12.12.2021 : Luc 3. 10-18 – La prédication du baptiseur

La prédication de Jean

Introduction

Dimanche dernier, nous avons vu que le baptiseur était décrit dans les catégories des prophètes du Premier Testament, l’évangile de ce dimanche donne un aperçu de sa prédication. Il a une parole de prophète en appelant ses interlocuteurs à la droiture et à la justice.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Que devons-nous faire : un peuple qui écoute

Devant la parole du prophète, il y a ceux qui veulent le faire taire et ceux qui écoutent. Comme le peuple est dans l’attente (v.15), il a la sagesse de demander ce qu’il doit faire, ce qui est la marque d’une démarche de foi.

L’attitude de la foule nous enseigne. Quand on ouvre une page d’Évangile, toujours se demander : que dois-je faire pour vivre ce qui est enseigné ?

Titre : Jean désigne un autre que lui-même

Quand le peuple se demande si Jean n’est pas le messie attendu, il s’efface pour désigner un autre que lui-même : ce serait trop d’honneur pour moi de délier la lanière de ses sandales. L’iconographie le désigne souvent avec le doigt pointé sur le Christ.

L’histoire montre que les disciples de Jean vont être en concurrence avec ceux de Jésus. Malgré cela, le baptiseur à l’humilité de s’effacer devant celui qui est plus grand que lui. En cela, il fait œuvre d’humilité. La vraie humilité ne consiste pas à s’abaisser soi-même, mais à élever les autres.

Pistes d’actualisation

1er thème : Prédication du baptiseur

À la réponse : Que devons-nous faire ? Jean répond par quelques règles de droiture et de générosité, partager sa tunique et sa nourriture, ne pas exiger plus que ce qui est demandé, ne faire de violence à personne et n’accuser personne à tort. Il s’agit en somme de la morale naturelle, ce qui rappelle le verset qui résume la partie pratique du sermon sur la montagne : Tout ce que vous voulez que les gens fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux (Mt 7.12). Parfois cela paraît simple, mais comme le disait un sage à quelqu’un qui lui faisait remarquer que la règle était trop facile : « Un enfant de huit ans le sait peut-être, mais un vieillard de quatre-vingts ans a du mal à le mettre en pratique. »

La démarche éthique consiste à écouter son désir et à l’appliquer au prochain : Tu veux être aimé, aime ; tu veux être écouté, écoute ; tu veux être honoré, honore ; tu veux être aidé, aide ton prochain. Jésus a raison, c’est là la Loi et les Prophètes.

2e thème : L’Esprit et le feu

Le baptiseur dit du Christ : Lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu.

L’Esprit est le souffle de Dieu promis par le prophète Ézéchiel : Je vous donnerai un cœur nouveau et je mettrai en vous un souffle nouveau ; j’ôterai de votre chair le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon souffle en vous et je ferai en sorte que vous suiviez mes prescriptions, que vous observiez mes règles et les mettiez en pratique (Ez 36.26-27). Le souffle de Dieu est ce qui nous donne l’intelligence des Écritures, voir le monde comme Dieu le voit, le comprendre comme il le comprend.

Le feu est un symbole de jugement ou de purification. Jésus l’évoquera en lien avec la croix : Je suis venu mettre un feu sur la terre ; comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! (Lc 12.49-50).

3e thème : Le jugement

Il a sa fourche à la main, il va nettoyer son aire ; il recueillera le blé dans sa grange, mais il brûlera la paille dans un feu qui ne s’éteint pas, ce qui est une autre évocation du jugement de Dieu. Il y a deux façons d’aborder cette notion.

On peut comprendre le jugement comme la séparation entre les justes et les injustes, c’est la vision qu’en a le Baptiseur, mais ce n’est pas sûr que ce soit celle du Christ.

Une autre façon de comprendre le jugement l’interprète comme la séparation entre le juste et l’injuste qui se partagent notre vie. Lu de cette façon, le jugement devient la purification qui brûle tout ce qui n’est pas important pour ne laisser subsister que le meilleur dans une vie.

Quand l’Esprit souffle sur une histoire, qu’est-ce qui demeure ? Le jugement nous aide à faire le tri entre ce qui est important et ce qui relève de la futilité.

Une illustration : La Bonne nouvelle du jugement

Au commencement de ma vie de foi, je n’étais pas à l’aise avec la notion de jugement car j’y voyais la marque d’un Dieu justicier. En avançant en âge, je me suis réapproprié cette notion car elle est la conséquence de la dignité de ma personne. Devant Dieu mes choix de vie et mes combats ne sont pas indifférents. Je peux appeler la relecture de mon histoire devant Dieu car je sais que j’ai un bon avocat.

Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Laurence Belling, protestante réformée, chargée de la catéchèse des jeunes dans son église, pour discuter de Luc 3, 10-18 :

Les fruits du changement radical

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis