – ce groupe qui, selon la Bible, s’était révolté contre Moïse dans le désert – le texte porte la mémoire d’un peuple hésitant entre confiance et rébellion, reconnaissance et plainte. Louer Dieu quand tout manque, c’est là l’épreuve de la foi.

Au fond, le Psaume 47 rappelle une conviction simple et exigeante : la louange ne dépend pas des circonstances. Elle est un choix, une manière de traverser l’épreuve en affirmant que Dieu demeure souverain. « Quand vous êtes dans le désert de votre foi, c’est peut-être alors, plus que jamais, qu’il faut adorer », conclut Louis Pernot.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Louis Pernot
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag