Dans le passage profondément contemplatif de Matthieu 11:25-30, Jésus présente une déclaration profonde sur la nature de la sagesse et de la révélation divines. L’écriture capture un moment où Jésus loue le Père pour avoir révélé des vérités non pas aux savants et aux sages, mais aux « petits » ou aux cœurs simples. Cette révélation contre-intuitive des secrets divins est au cœur de la compréhension de la véritable sagesse dans une perspective biblique.
Le paradoxe de la sagesse divine
La prière de Jésus dans ce passage est à la fois une révélation et une invitation. Il reconnaît que la vraie sagesse et la connaissance de Dieu sont des dons accordés par le Père, et qu’elles sont souvent cachées à ceux qui pourraient être censés les comprendre le mieux : l’élite intellectuelle ou sociale. Au contraire, ces dons sont accordés à ceux qui s’approchent avec l’humilité et l’ouverture d’esprit des enfants.
Cette approche va à l’encontre de la valorisation conventionnelle du pouvoir et de l’intellect, souvent observée dans les sociétés anciennes et modernes. Elle suggère une valorisation radicalement différente où l’humilité, la simplicité et la capacité de faire confiance et d’aimer sans prétention sont mises au premier plan.
L’appel de Jésus à se reposer et à apprendre
« Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et je vous donnerai du repos », invite Jésus. Cet appel va au-delà du repos physique ; il s’agit d’une invitation au repos spirituel. Il demande à ses disciples de prendre son joug sur eux et d’apprendre de lui, car il est « doux et humble de cœur ». Ici, Jésus n’offre pas seulement un soulagement des fardeaux physiques ou mentaux, mais il invite aussi ses disciples à adopter sa manière d’être, marquée par la douceur et l’humilité.
Dans ce modèle, la sagesse ne consiste pas à maîtriser des complexités théologiques ou des débats philosophiques. Il s’agit plutôt d’incarner les vertus dont Jésus lui-même fait preuve. Cet enseignement est profondément contre-culturel, car il préconise un modèle de leadership et de sagesse fondé sur la servitude et l’humilité plutôt que sur la domination et l’orgueil.
Unité spirituelle dans la compréhension
Le passage aborde également la relation unique entre le Père et le Fils, où Jésus jouit d’une intimité immédiate et d’une familiarité étroite avec son père. Une intimité vers le Père également accessible aux disciples par l’intermédiaire de Jésus. Cela souligne l’aspect relationnel de la connaissance divine – comprendre Dieu n’est pas simplement une question d’ascension cognitive, mais d’engagement dans une relation caractérisée par l’intimité et la connaissance mutuelle.
En outre, Antoine Nouis et Michel Barlow soulignent que cette unité avec Dieu à travers le Christ implique de reconnaître nos propres limites et vulnérabilités. C’est en reconnaissant notre cécité et en nous positionnant comme des auditeurs et des apprenants que nous pourrons vraiment saisir la nature de Dieu telle qu’elle nous est révélée.
La sagesse de Matthieu chapitre 11 versets 25 à 30 invite à reconsidérer ce que signifie être sage. Dans le Royaume de Dieu, la sagesse est redéfinie comme la capacité de connaître Dieu à travers une attitude d’humilité et d’ouverture. Ce passage invite les croyants à réfléchir à leur approche de la foi et de la connaissance. Nous approchons-nous de Dieu avec la présomption de notre propre compréhension, ou sommes-nous ouverts à l’enseignement de Dieu à travers les expériences simples et quotidiennes de la foi et de la confiance ?
En embrassant cette sagesse divine, nous ne trouvons pas seulement la connaissance, mais aussi le repos pour nos âmes – un repos qui vient de l’alignement de nos vies sur le cœur doux et humble de Jésus. Alors que le monde continue à donner la priorité au pouvoir et aux capacités intellectuelles, le message biblique nous rappelle de manière intemporelle que la véritable sagesse se présente souvent sous la forme tranquille et discrète de la réceptivité et de la profondeur relationnelle.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Michel Barlow