18.06.2023 : Mt 9.36-10.8 – Mission des Douze

Introduction

Les récits qui précèdent présentent l’activité thérapeutique de Jésus qui guérit les malades, deux démoniaques, un paralytique, une jeune fille, une femme atteinte d’une perte de sang, deux aveugles, un démoniaque muet… Mais il se rend compte qu’il est trop seul pour une moisson trop grande, c’est pourquoi il fait appel à douze disciples pour qu’ils soient les relais de son ministère.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Des foules lassées et abattues

Jésus guérit et il voit des foules de plus en plus nombreuses se présenter à lui.

La foule est comme des moutons qui n’ont pas de bergers. Dans l’évangile de Jean, Jésus se présentera comme le bon berger qui prend soin de ses moutons.

Si Jésus est le berger, les disciples sont les chiens de berger chargés de protéger le troupeau contre les loups et de ramener les moutons au berger. Une belle image du ministère.

Jésus donne autorité aux apôtres qu’il appelle

Un verset dit que les foules étaient impressionnées par les paroles de Jésus, car il les instruisait comme quelqu’un qui a de l’autorité, et non pas comme leurs scribes (Mt 7.29). L’autorité de Jésus vient de ce qu’il habitait sa parole, en lui il y avait une parfaite unité entre ce qu’il pensait, ce qu’il disait et ce qu’il faisait. C’est cette autorité qu’il a donnée à ses apôtres.

Le mot autorité vient du latin augere qui signifie augmenter, faire grandir. Cette autorité n’est ni l’injonction autoritaire qui s’impose par la force ni la séduction démagogique qui s’impose par la ruse, mais la parole qui aide à grandir. Dans leur rencontre avec Jésus, les hommes et les femmes qui l’avaient écouté se sentaient plus grands.

Pistes d’actualisation

1er thème : Choix des Douze

Jésus demande à ses disciples de prier pour que des ouvriers soient envoyés dans la moisson, puis il exauce lui-même leur prière en en désignant Douze qui seront envoyés en mission.

Dieu aurait pu choisir de diriger le monde à partir de son ciel, il a fait le choix de passer par des hommes et des femmes pour être ses témoins. Il a besoin pour cela d’humains qui prient pour qu’il y ait des ouvriers et d’humain qui entendent la vocation qui leur est adressée d’être ces ouvriers.

2e thème : Allez vers les moutons perdus de la maison d’Israël

Jésus recommande aux Douze de ne pas aller sur le chemin des non-Juifs, de ne pas entrer dans une ville de Samaritains et d’aller vers les moutons perdus de la maison d’Israël.

Dans le livre des Actes des Apôtres, lorsqu’il les quittera à l’Ascension, il leur dira : Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et en Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre (Ac 1.8). Pour l’instant ils en sont encore à la première partie du programme : être témoin dans toute la Judée. La suite viendra plus tard.

Il y a un temps pour tout, si on veut être témoin, il faut avoir la sagesse de savoir dans quel temps nous sommes et à qui nous devons nous adresser.

3e thème : La gratuité

Jésus donne cet ordre de mission aux Douze : Proclamez que le règne des cieux s’est approché. Guérissez les malades, réveillez les morts, purifiez les lépreux, chassez les démons. Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.

Proclamer, guérir, libérer… gratuitement. L’évangile qu’ils doivent partager est un évangile de libération et de gratuité.

Une Église qui témoigne de Jésus-Christ est une Église marquée par la gratuité.

Un verset de la deuxième épître aux Corinthiens dit : Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi fais-tu le fier, comme si tu ne l’avais pas reçu ? (1 Co 4.7). Si on considère qu’on a reçu tout ce qu’on possède, nous ne pouvons être que serviteurs et la gratuité s’impose à nous.

Une illustration : Le serviteur et la gratuité

Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. L’Église doit s’inscrire dans le registre de la gratuité.

Un mendiant va chez un riche propriétaire avare qui lui dit : « travaille et je te donnerai un repas. » Le mendiant passe sa matinée à couper du bois et à le rentrer. Quand il demande son salaire, le propriétaire lui dit : « va chez mon voisin, il te donnera à manger. »

Le voisin, un homme riche et généreux, l’accueille et l’invite à sa table. Le mendiant se dirige vers la salle à manger et découvre qu’elle est pleine de convives, errants comme lui, mais qui n’ont pas travaillé. Il s’étonne et interroge le propriétaire qui lui répond : « ma table est gratuite. Il te suffisait de frapper à la porte comme un mendiant. »

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis