08.05.2022 : Jean 10. 27-30 – Les brebis du grand berger

Le grand berger

Introduction

Dimanche dernier, nous avons médité le texte dans lequel le ressuscité adressait sa vocation à Pierre, le premier de ses disciples, en lui demandant de prendre soin de ses moutons.

Dans le texte de ce matin, Jésus concentre son regard sur les moutons. Pour nous qui sommes sur un chemin de foi, que signifie être mouton du grand troupeau de ceux qui sont connus de Dieu.

La définition de la foi qui traverse ce récit repose sur plusieurs décalages.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Connaître Dieu, c’est se savoir connu

Jésus déclare : Mes moutons, je les connais. Avoir la foi, ce n’est pas connaître Dieu, mais c’est vivre dans l’assurance que Dieu nous connaît. Dieu nous connaît avant même que nous le sachions.

C’est le mouvement de Paul qui parle de l’origine de sa foi dans l’épître aux Galates. Il dit : Quand il a plu à Dieu, qui m’a mis à part depuis le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler en moi son Fils… (Ga 1.15-16). Quand le Christ s’est révélé à Paul, ce dernier s’est rendu compte qu’il était à ses côtés depuis le commencement de son histoire.

La foi est l’assurance que Dieu nous connaît.

La technique du contre-pied

Dans ses modes de communication, Jésus utilise régulièrement la technique du contre-pied pour appeler ses interlocuteurs à porter un regard différent sur des événements. Nous la voyons à l’œuvre devant le risque de lapidation.

Lorsque le texte dit que les religieux ramassent des pierres pour le lapider, Jésus pourrait fuir, ou se défendre. Il répond au risque de mort par de l’humour : Je vous ai montré beaucoup de belles œuvres venant du Père. Pour laquelle de ces œuvres allez-vous me lapider ? (v.32). En refusant de se défendre et en renvoyant ses agresseurs à leur motivation, Jésus sauve sa peau.

Pistes d’actualisation

1er thème : Mes moutons entendent ma voix et ils me suivent

J’ai dit dans le premier point d’exégèse que la foi ne se définissait pas par la connaissance de Dieu, mais par le fait qu’on est connu de Dieu. Se savoir connu de Dieu, n’est pas inné, il faut faire la démarche de se mettre à l’écoute de la parole de l’Évangile.

Une fois qu’on a entendu qu’on était connu de Dieu, il reste un deuxième pas à faire, c’est de suivre le Christ. La foi n’est pas statique, elle est une marche.

Lorsque Dieu a adressé à Abraham sa vocation, il lui a dit : Va-t’en de ton pays… vers le pays que je te montrerai. Il ne lui dit pas où il doit aller, il lui dit que c’est en marchant qu’il le découvrira.

2e thème : La vie éternelle

Jésus dit de ses moutons : Je leur donne la vie éternelle ; ils ne se perdront jamais, et personne ne les arrachera de ma main. Dans l’évangile de Jean, la vie éternelle n’est pas la vie perpétuelle, mais une vie inscrite dans l’éternité de Dieu. Personne ne peut l’ôter, car elle ne dépend pas de nous, mais du Christ.

Si la vie éternelle, c’est être connu du Christ, elle est indestructible. Je peux m’éloigner du Christ dans mon parcours de foi, mais je ne peux empêcher qu’il me connaît parce que je fais partie de son troupeau. Et s’il m’arrive de me perdre, alors la parabole de la brebis perdue me rappelle qu’il ne cesse de me chercher.

3e thème : Moi et le père nous sommes un

Cette expression est une affirmation théologique fondatrice sur Dieu. Le mot Dieu est le mot le plus ambigu de notre vocabulaire car il a autant de signification différente que de personnes. Sur Dieu, nous ne pouvons rien dire car nous ne pouvons l’appréhender qu’à partir de notre humanité, or il est au-delà de notre humanité. Si de Dieu nous ne pouvons rien dire, nous pouvons écouter ce qu’il nous dit de lui. Dans ce passage, le Christ nous dit qu’il est un avec le père, c’est-à-dire que c’est par le Christ que nous avons accès à Dieu.

Chaque fois que nous nous posons une question sur Dieu, nous n’avons qu’une chose à faire : regarder au Christ.

Une illustration : La crainte de Dieu, c’est se savoir aimé

À propos du renversement de la foi, un sage demande à ses disciples en quoi consiste la véritable crainte de Dieu. Ils répondent : « À aimer Dieu. » Le maître secoue la tête : « Pas au sens qu’on donne habituellement à l’expression aimer Dieu, car celui qui se dit : “J’aime Dieu“ se trouve encore sous la contrainte. Vous devez dire : “Je crois fermement que Dieu m’aime“. Telle est la véritable crainte de Dieu.

Pour aller plus loin :
Le pasteur Antoine Nouis reçoit Christine Pedotti, écrivain, journaliste et directrice de la rédaction de Témoignage Chrétien, pour discuter de Jean 10, 27-30 https://campusprotestant.com/video/lapparition-de-jesus-apres-sa-resurrection/

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis