04.04.2021 : Marc 16.1-7 – Inquiétante résurrection

Inquiétante résurrection

Introduction

Dans l’évangile de Marc, les apôtres ont opposé une incrédulité farouche à la perspective de la croix. Quand Jésus a été crucifié, ils sont dans la sidération, enfermée dans une pièce par peur.

C’est un sympathisant, Joseph d’Arimathée qui s’est occupé de lui donner une sépulture et ce sont des femmes qui vont l’embaumer.

Points d’exégèse

Les aromates pour embaumer

De femmes achetèrent des aromates pour l’embaumer. Les soins apportés au défunt sont un invariant anthropologique, on en trouve dans toutes les civilisations. Le propre de l’humain dans le monde animal est qu’il prend soin de ses défunts. Les corps étaient lavés, puis recouverts de plantes aromatiques pour lutter contre les mauvaises odeurs.

Les femmes sont venues pour l’embaumer, mais elles ne l’ont pas fait car le corps de Jésus n’était plus là. L’embaumement a eu lieu quelques jours avant lors de l’onction à Béthanie lorsqu’une femme – anonyme dans l’évangile de Marc – a répandu un parfum de grand prix sur la tête de Jésus. Aux disciples choqués par le geste dispendieux, Jésus a répondu : « Elle a d’avance embaumé mon corps pour l’ensevelissement[1]. »

C’est avant la mort que Jésus avait besoin qu’on prenne soin de lui. Après, il ne sera plus là.

Le jeune homme dans le tombeau

Quand les femmes arrivent au tombeau, elles se demandent qui leur roulera la pierre, mais elle est roulée. Elles entrent en tremblant et voient un jeune homme assis à droite, vêtu d’une robe blanche…

Le mot jeune homme évoque le disciple qui s’est enfui nu, en abandonnant son vêtement au moment de l’arrestation de Jésus[2]. Il n’est plus nu, il n’est plus en fuite, il est assis dans le tombeau en attendant les femmes pour leur annoncer la grande nouvelle de la résurrection : Ne vous effrayez pas !

Pistes d’actualisation

1er thème : La résurrection par le vide

L’évangile ne décrit pas la résurrection, il ne raconte pas comment Jésus a brisé les chaînes de la mort, elle annonce un tombeau vide. À celui qui cherche Jésus parmi les morts, il annonce que c’est parmi les vivants qu’ils le trouveront : Il vous précède en Galilée.

Dans la première épître aux Corinthiens, lorsque Paul annonce le message de la résurrection, il parle des témoins qui l’ont rencontré : « Il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois… : la plupart d’entre eux sont demeurés en vie, quelques-uns se sont endormis dans la mort. Ensuite, il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres[3]. » La foi en la résurrection s’appuie sur la façon dont des hommes et des femmes l’ont rencontré vivant dans leur existence.

2e thème : Il vous précède en Galilée

C’est en Galilée que les femmes vont rencontrer le Christ. La Galilée est le pays de la plupart des disciples, le pays de leur enfance, de leur rencontre avec Jésus, le pays où il a exercé la plus grande partie de son ministère. Le renvoi en Galilée annonce une résurrection qui se situe au cœur de leur histoire.

Ce n’est pas en allant à l’autre bout de monde que nous trouverons le Christ, mais en l’accueillant dans notre Galilée. C’est dans notre Galilée que nous sommes appelés à ressusciter. Par la grâce de Dieu, j’ai retrouvé ma Galilée.

3e thème : La peur de la résurrection

En entrant dans le tombeau dont la pierre a été roulée, les femmes sont effrayées. Le jeune homme assis dans le tombeau leur dit de ne pas s’effrayer, mais le dernier verset de notre passage dit : elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Dans sa version initiale, l’évangile se terminait sur la peur des femmes. Les derniers versets de l’évangile sont un ajout postérieur.

Avons-nous peur de la résurrection ? Si nous n’avons pas peur, est-ce parce que nous sommes des anges qui avons totalement intégré la victoire du Christ, où est-ce par ce que nous sommes habitués ?

La peur des femmes nous invite à recevoir ce message comme l’annonce la plus importante qui n’a jamais été dite à notre vie.

Une illustration

La résurrection commence par un vide, mais c’est un vide qui change tout.

Lao-Tseu est un sage du VIe siècle avant Jésus-Christ. Il a dit : « Trente rayons convergent vers le moyeu, mais le vide entre eux fait avancer le char. D’une motte de glaise on façonne la jarre, mais c’est le vide en elle qui en donne l’usage. Murs, portes et fenêtres forment la maison, mais le vide de la chambre permet d’y habiter. Voici l’explication : la matière est utile, l’immatériel donne l’usage véritable. »

[1] Mc 14.8.

[2] Mc 14.51-52.

[3] 1 Co 15.5-7.

Pour aller plus loin :
Les pasteurs Antoine Nouis et Florence Taubmann commentent le texte biblique de Marc 16, 1-7 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-resurrection-de-jesus/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis