L’évangile du dimanche 12 janvier

Luc 3.15-22 – La deuxième naissance de Jésus

Introduction

Pendant les dimanches de l’avent, nous avons médité sur la personne de Jean comme le nouvel Élie qui annonce la venue d’un libérateur, puis sur sa prédication en réponse à ceux qui lui demandaient ce qu’ils devaient faire.

Après la parenthèse des récits du temps de Noël, nous retrouvons le personnage de Jean alors que Jésus va se baptiser.

Les récits de Noël parlent de la naissance humaine de Jésus, ils sont suivis du récit de son baptême qui parle de sa naissance spirituelle. Ces deux récits évoquent deux naissances, humaine et spirituelle.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : L’historicité du récit

Le travail des exégètes consiste à se demander ce qui dans les paroles et les actes de Jésus est sûrement authentique et ce qui l’objet de reconstruction de la mémoire. Ils répondent que son baptême est très probablement historique car il a gêné la première Église. En effet le livre des Actes montre que les disciples du Christ étaient en concurrence avec ceux de Jean et il était gênant pour eux d’entendre que le Christ se soit fait baptiser par Jean.

Titre : Construction littéraire

Pour atténuer ce message, Luc place le récit du baptême après l’arrestation du baptiseur pour bien montrer que le ministère de Jésus suit celui de Jean et qu’il l’accomplit.

C’est dans cette même veine que nous lisons le verset dans lequel le baptiseur dit que Jésus est plus grand que lui et qu’il n’est pas digne de délier la lanière de ses sandales.

Pistes d’actualisation

1er thème : L’évangile de l’arrestation de Jean

Le texte dit que Jean annonçait l’Évangile, la bonne nouvelle, mais que Hérode l’a fait enfermer car le baptiseur dénonçait sa façon de vivre.

Pour le peuple, la bonne nouvelle de l’Évangile est que le pardon était pour eux à portée de baptême. Une nouvelle vie était possible, les hommes et les femmes n’avaient plus besoin de passer par les médiations religieuses des prêtres et des rites de purification pour avoir un accès à une vie libérée.

La deuxième bonne nouvelle, c’est que Jean n’avait pas peur de dénoncer les turpitudes des grands. Il osait dire tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Ça lui coûtera sa liberté, puis la vie, mais il n’a pas transigé avec la vérité.

2e thème : La colombe et la voix

Lorsque Jésus est baptisé, le texte dit que l’Esprit est descendu sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe. Il n’est pas une colombe, mais comme une colombe. La présence de Dieu est souvent intime, personnelle, mais pour Jésus elle a pris l’image d’une colombe.

Dans le récit de Noé, la colombe est un symbole de paix et d’espérance.

Dans le Premier Testament, le mot colombe se dit Yonah, qui a donné le nom de Jonas. Dans l’évangile, il est souvent dit de Jésus qu’il accomplit le signe de Jonas qui est l’ouverture du pardon de Dieu aux Ninivites ennemis.

3e thème : Jésus baptisé pour le pardon des péchés

Jésus a reçu le baptême avec tout le peuple. On l’imagine faisant la queue avec les autres habitants de Jérusalem pour se faire baptiser.

Les commentaires se sont demandé pourquoi il a eu besoin de se faire baptiser pour le pardon des péchés alors que la tradition dit qu’il était sans péché. Ils ont répondu que Jésus est entré dans notre humanité jusque dans son besoin de repentance.

Enfin on peut remarquer que c’est lorsqu’il est le plus humain qu’il est désigné comme le fils bien-aimé de Dieu qui accomplit son plaisir. C’est quand il est le plus petit qu’il est le plus grand, quand il est le plus humble qu’il est le plus élevé.

Une illustration

Le père de l’Église Maxime de Turin se demande pourquoi Jésus a eu besoin de se faire baptiser. Il a répondu : « Le Christ est baptisé non pour être sanctifié par les eaux, mais pour sanctifier lui-même les flots qu’il touche… Dès le moment où le Sauveur est lavé, toutes les eaux deviennent pures en vue de notre baptême. » Selon cette lecture, par son baptême rend possible notre propre baptême pour que nous puissions entendre sur chacun d’entre nous la parole qui dit : Tu es mon enfant bien-aimé ; c’est en toi que j’ai pris plaisir.Le plaisir de Dieu, c’est l’humain à genoux devant lui et debout devant les autres.

Le livre de Tite du dimanche 12 janvier

 Tite 2.11-14,3.4-7 – Grâce de Dieu  

Paroles de salut 

Le contexte – L’épître de Tite 

Cette épître s’adresse à un responsable d’Église. Elle est signée de Paul, et les commentaires l’attribuent à un Paul vieillissant ou plus souvent à un de ses disciples. Les thèmes abordés évoquent l’installation de l’Église dans le temps et son institutionnalisation. Que ce soit Paul ou un de ses successeurs, il présente Tite comme un de ses disciples, et même son enfant véritable dans la foi, avec toute l’affection qui est attachée à cette expression.

