22.05.2022 : Jean 14.23-29 – Le don de l’Esprit

La promesse de l’Esprit

Introduction

La semaine dernière, nous avons médité l’introduction du testament de Jésus qui appelle ses disciples à s’aimer les uns les autres. Dans la suite de son témoignage, Jésus prolonge son appel à l’amour en les appelant à l’aimer. Pour ce faire, ils devront garder ses commandements.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Perspective de la croix

Rappelons que le récit se situe dans le testament de Jésus, ce passage dans lequel il récapitule l’essentiel de son enseignement et où il les prépare à poursuivre le témoignage lorsqu’il ne sera plus avec eux.

On s’attendrait à un discours tragique face au déferlement du mal qui va engloutir les disciples, et pourtant il leur parle de paix : Je vous laisse ma paix, et de joie : Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais vers le Père.

La vie de l’Esprit donne une joie et une paix qui sont plus grandes que toutes les tragédies de notre monde.

Paraclet

L’Esprit est appelé paraclet, terme habituellement traduit par défenseur ou avocat. Étymologiquement, le mot vient du verbe parakaleô qui signifie appeler auprès de soi. Le paraclet est celui qu’on invoque lorsqu’on se sent attaqué et qu’on a besoin de soutien. Comme le dit le Psaume 50 : Invoque-moi au jour de la détresse : je te délivrerai (Ps 50.15). Jésus promet à ses disciples qu’ils ne seront jamais abandonnés, quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent, ils pourront toujours invoquer l’Esprit.

Pistes d’actualisation

1er thème : Aimer Dieu, c’est garder sa parole

Que signifie aimer Dieu ? L’expression est un anthropomorphisme, mais comment l’interpréter ? Le verset propose une piste : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole. Aimer Dieu, c’est méditer l’Évangile, garder sa parole au sens de la protéger, la cultiver, la faire grandir.

Dans le quatrième évangile, la foi n’est pas exprimée en termes de croyance, mais d’habitation : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui. Avoir la foi, c’est demander à Dieu de faire sa demeure en nous et de vivre à partir de cette habitation.

2e thème : Formulation trinitaire

Nous ne trouvons pas dans le Nouveau Testament de présentation du dogme de la Trinité qui s’est progressivement défini à partir de la fin du deuxième siècle. Si le dogme trinitaire ne se trouve pas dans les Écritures, nous y trouvons des formules qui associent les trois personnes de la Trinité, comme dans notre passage qui dit que le Père et le Fils habitent chez les disciples et que le Père envoie l’Esprit saint au nom du Fils.

Utiliser la Trinité pour essayer de définir Dieu, cela relève de la quête des théologiens, en ce qui nous concerne, nous voulons écouter ce que cela dit à notre foi. La Trinité nous parle d’un Dieu qui ne se laisse pas enfermer dans une définition et qui nous rejoint à travers la majesté du Père, l’amitié du Fils, l’habitation de l’Esprit.

3e thème : je vous donne ma paix

Jésus promet la paix aux disciples, mais pas comme le monde la donne. Ce qui signifie qu’il y a plusieurs sortes de paix. Nous pouvons faire la distinction entre la pax romana et le shalom biblique. La première repose sur la soumission politique, économique, culturelle et religieuse alors que le second est associé dans le Bible à la justice, à la prospérité et à l’harmonie entre les humains.

La pax romana fait référence à l’absence de conflit alors que le shalom est une habitation. Jésus ne promet pas à ses disciples la pax – dans d’autres textes, il leur a promis la persécution – mais une paix intérieure qui n’est pas de ce monde. Nous viendrons à lui et nous ferons notre demeure auprès de lui disent le Père et le Fils.

Une illustration

Le mot paix, shalom, s’écrit en hébreu avec trois lettres : le Chin (Ch), le Lamed (L) et le Mem (M). Dans la tradition rabbinique un mot est associé à chaque lettre, la lettre Chin symbolise le feu (esh en hébreu), le Lamed le cœur (leb) et le Mem l’eau (mayim). Ainsi le mot paix s’écrit avec trois lettres qui représentent le feu, le cœur et l’eau. Le feu et l’eau sont antagonistes puisque l’eau éteint le feu et que le feu assèche l’eau. Le shalom apparaît lorsque nous arrivons à faire vivre en harmonie l’eau et le feu.

Nous le savons, nous sommes pleins de contradictions intérieures entre ce que nous croyons et ce que nous vivons. La paix que promet le Christ par son Esprit est la réconciliation de toutes les tensions qui sont en nous.

Pour aller plus loin :
Le pasteur Antoine Nouis reçoit Christine Pedotti, écrivain, journaliste et directrice de la rédaction de Témoignage Chrétien, pour discuter de Jean 14, 23-29 :

Comment comprendre la promesse du don du Saint-Esprit ?

Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis