L’évangile du dimanche du 2 novembre (Jean 6.51-58)
Jésus, le pain vivant
Introduction
Dans le quatrième évangile, les signes posés par Jésus sont accompagnés d’un discours pour en donner le sens. Au début du chapitre 6, il a multiplié les pains et les poissons. Dans le discours sur le pain de vie, il essaye de décoller ses interlocuteurs par rapport à la matérialité du signe pour les orienter vers le vrai pain de vie.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Si vous ne mangez pas la chair du fils de l’homme
La chair, ce n’est pas la viande, c’est la personne tout entière.
Lorsque la Bible parle de la résurrection de la chair, elle évoque le relèvement de la personne dans son identité la plus profonde.
Lorsque Jésus dit qu’il donne sa chair, il évoque l’offrande de sa vie. C’est lui qui se donne pour le salut de l’humanité.
La vie éternelle et le relèvement au dernier jour
Nous trouvons dans ce passage, deux affirmations qui nous questionnent.
Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour toujours. Et : Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le relèverai au dernier jour.
Lorsque Jésus affirme que celui qui mange de son pain vivra pour toujours, il ne veut pas dire qu’il deviendra immortel, mais qu’il vivra quelque chose de l’éternité de Dieu. Comme le dit la prière sacerdotale : La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu (Jn 17.3).
Vivre la vie éternelle, c’est être dans l’assurance que notre vie est plus grande que ce qu’on ressent, et que nous serons relevés au dernier jour.
Pistes d’actualisation
1er thème : Théologie à coups de marteau
Lorsque de nos jours nous lisons qu’il faut manger la chair et boire le sang de Jésus, nous avons immédiatement les références de l’eucharistie qui viennent à notre esprit et nous en perdons le caractère scandaleux.
Jésus nous invite à manger sa chair, à le manger, autrement dit à être anthropophage. Quand à cela il ajoute qu’il faut boire son sang et qu’on sait que l’interdiction du sang est à la base des interdits alimentaires, nous sommes en présence de paroles qui étaient totalement scandaleuses, inaudibles, transgressives, pour les auditeurs de ce discours. On comprend qu’à la fin du chapitre il est écrit que plusieurs disciples ont quitté Jésus suite à ce discours (Jn 6.66).
De nous jours, nous avons apprivoisé ces paroles, mais nous devons entendre que Jésus vient fracasser nos représentations religieuses pour dire l’in-croyable du salut.
2e thème : Le pain descendu du ciel
Lorsque Jésus dit : je suis le pain vivant descendu du ciel, nous pouvons mettre cette affirmation en relation avec le prologue qui dit que la Parole a été faite chair. La Parole est venue à nous à travers l’homme Jésus de Nazareth et il se donne jusqu’à se laisser manger par les humains. Quand on a mangé un aliment, il est quelque part en nous. On ne sait pas où ni comment, mais il se transforme en énergie.
En Jésus de Nazareth, la Parole a quitté le ciel, elle s’est donnée à l’humain pour être ingurgitée, elle est venue habiter l’intériorité de notre humanité.
3e thème : Retour sur la vie éternelle
Ce récit peut aussi être mis en relation avec les premiers chapitres de la Genèse. Lae péché premier est représenté par un fruit que le premier couple humain a mangé. Après avoir mangé ce fruit, il a perdu la relation avec le Seigneur.
En se donnant à manger et en affirmant que celui qui mange sa chair à la vie éternelle, Jésus vient rétablir la communion de l’humain avec son Dieu.
À partir de ce récit, l’humain n’est plus un être destiné à la mort du fait de ses contradictions internes, il est un être destiné à la vie nouvelle du fait du don du Christ et de sa présence en lui.
Une illustration : Le partage du pain et du vin
Le pasteur Jean Valette raconte l’histoire suivante.
Un jour, je suis arrivé chez un ami parce que j’étais accablé par les ennuis et les soucis. J’avais le cœur au bord des lèvres. J’ai commencé à raconter, mais il m’a dit : « On a le temps, tu sais… » et il a mis sur la table la nappe blanche, les assiettes claires, les verres brillants, la miche de pain et la carafe de vin.
On a mangé et on a bu, on a parlé du printemps un peu trop pourri, des vignes en retard, du petit qui va se marier, de n’importe quoi qui puisse, avec le pain et le vin, faire passer l’amitié.
Au bout d’un moment, profitant d’un peu temps de silence, l’ami m’a dit : « Au fait, tu voulais me parler de quoi exactement ? » J’ai répondu : « Moi ? rien. Maintenant ça va ! »
C’est chaque fois le même miracle : nous arrivons chez un ami, harassé de fatigue, dévoré de souci, le cœur au bord des lèvres et, comme le fils prodigue, tout de suite nous commençons à parler.
Notre ami nous regarde en souriant, et au lieu de répondre il dit : « On a le temps, tu sais… » et il met sur la table la nappe blanche, les assiettes claires, les verres brillants, la miche de pain et la carafe de vin. On mange et on boit, on parle du printemps un peu trop pourri, des vignes en retard, du petit qui va se marier, de n’importe quoi qui puisse, avec le pain et le vin, faire passer l’amitié, comme un vent frais qui entre discrètement par la porte en faisant trembler le rideau.
Au bout d’un moment, profitant d’un peu temps de silence, l’ami dit : Au fait, tu voulais me parler de quoi exactement ?
On boit en souriant ce qui reste au fond du verre et on répond : Moi ? rien. Maintenant ça va !