Le passage proposé à notre lecture est bien de facture paulinienne puisqu’il déclare que la bonté et l’amour de Dieu pour les humains se sont manifestés non pas parce que nous aurions fait des œuvres de justice, mais en vertu de sa propre compassion (3.4-5). L’affirmation selon laquelle le salut de Dieu ne dépend pas de nos œuvres de justice, mais de sa seule bonté et de son amour pour les humains est le cœur de la foi de Paul. Toutes les exhortations pratiques de l’épître peuvent être lues comme des conséquences de la grâce selon les critères de son époque. Il nous appartient de faire ce travail d’interprétation pour notre temps. 

Que dit le texte ? – Le salut comme marque de la compassion de Dieu

Le passage proposé à notre lecture évoque les trois temps du salut.

Le passé : Elle s’est manifestée, la grâce de Dieu, source de notre salut.  Le verbe qui évoque la venue du Christ est conjugué l’aoriste, un temps qui évoque un acte accompli. À partir du Christ, la grâce n’est pas un sentiment ou un attribut, mais un acte qui a été posé. Même Dieu ne peut défaire ce qui a été fait, il ne peut revenir sur sa manifestation sous forme de grâce. Depuis Jésus-Christ, nous pouvons dire que la grâce appartient à son être.

Le présent : Elle nous apprend… à vivre dans le temps présent d’une manière pondérée, juste et pieuse. Cet enchaînement est typique de la théologie paulinienne : Je ne suis pas appelé à la justice pour que Dieu me soit favorable, mais parce que Dieu est grâce. La vie juste est une conséquence de la grâce. 

L’avenir : En attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ. Le salut est venu jusqu’à nous en attendant qu’il se manifeste pleinement au monde entier. Nous sommes totalement sauvés et nous sommes dans l’attente de sa pleine réalisation.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le commencement de l’Évangile

Le passage de l’évangile ne cache rien des violences de l’histoire puisqu’il parle de l’arrestation de Jean, mais la venue du Jésus et la manifestation de sa messianité au moment de son baptême parle d’un salut qui est entré dans l’histoire des humains. 

La foi ne nous invite pas à sortir de notre monde, mais à l’habiter et à y être témoins au milieu des contradictions et des vicissitudes de notre temps. 

Le livre d’Esaïe du dimanche 12 janvier

Esaïe 40.1-11 – Consolez mon peuple 

Paroles d’espérance 

Le contexte – Le deuxième Ésaïe 

Le livre d’Ésaïe évoque des événements qui s’étalent sur plus de deux siècles, depuis la chute de Samarie jusqu’au retour des exilés. 

Il comporte trois parties : la première fait référence aux événements qui se sont déroulés au VIIIe siècle (chute de Samarie et siège de Jérusalem par les Assyriens). La deuxième évoque la période de la déportation à Babylone. Elle commence par notre passage qui annonce une parole de consolation. Si l’exil a été un temps d’épreuve et de reconfiguration religieuse, le Seigneur annonce que Seigneur se prépare à se révéler à son peuple d’une manière nouvelle et glorieuse. Il n’est pas de nuit qui ne débouche sur un matin.

Dans la première partie, le prophète a souvent évoqué le petit reste à partir duquel Dieu reconstruit. C’est cette reconstruction qui est introduite par notre passage. 

Que dit le texte ? – Paroles de consolation

Dieu s’adresse au petit reste du peuple qui est en exil à Babylone pour lui annoncer qu’une nouvelle histoire commence. Nous relèverons trois points.

Consolez mon peuple. La consolation commence par une parole de pardon : Criez-lui que son combat est terminé, qu’elle s’est acquittée de sa faute. Le retour d’exil est considéré comme un recommencement, l’aube d’une nouvelle histoire, l’irruption d’un temps nouveau.

La gloire du Seigneur se révélera. Dans la Bible, la gloire de Dieu, c’est son être. L’être de Dieu, c’est qu’il est libérateur, qu’il commence une nouvelle histoire. Dans la Bible, les fidèles ont souvent traversé des épreuves, parfois terribles, mais ils ont toujours été relevés.

L’herbe se dessèche, la fleur se fane ; mais la parole de notre Dieu subsistera toujours. L’image de l’herbe qui se fane pour évoquer la précarité de notre humanité est classique dans la Bible (Ps 103.15-17), mais Dieu est plus grand que notre humanité. L’humain n’est qu’un brin d’herbe, mais dans la Bible, pour ce brin d’herbe un jour un Dieu est mort. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le commencement de l’Évangile

Que toute vallée soit élevée, que toute montagne et toute colline soient abaissées ! Les quatre évangiles font commencer le ministère du Christ par le cri du Baptiseur qui annonce un temps nouveau. Ils dressent un parallèle entre le retour d’exil et la venue du Seigneur.

Nous trouvons dans la deuxième partie du livre d’Ésaïe des passages qui ont une coloration christique comme les chants du serviteur. De fait l’Évangile est une nouvelle étape dans la relation de Dieu avec son peuple marquée par la consolation, le pardon et le recommencement.

En évoquant l’arrestation de Jean, l’évangile ne cache rien des contradictions de son temps, mais la dureté des événements n’empêchent pas que la consolation et le pardon sont à l’œuvre dans notre histoire. 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Christine Pedotti, Antoine Nouis