Le psaume 23, sans doute le plus connu et le plus aimé de la Bible, résonne comme un condensé de confiance et de grâce. Pour le pasteur Louis Pernot, ce texte n’est pas seulement un passage de mariage ou d’enterrement : c’est un psaume de chaque jour, une prière universelle qui accompagne la vie entière.

Sa force réside d’abord dans l’image de Dieu qu’il déploie. Loin du juge ou du roi guerrier, l’Éternel est présenté comme un berger : figure de proximité, de douceur et d’attention. « Déjà dans ces mots “L’Éternel est mon berger”, on trouve l’essentiel de l’Évangile », souligne Louis Pernot. Jésus lui-même reprend cette image dans l’Évangile de Jean lorsqu’il déclare « Je suis le bon berger », se plaçant ainsi dans la continuité de cette révélation d’un Dieu d’amour et d’accompagnement.

Mais ce psaume ne se limite pas à une vision idéalisée. Il reconnaît l’épreuve : « Quand je marche dans la vallée de l’ombre et de la mort, je ne crains aucun mal. » La promesse n’est pas celle d’une vie sans souffrance, mais celle d’une présence : Dieu ne supprime pas l’épreuve, il est là, dans l’épreuve. Le bâton et la houlette deviennent symboles multiples : appui de la foi, direction donnée par l’Évangile, correction fraternelle, sceptre royal qui rappelle que ce berger est aussi Seigneur.

La finale du psaume évoque un banquet : une table dressée face aux adversités, une coupe débordante, une onction parfumée. Plus qu’une vision mystique d’au-delà, Pernot y lit l’expérience de la réconciliation et de l’abondance reçue dans la vie présente. Tout est don, sans condition : « L’Éternel est mon berger, point. »

Enfin, le titre lui-même éclaire le sens : « Psaume de David ». Or David signifie aussi « aimé » en hébreu. Ce psaume est donc un chant d’amour, un hymne à la grâce absolue d’un Dieu qui nous accueille dans son intimité. Habiter la maison de l’Éternel n’est pas une promesse future, mais une réalité présente : vivre dès maintenant, au cœur des jours, dans la proximité de Dieu.

En somme, le psaume 23 n’est pas une poésie consolante : il est un manifeste spirituel. Il dit que, dans la joie comme dans l’épreuve, l’homme n’est jamais seul, et que tout est grâce.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Remerciements : Louis Pernot
Entretien mené par : David Gonzalez
Technique : Quentin Sondag, Horinzontal Pictures