L’évangile de Luc du 16 mars (Luc 9. 28-36)

Dans l’Évangile de Luc (9,28-36), la Transfiguration de Jésus se produit peu après l’annonce de sa passion à venir. Jésus gravit une montagne pour prier avec Pierre, Jacques et Jean. Pendant qu’il prie, son apparence change et ses vêtements deviennent d’une blancheur éblouissante. Moïse et Élie apparaissent et parlent avec Jésus de son départ imminent de Jérusalem. Alors que les disciples sont accablés de sommeil, ils se réveillent et sont témoins de la gloire de Jésus et des deux hommes qui se tiennent à ses côtés. Pierre propose de construire trois abris pour eux, mais avant qu’il ne puisse terminer, une nuée les recouvre et une voix en sort et déclare : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi ; écoutez-le. » Après que la voix se soit éteinte, Jésus se retrouve seul, et les disciples gardent le silence sur cette expérience.

La montagne, souvent considérée comme un lieu de révélation divine dans la tradition biblique, est significative ici. Elle symbolise un lien plus étroit avec Dieu, rappelant la rencontre sur le mont Sinaï où Moïse a reçu la Loi. Dans ce récit, la transformation de Jésus sur la montagne révèle sa nature divine, puisqu’il irradie la lumière, contrairement à Moïse qui ne faisait que la refléter. La présence de Moïse et d’Élie représente respectivement la Loi et les Prophètes, ce qui signifie que Jésus est l’accomplissement des deux. L’apparition d’Élie fait en outre allusion à l’accomplissement de la promesse messianique, liant l’événement aux attentes juives.

La nuée qui les enveloppe et la voix qui vient du ciel font écho à la présence divine dans le récit de l’Exode, où Dieu s’est révélé dans une nuée. Une confirmation que Jésus est le Fils divin. Cependant, l’incapacité des disciples à comprendre pleinement l’événement, puisqu’ils s’endorment, reflète leur difficulté à saisir le mystère de la mission divine de Jésus. La suggestion de Pierre de construire des abris illustre le désir de préserver l’instant, bien que le déroulement du dessein de Jésus dépasse les simples moments terrestres.

La Transfiguration fait le lien entre deux thèmes de l’Évangile : La gloire divine de Jésus et sa souffrance à venir sur la croix. Elle prépare les disciples au paradoxe de la croix, en soulignant que le Fils de Dieu, révélé dans sa gloire, doit aussi endurer l’agonie de la crucifixion. L’événement n’est pas seulement un spectacle divin, mais un appel à la foi, exhortant les croyants à reconnaître Jésus comme l’accomplissement des promesses de Dieu et celui qui portera le poids de la rédemption du monde.

Le texte de la lettre aux Philippiens du 16 mars (Philippiens 3.17-4.1)

La croix contre la loi

Le contexte – L’épître aux Philippiens  

Lors de son passage à Philippe, il a connu une incarcération par les magistrats de la ville parce qu’il était juif, puis il a été obligé de quitter la ville dans laquelle il a laissé des collaborateurs, il cite même le nom de deux… collaboratrices.

Lorsqu’il écrit la lettre au Philippiens, il est dans une autre prison de l’empire romain d’où il combat des judaïsants qui se sont introduits dans l’Église pour prêcher le retour à la loi et l’attachement aux règles du judaïsme, ce qui le conduit à redéfinir les fondements de la vie chrétienne. 

À la logique de la loi, il oppose la logique de la croix qui est à la fois une libération et un principe éthique.  

Que dit le texte ? – Charge contre le judaïsants

Paul est bien placé pour connaître les limites de loi puisque c’est au nom de la loi qu’il persécutait les chrétiens. Sur le chemin de Damas, il a compris que ce qu’il croyait faire en toute honnêteté pour Dieu, il le faisait contre lui ; c’est pourquoi il est radical dans son combat contre ceux qui veulent réintroduire les prescriptions de la loi dans l’Église. Cela nous permet de comprendre la rudesse de son propos quand il déclare : « leur dieu, c’est leur ventre… ils ne pensent qu’aux choses de la terre. »

Le légalisme est une tentation, il est confortable de penser qu’il suffit de suivre quelques règles de vie pour être du bon côté de la justice. En fait c’est une marque d’orgueil car le sentiment de sa propre justice s’accompagne du jugement sur tous ceux qui se comportent autrement. C’est la remarque du pharisien de la parabole qui remercie Dieu de ne pas être comme le collecteur d’impôts.

En le déclarant citoyen des cieux, Paul définit le chrétien non à partir de l’application de quelques règles, mais de la façon dont nous vivons avec le Christ. Le combat du croyant, c’est de tenir ferme dans cette posture. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La transfiguration 

Paul redéfinit la vie du croyant non plus à partir des règles de la loi, mais de la logique de la croix. C’est cette nouvelle posture qui est honorée à la transfiguration lorsque le Christ est confirmé dans sa vocation « Celui-ci est mon Fils, celui qui a été choisi. Écoutez-le ! » alors qu’il vient d’annoncer sa passion. 

C’est à partir de la croix que Jésus devient totalement transparent à la lumière de Dieu, c’est à partir de cette même croix que les chrétiens sont appelés à reconsidérer leur existence et ajuster leur comportement. 

Le texte de la Genèse du 16 mars (Genèse 15.5-12,17-18)

Alliance avec Abraham

Le contexte – Le livre de la Genèse  

Le livre de la Genèse est le premier de la Bible. Pour nous parler de Dieu, il ne fait pas une grande théorie sur l’essence et l’existence, il nous raconte l’histoire des patriarches, des hommes qui se sont mis en marche au nom d’une promesse.

Abraham a quitté la terre de ses pères au nom d’une double promesse : une terre et une descendance. Les années ont passé et Abraham n’a toujours pas d’enfant et il reste un étranger sur la terre qui lui a été promise. C’est alors que Dieu revient le visiter pour répéter sa promesse.

Que dit le texte ? – L’alliance

Lorsque Dieu renouvelle sa promesse, Abraham lui demande un signe : À quoi saurai-je que j’en prendrai possession ? Dieu répond en proposant à Abraham de sceller une alliance avec lui. 

Le mot alliance renvoie à la relation tout à fait singulière que Dieu veut entretenir avec l’humain dans la Bible. Pour entendre ce qu’elle signifie, il faut l’opposer aux deux autres conceptions que son l’indifférence et le panthéisme.

L’indifférence c’est l’idée selon laquelle, une fois que Dieu a créé le monde, il le laisse poursuivre sa route selon les lois de la nature et la conscience des humains.

À l’opposé de l’indifférence, le panthéisme est l’idée selon laquelle tout ce qui existe est identifié à Dieu. À la limite, Dieu se confond avec la nature.

Entre l’indifférence et le panthéisme, l’alliance est l’idée d’un Dieu qui est pleinement impliquée dans l’histoire de l’humanité, mais qui ne veut pas se passer de l’humain. En faisant alliance avec Abraham, Dieu lui reconnaît une dignité au point d’en faire un partenaire dans la conduite du monde. 

Dans cette alliance, il renouvelle sa promesse : Je donne ce pays à ta descendance ; depuis le fleuve d’Égypte jusqu’au grand fleuve, l’Euphrate.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La transfiguration 

Notre lecture du récit de la transfiguration l’interprète comme la confirmation de l’annonce de la croix que Jésus a faite dans le passage précédent. La croix est le jusqu’au bout du message de l’alliance, Jésus parlera de nouvelle alliance lors de son dernier repas. À la croix, le Christ se donne entièrement pour l’humanité, pour que l’humain occupe toute sa place dans la création. À la transfiguration, Dieu le père confirme ce point extrême de l’alliance.

En disant de Jésus qui vient d’annoncer sa passion qu’il est son fils bien aimé, Dieu va jusqu’au bout du don signifié par l’alliance dans le Premier Testament.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Christine Pedotti