16.07.2023 : Mt 13.1-23 – Parabole du semeur
Le semeur sortit pour semer
Introduction
L’évangile de Matthieu est organisée autour de cinq discours de Jésus. Nous avons déjà vu le sermon sur la montagne qui définit l’éthique du Royaume de Dieu (chapitres 5 à 7), puis l’envoi des disciples qui est la proclamation de ce règne. Le chapitre 13 rapporte les paraboles du Royaume qui souligne le mystère du règne de Dieu.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Le semeur
Le semeur est sorti pour semer. Les auditeurs de Jésus savent ce qu’est un semeur, mais voilà que celui de la parabole se met à avoir un comportement singulier : il lance sa semence dans les ronces, sur les chemins et dans les endroits pierreux. Vu le prix du grain, ce n’est vraiment pas raisonnable !
Qui est le semeur ? Les auditeurs s’interrogent, mais ils peuvent se reconnaître dans cet homme dont le travail n’est pas récompensé. Peut-être même leur est-il arrivé, à eux aussi, de voir leur semence mangée par les oiseaux, de voir leurs labours piétinés, de trouver qu’après avoir travaillé pendant des jours pour enlever les pierres de leur champ, il en restait toujours autant.
Cette parabole leur parle d’eux
La semence qui rencontre la bonne terre
Après les ronces et les pierres, voilà qu’une partie de la semence rencontre une bonne terre et se met à avoir des rendements prodigieux : trente, soixante, cent fruits pour une seule graine.
La parabole devient une image de la grâce car si toutes les semences avaient cette qualité, cela ferait longtemps que le semeur serait riche et qu’on ne parlerait plus de famine ni de disette. Une image du royaume !
Pistes d’actualisation
1er thème : Le cheminement de la parabole
Quand ils entendent la parabole, les auditeurs commencent par s’identifier à ce semeur qui est dans l’espérance d’une terre accueillante pour sa semence.
La perspective change lorsque les hommes ont compris qu’ils ne devaient pas s’identifier au semeur, mais à la terre. L’histoire ne parle pas tant de semailles, de rendements et d’agronomie que de leur terre. Elle parle des pierres qui encombrent leurs jardins, les pierres de leurs ressentiments et de leurs amertumes.
Progressivement, à ceux qui avaient des oreilles pour entendre, cette histoire a parlé de leur vie, de leurs échecs et de leurs désillusions, de leur peine et de leurs blessures. Au cœur des lourdeurs et des contradictions de leur vie, ils ont aussi entendu une parole d’espérance, celle d’une semence qui pouvait avoir des rendements fantastiques.
2e thème : Pourquoi Jésus parle-t-il en paraboles ?
Lorsque la question est posée à Jésus, il répond qu’on donnera à celui qui a, et qu’il sera dans l’abondance, alors qu’on enlèvera le peu qu’il a à celui qui n’a pas. Depuis cette parabole on appelle « effet Matthieu » le fait que les riches sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres.
Scandaleux dans le domaine économique, ce principe s’applique aux réalités spirituelles. Celui qui soigne sa foi grandira en foi et celui qui la néglige la verra s’étioler.
La fécondité est promise à celui qui écoute la parabole avec des oreilles pour entendre ce qu’elle raconte à son histoire.
3e thème : Pour qu’en voyant ils ne voient pas, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent.
Jésus parle du mystère du règne des cieux en termes d’obscurité : certains ne voient pas, ne comprennent pas la grâce de l’Évangile.
Dans la Bible, le mystère n’est pas ce qui est caché, mais ce qui est révélé aux disciples. Jésus a rencontré des oppositions dans son ministère. Dans les passages qui précèdent, il a parlé de persécutions, de divisions dans les familles, de religieux qui cherchent à le faire taire.
Cette parabole dévoile les oppositions à l’Évangile, ce sont la dureté des cœurs, le découragement, les inquiétudes. Les insuccès de l’Évangile peuvent décourager, mais nous dit Jésus : Heureux celui qui a le cœur assez ouvert pour entendre ce que dit la parabole.
Une illustration : La parabole du grain de blé
Si le grain ne meurt, dit Jésus, il ne porte pas de fruit. La foi est à l’image de ce chemin qui invite à perdre pour trouver comme le raconte la parabole du grain de blé.
« Dans son grenier, le grain de blé est heureux. Il règne une douce chaleur et il est en compagnie de ses amis. Un jour il est mis en sac, transporté jusqu’au moment où il sent une main le saisir. Il est jeté en l’air et tombe dans une terre, froide. Il s’enfonce dans une atmosphère sombre et humide. Avec le temps, il sent que l’humidité fait craquer son épiderme. Elle pénètre jusqu’au plus profond de son être. Dans la nuit, le froid et la solitude il meurt doucement.
Quelque temps plus tard, une timide racine sort de la graine pour s’enfoncer dans le sol. Encore quelque temps et une jeune pousse se dirige, elle, vers le haut. Elle traverse la terre et arrive à la lumière. Lorsque le printemps paraît, la pousse se transforme en tige, puis en épi, et chaque épi donne trente, soixante, cent grains nouveaux. »
Une image du règne de Dieu !
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis