06.06.2021 : Marc 14.12-26 – Dernier repas de Jésus

Le dernier repas de Jésus avec ses disciples

Introduction

Le dernier repas de Jésus a lieu le premier jour des pains sans levain, qui correspond à la fête de la Pâque qui célèbre la libération de la servitude égyptienne. Cette fête fonde l’éthique du Premier Testament puisque les Dix paroles commencent par ce rappel : Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai libéré de la servitude. Lors de son dernier repas, Jésus pose un nouveau fondement qui est le don de sa vie.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Fête des pains sans levain

Dans la Bible, le levain représente ce qui est à même de gonfler le cœur de l’humain et de le rendre inapte au service de Dieu et des hommes (1 Co 5.7-8). Ce sont particulièrement l’orgueil, la jalousie, la convoitise et la recherche des honneurs.

Le pain sans levain est à la fois un pain sans mélanges et un pain nouveau. Lors de son dernier repas, Jésus va donner un sens nouveau au pain de l’Évangile.

Jeu de piste – culture de clandestinité

Jésus ne dit pas dans quelle maison les disciples doivent aller, mais il leur fait un jeu de piste : vous trouverez un homme avec une cruche, suivez-le, il vous montrera le chemin. Ce procédé relève d’une culture de la clandestinité avec des réseaux qui ne se connaissent pas. Nous apprenons aussi que Jésus avait des sympathisants à Jérusalem à l’insu de ses disciples.

Pistes d’actualisation

1er thème : Annonce de la croix – don de la vie

Dans le deuxième évangile, à trois reprises, Jésus a annoncé sa passion et à chaque fois, les disciples ont montré qu’ils n’ont pas compris ce que leur maître disait. Ils ont montré une opposition farouche à la perspective de la croix tant il était impossible pour eux d’associer le mot Christ et le mot croix.

L’arrivée à Jérusalem, l’acclamation de la foule aux rameaux, les mystères qui entourent le lieu où ils partageront le repas pascal… tous ces points suggèrent que quelque chose va se passer. Comme une tradition dit que c’est la nuit de la Pâque que le messie va se révéler, les disciples ont le secret espoir d’un accomplissement. En annonçant que l’un d’entre eux va le trahir, Jésus les douche. Oui, l’accomplissement est proche, mais pas dans le sens où ils l’entendent.

2e thème : Personnage de Juda

Le personnage de Juda est tragique. Il est resté dans la tradition comme le traître étalon, une lecture attentive permet d’apporter trois précisions.

  • Lorsque Jésus annonce qu’un des disciples va trahie, tous les regards ne se portent pas vers Judas, mais chacun se demande si c’est lui. Judas aurait pu être n’importe lequel de ses disciples.
  • Jésus dit : Le fils de l’homme s’en va selon ce qui est dit de lui. Autrement dit, Judas n’est pas celui qui a tué Jésus, il est celui par lequel Jésus a accompli son destin.
  • Enfin Jésus déclare que Judas est l’objet d’un grand malheur. Comme toutes les tragédies, son histoire se termine dans le malheur. Pour tout cela, il mérite notre compassion.

3e thème : Le corps et le sang du Christ

Jésus sait qu’il va mourir, mais au lieu de subir, il fait de sa mort un don. Il annonce à ses disciples que son corps sera broyé et que son sang sera répandu, mais il fait de la mort affreuse de la croix une offrande. En mangeant son corps et en buvant son sang, les disciples sont appelés à accueillir le Christ dans leur intimité.

Dans le livre de la Genèse, le péché est symbolisé par un fruit qui a été mangé ; de la même manière, le don de Dieu est représenté par un morceau de pain et un peu de vin. La grâce vient se poser sur le lieu des contradictions internes du disciple afin de lui permettre d’être renouvelé et fortifié par la présence du Christ en luison et dans notre histoire.

Une illustration : Les disputes dans l’histoire

La Réforme s’est opposée au catholicisme sur la compréhension de l’expression c’est mon corps, et notamment la nature du verbe être. Les uns disent que le pain devient le corps du Christ, d’autres qu’il représente le corps du Christ. En Araméen, la langue que parlait Jésus, le verbe être n’existe pas, si bien qu’il a dû dire : Ceci, mon corps. Il est bien de chercher à faire de la théologie, mais peut-être que vient un moment où il ne faut pas trop se disputer sur le sens d’un verbe qui n’a pas été prononcé : il nous suffit de croire qu’une certaine présence du Christ est offerte dans le pain et le vin.  Comme le dit une liturgie eucharistique : « C’est une joie de n’avoir plus à parler, à expliquer ni à commenter, mais seulement à prendre et à recevoir. »

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Florence Taubmann, pasteure, pour commenter le texte biblique de Marc 14, 12-16 : https://campusprotestant.com/video/dimanche-jesus-prend-repas-de-paques-disciples/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis