La doctrine du péché originel, souvent mal comprise et mal interprétée à travers les âges, a fait l’objet de nombreux débats et discussions théologiques. Jean-Marie Salamito, historien, spécialiste de l’histoire du christianisme antique, jette une lumière nouvelle sur cette pierre angulaire de la théologie chrétienne, offrant des clarifications qui remettent en cause des idées fausses de longue date liées aux enseignements de saint Augustin et, plus tôt, de l’apôtre Paul.

Les racines de la doctrine
Le péché originel suppose que le péché commis par Adam et Ève – les premiers hommes selon la tradition judéo-chrétienne – a des répercussions sur l’ensemble de l’humanité. Cette doctrine suggère une condition humaine commune, celle d’un péché inhérent dès la naissance, qui nécessite une rédemption divine. Dans une analyse détaillée, Jean-Marie Salamito a fait remonter ces concepts à leur origine scripturale dans les écrits de saint Paul, plutôt que de les attribuer uniquement à saint Augustin, comme on le croit généralement.

Idées fausses sur la sexualité et le péché
L’une des clarifications les plus importantes concerne la relation entre le péché originel et la sexualité humaine. Contrairement à la croyance populaire selon laquelle le péché originel est intrinsèquement lié aux actes ou aux désirs sexuels, Jean-Marie Salamito explique que le problème central est celui de l’orgueil et de la désobéissance, et non celui de la sexualité. Dans le jardin d’Eden, la sexualité d’Adam et d’Eve s’exprimait dans un état d’innocence et de contrôle total, sans la honte et la culpabilité qui allaient être introduites plus tard par le péché.

La chute de l’homme a provoqué une disharmonie entre le corps et l’âme, faussant non seulement la sexualité humaine, mais aussi tous les désirs humains. C’est à ce déséquilibre que s’attaque la doctrine du péché originel. Ce n’est pas l’acte sexuel, mais le désordre introduit dans la nature humaine par la transgression originelle que la doctrine met en lumière.

Les interprétations culturelles erronées et leur impact
Jean-Marie Salamito aborde également la manière dont les attitudes culturelles et les préjugés personnels ont historiquement influencé l’interprétation du péché originel, le liant souvent à divers problèmes humains tels que la sexualité, déformant ainsi son fondement théologique. Ces interprétations erronées ont perpétué un cycle de culpabilité et d’incompréhension, ayant un impact sur les enseignements chrétiens et la spiritualité personnelle des croyants.

Un appel à la clarté et à la compréhension
La nouvelle perspective offerte par Jean-Marie Salamito ne clarifie pas seulement la véritable essence du péché originel, mais appelle également à une réévaluation de la manière dont ces anciennes doctrines sont enseignées et comprises dans les contextes chrétiens modernes. En éliminant des siècles d’accrétions culturelles et en se concentrant sur les significations scripturaires originales, l’objectif est de favoriser une compréhension plus profonde de la nature humaine, de la grâce divine et de la rédemption.

Cette compréhension renouvelée promet d’alléger certains des fardeaux de culpabilité et de honte traditionnellement associés au péché originel et de renforcer le message d’espoir et de salut qui se trouve au cœur de la doctrine chrétienne. À mesure que l’Église progresse, cette clarté sera cruciale pour aider les croyants à réconcilier leur foi avec leurs expériences humaines, ce qui conduira à une pratique du christianisme plus profonde et plus compatissante.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Entretien mené par : Jean-Luc Mouton
Intervenant : Jean-Marie Salamito