La deuxième épître à Timothée du dimanche 3 novembre (2 Thessaloniciens 1.11-2.1)
Rester ferme dans la fidélité
Le contexte – La deuxième épître aux Thessaloniciens
L’authenticité paulinienne de la deuxième épître aux Thessaloniciens est interrogée, mais ce qui est sûr c’est que nous devons la lire en lien avec la première épître à cette Église qui est considérée comme l’ouvrage chrétien parvenu jusqu’à nous le plus ancien.
Dans la première épître, Paul avait parlé de l’imminence de la venue du Seigneur, mais la réalité de l’Église est celle de l’épreuve et de la persécution. Dans le passage qui précède la lecture de cette semaine, l’auteur de l’épître encourage les Thessaloniciens dans leur fidélité en les assurant qu’ils seront récompensés pour leur persévérance et que leurs persécuteurs connaîtront un juste jugement.
Que dit le texte ? – La prière en faveur des Thessaloniciens
L’auteur de l’épître prie pour que les Thessaloniciens restent fermes et fidèles dans leur foi malgré les persécutions de sorte que le nom de notre Seigneur Jésus soit glorifié en vous.
Dans le langage du Nouveau Testament, la gloire est la révélation de la vérité d’une personne. Par leur fidélité, les Thessaloniciens sont les témoins de la fidélité de Dieu qui accompagne ses enfants jusque dans leurs épreuves. Jésus n’a jamais promis à ses disciples qu’ils auront une vie facile, il leur a promis d’être à leurs côtés tous les jours.
Ensuite, l’apôtre évoque une situation particulière. À Thessalonique circule une lettre venant prétendument de nous, comme quoi le jour du Seigneur serait déjà là. Il répond à cette fausse information en appelant ses interlocuteurs à la vigilance : Ne vous laissez pas trop vite ébranler dans votre bon sens ni alarmer par un message inspiré. La foi n’exclut pas la sagesse et la prudence. Dans la première épître, Paul avait écrit : Examinez tout, retenez ce qui est bien (1 Th 5.21), il leur demande maintenant de ne pas se laisser égarer par ce qu’on appelle de nos jours des infox.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La venue de Jésus chez Zachée
Le récit de la venue chez Zachée nous invite à toujours convertir nos pensées sur Dieu. De par notre nature, nous imaginons un dieu qui approuve les justes et qui rejette les pécheurs. Dans l’évangile de cette semaine, Jésus honore un péager en lui proposant d’habiter chez lui car pour lui la miséricorde est première.
Contre tous les discours sur un Dieu qui juge et qui rejette, nous devons toujours revenir au Dieu de l’Évangile qui ne cesse d’accueillir ceux qui sont loin et dont son amour dure à toujours.
Le livre d’Esaïe du dimanche 2 novembre (Esaïe 45.22-24)
L’appel aux enfants d’Israël
Le contexte – Le livre d’Ésaïe
La deuxième partie du livre d’Ésaïe évoque la fin de la période de l’exil, au moment où la Perse a remplacé Babylone comme empire dominant du Moyen-Orient. Cyrus ordonnera le retour des exilés dans leur pays d’origine et la reconstruction du temple.
Ésaïe interprète cet événement comme dirigé par le Seigneur qui appelle le roi perse, mon berger, et même l’homme qui a reçu l’onction, ce qui signifie le messie. Le Seigneur peut utiliser un roi étranger car il est le Seigneur du ciel et de la terre, c’est lui qui donne la victoire aux vainqueurs. Quand il apporte le salut à son peuple, toutes les nations peuvent le reconnaître.
Que dit le texte ? – Tournez-vous vers moi
Tournez-vous vers moi et soyez sauvés, Dieu se prépare à libérer son peuple, mais ce dernier doit se préparer à vivre la libération. Cet appel ne s’adresse pas qu’à ceux qui sont à Babylone, mais aussi à ceux qui sont aux extrémités de la terre. Ce sont tous les enfants d’Israël, où qu’ils soient, qui doivent revenir.
Je suis Dieu et il n’y en a pas d’autres. La foi consiste à refuser de s’incliner devant n’importe quel autre dieu que le Seigneur de l’histoire, du ciel et de la terre. Comme le disait l’écrivain anglais G. K. Chesterton : « Lorsqu’on cesse de croire en Dieu, ce n’est pas que l’on ne croit plus en rien, mais que l’on croit en n’importe quoi. »
Je le jure par moi-même, de ma bouche sort ce qui est juste. La justice de Dieu, c’est qu’il se prépare à libérer son peuple, de même que dans le Nouveau Testament, la justice de Dieu, c’est que Dieu nous voit justes en Jésus-Christ. La justice de Dieu, c’est sa libération et son pardon.
Dans le Seigneur… résident la justice et la force. Les deux sont associées selon l’aphorisme de Pascal : « La justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique… Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. »
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La venue de Jésus chez Zachée
Un qui était loin et qui s’est tourné vers le Seigneur parce qu’il a entendu une parole de justice, c’est Zachée. C’était aussi un enfant d’Abraham. Il était loin, mais Jésus a déclaré qu’il était venu chercher et sauver ce qui était perdu.
Parce qu’il a entendu la parole de justice d’un Dieu qui a compassion, il a répondu à cet appel en remboursant ce qu’il avait volé et en faisant preuve de générosité dans sa réparation.
Zachée est une belle réponse à l’appel qu’Ésaïe a adressé au nom de Dieu aux enfants d’Israël qui étaient en exil.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Christine Pedotti
