28.11.2021 : Luc 21.25-36 – Le règne est proche, alors priez
Veillez et priez
Introduction
Nous sommes le premier dimanche de l’avent. Le mot avent à la même étymologie que aventure, les deux sont orientés vers ce qui advient. Quand Dieu vient à nous, c’est toujours une aventure.
Ce premier dimanche de l’avent nous rappelle que ce qui vient c’est la terreur et l’angoisse. Ce texte nous rappelle s’il en était besoin que l’histoire est tragique. Nous sommes invités à nous armer pour traverser l’épreuve.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
1 – Signes cosmique
Notre texte parle de signes cosmiques : des signes qui apparaissent dans le soleil, la lune et les étoiles, de puissances des cieux qui sont ébranlées et du Fis de l’homme qui vient sur une nuée. Ils appartiennent au langage de l’Apocalypse qui utilise un vocabulaire codé pour parler des épreuves de notre temps. Le temps parle d’une explosion finale à la fin des temps, mais des différentes épreuves que nous sommes appelés à traverser. Pour la première Église, ce fut la persécution puis chaque époque a eu son lot. Quelles sont les épreuves de notre temps ? À quelles résistances sommes-nous appelés ?
2 – Image du figuier
Le figuier est un arbre qui symbolise souvent Israël dans le Premier Testament. Il donne des fruits délicieux et a une ombre rafraîchissante. Dans cet évangile, Jésus avait raconté l’histoire d’un figuier qui ne portait pas de fruits et qu’un vigneron proposait de soigner (Lc 13.6-9). Voilà maintenant ce même figuier qui commence à bourgeonner. Dans ce passage qui parle de malheurs, le figuier est un signe d’espérance qui évoque la fin de l’hiver et la venue du printemps.
La Bible parle de grand malheur, mais elle dit aussi que le malheur n’est pas le dernier mot de l’histoire.
Pistes d’actualisation
1er thème : L’avent
Le temps de l’avent nous rappelle que la foi n’est pas de l’ordre du savoir ou de la possession, mais de la quête et de la brûlure.
Attendre Dieu, c’est s’éloigner des deux positions que sont le dogmatisme et le scepticisme. Le dogmatique n’attend pas car il croit tout savoir et le sceptique n’attend pas car il pense qu’il n’y a rien à recevoir. Il est difficile de croire en Dieu tout en disant que nous l’attendons, c’est pourtant sur cette ligne de crête que nous devons nous tenir.
L’avent est la protection contre toutes les idolâtries car il induit qu’on ne peut posséder le Seigneur.
2e thème : Contre l’alourdissement du cœur
Prenez garde à vous-mêmes, de peur que votre cœur ne s’alourdisse dans les excès, les ivresses et les inquiétudes de la vie. L’image est éloquente. Lorsque notre corps s’empâte, il est moins souple, moins vif, moins endurant. Il a alors besoin d’exercice pour retrouver sa jeunesse. Il en est de même de notre foi qui a besoin de retrouver sa souplesse. Les exercices proposés dans ce passage sont la prière et la veille.
Ce qui alourdit notre cœur, ce sont les excès, les ivresses. Les plaisirs de la vie ne sont pas interdits, mais lorsqu’ils sont en excès, il arrive un point de retournement où les plaisirs deviennent des servitudes qui nous alourdissent. Il convient de rester souples et légers dans notre vie et dans notre foi.
3e thème : Veillez et priez
Souvent on entend dit : « À quoi ça sert de prier puisque Dieu sait ce qu’il nous faut ? » La réponse se trouve dans ce passage. Le propre de la prière est de nous garder éveillés et de lutter contre les tentations. La grande tentation de notre monde est le conformisme, c’est de prêter une trop grande attention à la petite voix qui nous susurre à l’oreille : « À quoi ça sert d’être fidèle à l’Évangile ? Fais comme tout le monde, mange, bois, profite de la vie, consomme, brille, cherche le pouvoir, soit le maître de tes valeurs, oublie tes engagements de jeunesse. Ce qui est à la mode aujourd’hui, c’est d’être mobile, adapté et surtout de ne pas rater le dernier train de ce qu’on doit penser… tu peux même essayer de le précéder ! » Que nous le voulions ou non, nous sommes influencés par la façon de penser de notre monde, notre raisonnement est formaté par l’époque dans laquelle nous vivons.
Les valeurs de notre monde sont comme un gaz incolore, inodore et sans saveur que nous inhalons sans nous en rendre compte. La veille et la prière sont comme des antidotes qui nous enracinent dans l’Évangile. Nous avons besoin de spiritualité, d’écoute et de prière, pour entrer en résistance contre le discours ambiant et majoritaire de notre époque.
Une illustration – Syndrome d’Alzheimer
Dans la Bible, le grand reproche que Dieu fait à son peuple est de l’avoir oublié.
Celui qui perd la mémoire est menacé par le syndrome d’Alzheimer : il ne sait plus qui il est et il se laisse conduire par les aléas de la vie.
Le contraire de l’oubli, c’est la mémoire qui donne de l’épaisseur à notre histoire et qui nous aide à agir avec sagesse. Veillez et priez pour nous souvenir d’où vient et où on va, veiller et prier pour donner du poids à nos paroles et à notre vie.
Pour aller plus loin :
Le théologien Antoine Nouis reçoit Laurence Belling, protestante réformée, chargée de la catéchèse des jeunes dans son église, pour discuter de Luc 21, 25-36 :
Production : Fondation Bersier
Intervenant : Antoine Nouis