03.12.2023 : Es 63.16-64.7 – La plainte d’Ésaïe
Ésaïe interpelle le Seigneur
Le contexte – Les difficultés du retour d’exil
Nous sommes dans la troisième partie du livre d’Ésaïe qui évoque la période qui suit le retour d’exil et l’installation à Jérusalem.
Si le retour avait été annoncé de façon glorieuse par le prophète : Les montagnes et les collines éclateront en cris de joie devant vous, et tous les arbres des champs battront des mains (55.12), les livres d’Esdras et de Néhémie nous montre un retour beaucoup plus laborieux car les exilés n’ont pas été très bien accueillis par les habitants qui étaient restés en terre sainte. Certains se sont opposés à la reconstruction du temple et à la restauration de la ville.
C’est dans ce contexte qu’Ésaïe fait monter une prière à Dieu.
Que dit le texte ? – Ésaïe interpelle le Seigneur
Ésaïe appelle le Seigneur à prendre en considération la situation de son peuple : Ton peuple saint n’a pris possession du pays que pour peu de temps ; nos ennemis ont foulé ton sanctuaire (63.18). Et un peu plus loin : Nous sommes tous devenus comme impurs, et tout ce que nous faisons pour la justice est comme un vêtement souillé… Car tu t’es détourné de nous, et tu nous as laissés fondre (64.5-6).
Dans sa prière, le prophète fait preuve d’une audace étonnante :
Il rappelle à Dieu qu’il est le père de son peuple et qu’en cela il en a la responsabilité.
Il impute au Seigneur l’errance de ses enfants alors que c’est à cause de leurs fautes qu’ils ont été exilés.
Enfin, il appelle le Seigneur à se convertir : Reviens à nous, alors qu’en général, c’est le seigneur qui appelle son peuple à revenir à lui.
En conclusion, le prophète appelle le Seigneur à se manifester à nouveau comme il le fit autrefois.
Cette audace s’inscrit dans la spiritualité de la contestation. L’homme biblique n’hésite pas à poser devant Dieu ses questions et ses sentiments, comme Abraham lorsqu’il a plaidé pour le sort de Sodome (Gn 18.20-33) ou Moïse quand il a défendu son peuple devant Dieu qui voulait le détruire après l’idolâtrie du veau d’or (Ex 32.9-14). À son tour, Ésaïe interpelle le Seigneur devant la situation de son peuple.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’attente de Dieu dans une période trouble
Pendant la période de l’avent, nous attendons le Seigneur. Nous l’attendons pour nous, dans notre histoire, mais nous l’attendons aussi pour notre monde.
Notre attente peut se transformer en intercession :
« Viens, Seigneur ! Viens pour cette mère de famille qui a perdu un enfant et qui ne s’en remet pas. Viens pour cet ami qui meurt à l’hôpital. Viens pour ces populations qui ont faim. Viens pour ceux qui subissent la guerre et pour ceux qui la font. Viens pour ceux qui n’ont plus d’espérance. Viens pour ceux qui n’ont plus d’avenir. Viens guérir notre monde de sa violence et de ses injustices. »
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Ecriture et présentation : Antoine Nouis
