29.05.2022 : Jean 17.20-26 – Jésus prie pour ses disciples
La prière de Jésus pour ses disciples
Introduction
Jésus a résumé le cœur de son enseignement à ses disciples sous la forme d’un testament depuis la moitié du chapitre 13 jusqu’à la fin de chapitre 16. Dans la séquence suivante, il va être arrêté. Il lui reste une chose à faire, la dernière qu’il peut faire avant d’être arrêté, prier pour ses disciples afin de les confier à son père. Cette prière est une prière, une vraie prière, mais aussi un traité de théologie sur le Père, le Fils et les disciples.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Jésus prie pour moi
Souvent la Bible nous invite à la prière, elle en parle dans le registre de la persévérance parce que la prière est ardue, parfois aride. Ce passage inverse la perspective puisqu’il ne nous appelle pas à prier, il dit que le Christ prie pour nous. Que dit-il dans sa prière ? Que nous soyons unis, que nous soyons protégés du malin (v.15), et que nous sachions que nous sommes aimés de Dieu.
Être protégé du mal – l’unité intérieure – se savoir aimé de Dieu… Les trois piliers d’une vie de foi.
Périchorèse
Le mot périchorèse est un terme théologique qui évoque la relation réciproque entre les personnes de la Trinité : Tu es en moi et moi en toi, dit Jésus à son père dans la prière. Il fait un pas de plus en invitant les disciples à entrer dans cette relation : Moi en eux et toi en moi. La foi est une invitation à trouver sa place dans la communion trinitaire au point qu’on pourrait presque parler de quaternité : le Père, le Fils, l’Esprit et le disciple.
Pistes d’actualisation
1er thème : Qu’ils soient un
Ce verset est souvent cité dans les cercles œcuméniques pour évoquer l’unité des chrétiens. Cette lecture est juste à condition de ne pas se méprendre sur le sens de l’unité évoquée ici. Il ne s’agit pas de l’union des chrétiens entre eux, mais d’abord de l’union avec le Père et le Fils. C’est cette union-là qui fonde le rapprochement entre les chrétiens selon l’image des rayons de la roue et du moyeu. C’est en se rapprochant du centre que les rayons se rapprochent les uns des autres. L’unité chrétienne passe par notre proximité avec le Christ.
Cette interprétation rappelle que nous avons tous besoin d’unification entre notre foi, nos pensées, nos paroles et nos actions. À l’inverse, le péché est ce qui nous divise intérieurement, la distance entre nos pensées et nos mots, nos désirs et notre agir. Quand nous serons parfaitement en Christ et avec le Christ, nous serons proches de tous les humains.
2e thème : Foi comme co-naissance
Le monde ne t’a jamais connu… je leur ferai connaître ton nom. La foi est une connaissance, mais pas une connaissance au niveau intellectuel, mais existentiel : con-naître, naître avec.
Nous avons une première naissance le jour où nous arrivons au monde et une nouvelle naissance le jour où nous prenons conscience que nous sommes aimés de Dieu. C’est comme une nouvelle naissance dans le sens d’une fondation de notre histoire. Calvin commence son Institution chrétienne en affirmant que le but de la foi est de connaître Dieu et qu’en connaissant Dieu, nous apprenons à nous connaître nous-mêmes.
3e thème : Le nom de Dieu
Je leur ai fait connaître ton nom. Dans la Bible, le nom est plus qu’un moyen pour désigner une personne, c’est une façon de définir son être. Lorsque Moïse a demandé à Dieu son nom, il a répondu : « Je suis le Dieu de tes pères et je t’envoie pour libérer mon peuple. » Le nom de Dieu, c’est qu’il est libérateur. Dans ce passage, le nom de Dieu est qu’il est amour.
Ce nom n’est pas d’aujourd’hui, l’amour de Dieu date d’avant la fondation du monde, il ne dépend pas des circonstances, il relève de l’être de Dieu. L’expression nous rappelle que tout ce que Dieu a fait – la création, l’alliance, la libération, le don du Fils – il l’a fait par amour, c’est-à-dire pour que l’humain puisse vivre.
Le nom de Dieu, c’est qu’il m’aime et qu’il m’appelle à la vie.
Une illustration : De l’autorité
La Bible nous dit deux choses de Jésus : qu’il parlait avec autorité et qu’il est un avec le père. Nous pouvons lier les deux affirmations en disant que c’est notre unité intérieure qui fait notre unité.
L’autorité spirituelle est le don de celui qui est parfaitement un, qui dit ce qu’il vit et qui vit ce qu’il dit. Si nous trouvons que nous manquons d’autorité, nous n’avons qu’une chose à faire, cultiver notre unification en Dieu.
Pour aller plus loin :
Le pasteur Antoine Nouis reçoit Christine Pedotti, écrivain, journaliste et directrice de la rédaction de Témoignage Chrétien, pour discuter de Jean 17, 20-26 :
Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis