L’évangile du dimanche 17 novembre
Marc 13.24-32 – La venue du fils de l’homme
Introduction
Lors de sa dernière semaine à Jérusalem, Jésus se trouve avec ses disciples devant le temple et ces derniers admirent la majesté du monument. Cela donne à Jésus l’occasion de tenir son discours sur la fin des temps en prophétisant la chute du bâtiment.
Comme l’annonce est explosive pour les religieux, Jésus utilise un langage codé, celui du langage apocalyptique, pour annoncer la crise qui se profile. Comme tout langage codé, il a besoin d’être interprété.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
1 – Nul ne connaît l’heure
Ce jour ou cette heure, nul ne les connaît, ni les anges du ciel, ni le Fils, personne sinon le Père. Jésus n’annonce pas un événement précis puisque nul ne connaît le jour ni l’heure, il déshistorise la fin des temps pour l’inscrire dans le présent de chacun de ses disciples. Pour chaque fidèle, c’est aujourd’hui que le Christ vient, c’est aujourd’hui que les idoles s’effondrent, c’est aujourd’hui qu’il juge le monde, c’est aujourd’hui qu’il rassemble ses élus.
2 – Image du figuier
Jésus utilise l’image du figuier dont la pousse des feuilles annonce la venue de l’été. Il avait déjà utilisé le figuier après l’épisode des rameaux comme image du temple qui est beau et majestueux, mais qui est stérile et que Jésus maudit. La pousse de nouvelles feuilles évoque une nouvelle saison. Après le temps de l’effondrement, vient le temps de la renaissance. Dans la Bible, il n’y a pas d’épreuve qui ne soit suivie d’un recommencement.
Pistes d’actualisation
1er thème : Le Christ vient
On verra le fils de l’homme venir. Le Nouveau Testament ne dit jamais que le Christ revient, mais qu’il vient. Dire que le Christ vient, c’est dire qu’il échappe à nos saisies, qu’il est au-delà de ce qu’on peut en dire.
Le théologien Jürgen Moltmann a parlé de christologie intégrale pour dire qu’à tout moment, le Christ est celui qui parle, qui guérit, qui est crucifié, qui ressuscite, qui est présent et qui vient. La foi est dans une tension permanente entre les différents temps du Christ.
Chaque fois que je suis menacé par le découragement dans ma foi, je peux me dire que le Christ vient dans mon histoire pour tout renouveler.
2e thème : La venue du Christ et la chute des idoles
La venue du Christ est accompagnée de signes cosmiques : l’obscurcissement du soleil et de la lune, ainsi que la chute des étoiles. Ils évoquent la fin du monde, mais on peut aussi les entendre dans un sens symbolique.
Nous pouvons interpréter ce verset autrement en nous souvenant que le soleil, la lune et les étoiles sont dans le Premier Testament des idoles devant lesquelles on s’incline. L’obscurcissement du soleil et la chute des étoiles signifient alors la fin de l’idolâtrie. Selon cette hypothèse, la venue du Christ n’évoque pas la fin du monde, mais l’émergence d’un nouveau monde, sans idoles.
Nous pouvons passer en revue les idoles de notre temps : L’argent, le divertissement, la télévision, la politique, le sport … La venue du Fils de l’homme nous libère de ces idoles.
3e thème : Cette génération ne passera pas
Là encore, nous sommes conduits à l’interprétation car la génération du Christ est passée et la venue du fils de l’homme ne s’est pas réalisée comme le raconte ce passage. Plusieurs hypothèses ont été proposées comme la résurrection ou la chute du temple.
Dans le cadre de notre lecture spirituelle, nous pouvons entendre que Jésus ne parle pas du cadre de notre histoire, mais de notre vie de foi : Toutes les générations doivent considérer qu’elles ne passeront pas avant la venue du Christ. Cette venue est comme aiguillon qui nous appelle à ne pas nous assoupir dans notre vie spirituelle et toujours remettre de la foi dans nos choix. C’est ce que dit Paul dans le verset de l’épître aux Romains : D’autant que vous savez en quel temps nous sommes : c’est bien l’heure de vous réveiller du sommeil, car maintenant le salut est plus proche de nous que lorsque nous sommes venus à la foi. La nuit est avancée, le jour s’est approché. Rejetons donc les œuvres des ténèbres et revêtons les armes de la lumière (Rm 13.11-12).
Une illustration – La venue du Messie
Une belle illustration de la spiritualité de la venue du Messie se trouve dans cette citation de David ben Gourion qui n’était pas religieux : « À mon avis, le Messie n’est pas venu. Quand on trouvera son adresse dans l’annuaire, il ne sera plus le Messie. La grandeur du Messie est qu’on ne connaît pas son adresse, qu’on ne peut pas le joindre et que personne ne sait dans quel type de voiture il roule, ni même s’il en conduit une, s’il voyage à dos d’âne ou encore sur les ailes d’un aigle. » Autrement dit, le Messie échappe à notre saisie.
Ce qu’il dit du messianisme, nous pouvons le dire de la venue du Christ.
L’épître aux hébreux du dimanche 17 novembre
Hé 10.11-14,18 – Le trône de la miséricorde
Le contexte – Le livre des Hébreux
Depuis plusieurs semaines, les passages de l’épître aux Hébreux qui sont proposés à notre méditation désignent Jésus comme le grand prêtre d’une nouvelle économie religieuse.
Le grand prêtre est celui qui joue le rôle d’intermédiaire entre les humains et Dieu, et comme il est humain il doit d’une part se purifier lui-même pour accomplir son sacerdoce et d’autre part renouveler les sacrifices car le pardon n’est jamais totalement accompli.
Avec Jésus, le nouveau grand prêtre et sans péché et il est monté au ciel où il siège sur le trône de la compassion à la droite du père. Ayant offert le sacrifice parfait, sa mort signe la fin des sacrifices.
Que dit le texte ? – L’accomplissement
En conclusion de cette partie sur le sacerdoce de Jésus, le passage que nous avons lu souligne trois points.
Désormais, le Christ siège à la droite de Dieu, ce qui fait qu’on ne peut plus se représenter Dieu sans le Christ à ses côtés. Comme le disait Luther, en dehors du Christ, on ne peut rien dire sur Dieu.
Christ est au ciel et il attend que ses ennemis lui soient donnés pour marchepied. Ce qui est la marque de notre temps. En Christ, la victoire est acquise, mais nous sommes encore dans le temps de l’attente de sa pleine réalisation.
Par sa mort, le Christ a porté à leur accomplissement, à perpétuité, ceux qui sont consacrés. Devant Dieu, ma vie est accomplie en Christ. Dans mon humanité je suis empêtré dans les contradictions de mon existence, mais devant Dieu, je suis pleinement accompli.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Le pardon des péchés
Le texte de l’évangile de cette semaine parle de la venue du Christ sur une nuée qui rassemblera ceux qu’il a choisis. Comme tous les récits d’apocalypse, il peut avoir une dimension inquiétante puisque nous avons l’habitude de l’associer au jugement.
Le texte de l’épître aux Hébreux ajoute une dimension à cette venue, celle de l’évangile du pardon : Là où il y a pardon des péchés, il n’y a plus d’offrande pour le péché. Le jugement n’est plus la condamnation, mais l’effacement de nos péchés.
Puis le Christ est mort et qu’il a traversé les cieux, il siège sur le trône de la miséricorde, nous pouvons donc recevoir l’assurance du pardon et en vivre dans notre relation avec nos prochains.
Le livre de Daniel du dimanche 17 novembre
Dn 12.1-3 – Résister dans la persécution
Le contexte – Le livre de Daniel
La rédaction du livre de Daniel date du deuxième siècle avant notre ère, autour de la persécution des Séleucides qui ont profané le temple et hellénisé la religion.
Le livre est partagé en deux parties distinctes. Les chapitres 1 à 6 racontent la fidélité de Daniel face à Nabuchodonosor et aux rois perses, et les chapitres 7 à 12 décrivent sous la forme littéraire de l’apocalypse des visions qui se rapportent à la période mouvementée qui a suivi la chute du royaume d’Alexandre le Grand avec un focus sur la persécution orchestrée par le roi séleucide Antiochus Épiphane qui a émis un édit contre le Dieu d’Israël en ordonnant la profanation du temple, l’interdiction du sabbat et de la circoncision, et la persécution de tous ceux qui continuaient à pratiquer les lois du judaïsme. Les Maccabées se sont levés contre cet édit d’hellénisation forcée.
Comme Daniel et ses compagnons qui ont été jetés dans des fournaises ardentes et des fosses aux lions, les fidèles vont être opprimés, écrasés, torturés, mais le texte appelle à la résistance et à la persévérance en affirmant que l’oppression n’aura qu’un temps. Il est plus facile de traverser une épreuve quand on sait qu’elle aura une fin.
Que dit le texte ? – L’espérance dans la persécution
Le texte parle d’un temps de détresse tel qu’il n’y en a pas eu depuis qu’il existe une nation jusqu’à ce temps-là. Pourtant le peuple a connu son lot de massacre pendant le siège de Jérusalem. Le deuxième livre des Maccabées parle d’une oppression particulièrement sévère avec des scènes de torture insoutenables comme le récit de sept frères qui sont tour à tour atrocement suppliciés devant les yeux de leur mère car ils refusent de manger du porc (2 M 7).
C’est dans cette époque particulièrement dramatique qu’apparaît pour la première dans le Premier Testament la notion de résurrection : Une multitude, qui dort au pays de la poussière, se réveillera – les uns pour la vie éternelle et les autres pour le déshonneur, pour une horreur éternelle.
On comprend que ceux qui acceptent de mourir dans d’atroces souffrances par fidélité doivent être récompensés dans un au-delà de leur existence terrestre. Cette espérance de la résurrection est présentée comme un encouragement à la fidélité dans une période où cette dernière se paye au prix fort.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La venue du Fils de L’homme
L’évangile de Marc fait référence à la persécution d’Antiochus lorsqu’il parle de l’abominable dévastateur (Mc 13,14). Face à l’insoutenable, Jésus ne parle pas de résistance jusqu’à la mort, mais de fuite. Il y a un temps pour résister et un temps pour fuir.
Comme dans le livre de Daniel, le comble de la persécution est suivi de la fin des temps sous la forme de la venue du Fils de l’homme sur une nuée. En ajoutant que cette génération ne passera pas que tout cela n’arrive, Jésus opère une détemporalisation de sa venue. C’est chaque génération qui doit être attentive aux signes des temps, c’est chaque génération qui doit s’attendre à la venue du Christ.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Laurence Belling, Antoine Nouis