L’évangile du dimanche 14 juillet

11.07.2021 : Marc 6.7-13 – Envoi des Douze en mission

Jésus envoie ses disciples

Introduction

Après l’échec de sa prédication dans son pays, Jésus décide de donner de l’ampleur à son ministère en envoyant ses disciples en mission pour proclamer, pour libérer et pour guérir. Il leur fait des recommandations de sobriété pour que leur comportement soit en cohérence avec le message qu’ils doivent annoncer.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : Jésus donne autorité à ses disciples

L’autorité est la marque du ministère de Jésus. Lorsqu’il parle, les auditeurs sont étonnés par ce qu’il parle avec autorité. D’où vient l’autorité ? Dans ce récit elle est associée au comportement des disciples qui doivent voyager avec simplement un bâton, une paire de sandales et une seule tunique. L’autorité vient de la cohérence entre ce qu’une personne dit et ce qu’elle vit : l’autorité de la simplicité et des mains nues.

L’image de cette autorité est celle du Christ qui a été le maître de ses disciples en devenant leur serviteur, qui a révélé sa messianité en leur lavant les pieds.

Titre : Secouer la poussière

Si les disciples ne sont pas écoutés, ils doivent simplement secouer la poussière de leurs pieds et poursuivre leur chemin. Secouer la poussière, c’est une façon de dire : « Je prends acte que vous ne voulez pas accueillir la Parole, alors gardez votre poussière ! »

Jésus prépare les apôtres à n’être pas toujours bien reçus. Si on s’étonne que l’évangile ne soit pas toujours bien accueilli, on peut se souvenir qu’il en était de même au temps des apôtres. Le rejet fait aussi partie du programme.

Pistes d’actualisation

1er thème : Une Église aux mains nues

En voyageant avec un simple bâton et une paire de sandales, les apôtres sont les modèles d’une Église aux mains nues. Dans le livre des Actes, lorsque les apôtres se présentent à la porte du Temple où mendie un infirme, Pierre lui dit : Je ne possède ni argent, ni or ; mais ce que j’ai je te le donne : par le nom de Jésus-Christ, le Nazôréen, lève-toi et marche ! (Ac 3.6)

Face aux problèmes immenses de notre monde – les injustices, le chômage, la pollution, les maladies, les violences – l’Église n’a ni or ni argent. Elle n’est experte en rien du tout, elle n’a que sa parole et sa prière, mais c’est exactement ce dont notre monde a besoin.

2e thème : La prédication du changement radical

Les disciples sont appelés à prêcher le changement radical qui était déjà au cœur de la prédication du Baptiseur et de Jésus (Mc 1,4,15). Elle est la marque de la Bonne Nouvelle.

L’expression est la traduction du mot metanoïa qui signifie le changement (meta) de notre intelligence (noûs). Le mot employé pour dire l’intelligence (noûs) est beaucoup plus que la faculté de comprendre, il signifie la mentalité, le siège de la volonté et de la réflexion, le lieu de la pensée et du sentiment. Le changement radical est un changement de logiciel, c’est la transfiguration de notre intelligence pour voir et comprendre le monde comme Dieu le voit et le comprend.

3e thème : L’Église et les malades

Le récit dit que les disciples faisaient des applications d’huile à beaucoup de malades et les guérissaient. L’huile était utilisée comme médicament pour soigner les malades. Les disciples sont appelés à témoigner de l’amour de Dieu en soignant les malades. Ce n’est pas un hasard si dans l’histoire des missions, les envoyés au nom du Christ ont construit des chapelles, des écoles et des hôpitaux.

À propos de l’onction d’huile, un père du désert a fait la comparaison suivante : « Celui qui prend de l’huile dans le creux de sa main et en frotte un malade obtient pour lui aussi un avantage de l’onction : car l’huile pénètre sa propre peau. De même, si l’un de nous fait une prière pour un frère, il en partage le profit. » Il concluait son enseignement en disant : « Priez les uns pour les autres si vous voulez être guéris. »

Une illustration : Quelle radicalité ?

Jésus appelle ses disciples à prêcher le changement radical, mais de quelle radicalité s’agit-il ? Dans un de ses sermons, Martin Luther King a abordé cette question en déclarant : « Jésus n’était-il pas un extrémiste de l’amour… Amos n’était-il pas un extrémiste de la justice… Paul n’était-il pas un extrémiste de l’Évangile… la question n’est pas de savoir si nous voulons être des extrémistes, mais de quelle sorte d’extrémistes nous voulons être. Serons-nous des extrémistes pour l’amour ou pour la haine ? »

L’épître aux Ephésiens du dimanche 14 juillet

Ep 1.3-14 – La célébration de la gloire de Dieu

Le contexte – l’épître aux Éphésiens

L’authenticité paulinienne de l’épître aux Éphésiens est contestée pour des raisons de vocabulaire, mais elle trouve sa place dans le corpus du Nouveau Testament car elle développe le grand thème de la justification par grâce qui fait de la foi un don de Dieu (Ep 2.1-10).

Pour souligner que tout vient de Dieu, elle s’ouvre par un hymne qui dit la grandeur et la gloire du Christ. En plaçant ce texte qui était peut-être un hymne liturgique connu des Éphésiens, au commencement de son épître, l’auteur souligne que tout ce que nous avons de foi et de bonnes œuvres vient du Christ.

C’est cette prise de conscience qui permettra de mesurer ce que pourrait être la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur… de l’amour du Christ qui surpasse la connaissance (Ep 3.18-19).

Que dit le texte ? – La grandeur du Christ 

Chaque verset de cet hymne pourrait donner lieu à une prédication, nous retiendrons trois points.

Le Christ nous a choisi depuis la fondation du monde. L’hymne étend la seigneurie de la fondation du monde à la récapitulation de toutes choses en lui à la fin des temps. Il élargit l’espace des croyants pour les inscrire dans un plan qui dépasse leur compréhension. 

En lui nous avons la rédemption par son sang, le pardon des fautes. Ce Christ qui est au commencement et à la foi de tout est venu jusqu’à nous pour nous donner le pardon. Comme pour le Christ, son pardon dépasse ce que nous pouvons comprendre.

Le but de la vie chrétienne est de célébrer la gloire de ce Christ. Ainsi toute la vie chrétienne est inscrite dans cette célébration. Par ses paroles, ses gestes et ses relations, le fidèle est appelé à refléter cette gloire. 

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’envoi des disciples

Les disciples sont envoyés sans provisions, ni sac, ni monnaie, les mains vides, mais ils sont les serviteurs d’un Dieu qui les a choisis depuis avant la fondation du monde et qui les destine à être récapitulé en toutes choses à la fin des temps. 

Notre texte joue sur le contraste entre la simplicité du disciple et la grandeur de la parole dont il est le témoin.

Chaque fois que dans notre vie chrétienne nous sommes menacés par le découragement, nous ne devons jamais oublier que nous sommes les témoins d’une parole qui est au-delà de tout ce que nous pouvons comprendre. C’est cette assurance qui a poussé les apôtres sur les routes et qui les a conduits à témoigner dans tout l’Empire romain sans aucune autre arme que celle de leur parole et de leur espérance.

Le livre d’Amos du dimanche 14 juillet

Am 7.12-15 – Le prêtre contre le prophète

Le contexte – Qui était Amos ?

Amos se présente comme un éleveur de bovins et un cultivateur de sycomores (7.14) dans la région de Teqoa, dans le territoire de Juda (1.1). Il n’est ni prêtre ni un prophète officiel. Il a été appelé par Dieu pour aller en Israël – une terre étrangère pour lui – afin d’adresser un message aux hommes de ce pays.

À cette époque le royaume d’Israël jouissait d’une certaine prospérité qui s’est accompagnée d’un accroissement des inégalités. Le bouvier est envoyé pour dénoncer les injustices et les cérémonies idolâtres des prêtres qui cautionnent ces pratiques.

Il est le modèle du prophète qui s’oppose au prêtre en proclamant que pour Dieu la justice vaut mieux que les sacrifices (5.21-24). 

Que dit le texte ? – Le prêtre et le prophète

Dans les versets qui précèdent notre passage, Amatsia, le prêtre de Beth a demandé au roi Jéroboam II d’expulser Amos le prophète. Comme apparemment le roi n’a pas signé de décret d’expulsion, le prêtre demande directement à Amos de retourner dans son pays. Il lui dit qu’il ne peut continuer à parler en prophète à Beth-El sous prétexte que c’est un sanctuaire royal.

Le problème de Beth-El est que Jéroboam 1er, le premier roi du royaume du Nord, y a érigé un taurillon d’or pour faire concurrence au temple de Jérusalem (1 R 12.22-29). Nous sommes en présence d’un conflit entre un culte idolâtre et la parole qui vient de Dieu. Amatsia a bien compris que la parole d’Amos risquer de compromettre son commerce religieux, c’est pourquoi il lui demande de partir en le menaçant de le priver de pain et de parole. 

Quand une parole conteste, soit on se laisse contester soit on cherche à la museler, c’est cette dernière solution qu’a choisie Amatsia.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Envoi des disciples

En Israël, Amos n’était qu’un bouvier étranger, il n’avait que sa parole pour témoigner de la vérité de Dieu face aux autorités politiques, économiques et religieuses. Près de trois mille ans plus tard, cette parole est toujours aussi percutante pour notre époque.

Il est à l’image des disciples que Jésus a envoyés qui n’avaient ni pain, ni sac, ni monnaie, juste une tunique et une paire de sandales. 

Amos comme les disciples ont été les témoins de l’autorité d’une parole qui ne venait pas d’eux mais qui disait la vérité de Dieu à leurs interlocuteurs. 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Florence Taubmann, Antoine Nouis