L’évangile du dimanche 19 mai

Jean 20.19-31 – La Pentecôte et la foi de Thomas

Introduction

Nous sommes le premier dimanche après Pâques. Marie-Madeleine a annoncé aux apôtres que le tombeau est vide et que Jésus est vivant, mais ces derniers restent enfermés chez eux par crainte des religieux. C’est dans leur enfermement qu’ils reçoivent la visite du ressuscité qui va les envoyer proclamer la parole du pardon.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Confession de foi de Thomas

Thomas n’était pas avec les autres apôtres lorsque Jésus les a rencontrés. Il a opposé une incrédulité farouche à la vue du Seigneur. Lorsqu’il a été rencontré à son tour il a prononcé une belle confession de foi : Mon Seigneur et mon Dieu !

Si je devais définir la foi chrétienne en quelques mots, je dirais : Jésus est mon Seigneur et mon Dieu. La foi repose sur une appropriation personnelle, il ne s’agit pas de dire qui est Jésus en général, mais qui il est pour moi !

Béatitude de Thomas

Jésus répond à la confession de foi de Thomas par une béatitude : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! » Jésus sait qu’une foi qui repose sur une seule expérience spirituelle est fragile. C’est ce que nous avons vu dans le verset qui dit que Jésus se méfiait de ceux qui mettent leur foi en lui à cause des signes qu’il posait[1].

Une foi solide ne repose pas sur le souvenir d’une expérience, mais sur un travail quotidien pour laisser l’Évangile façonner son cœur.

Pistes d’actualisation

1er thème : Le ressuscité est le crucifié 

Jésus rencontre les disciples qui étaient enfermés en passant à travers les portes, mais il se présente à eux en leur présentant la marque des blessures de la croix. Le ressuscité est à la fois le même et pas le même. Il a un corps spirituel et il porte les cicatrices de son humanité.

Cette tension nous invite à ne pas rester accrochés à la matérialité de la résurrection pour nous laisser rejoindre par la parole de la résurrection sur nos propres blessures.

2e thème : La Pentecôte du quatrième évangile

Dans le quatrième évangile, l’envoi de l’Esprit aux disciples n’a pas lieu cinquante jours après la résurrection comme dans les Actes des Apôtres, mais le jour même de la résurrection.

La Bible comporte deux récits de Pentecôte, le jour de la résurrection et cinquante jours plus tard. Lequel est vrai ? Les deux. L’esprit est à la fois l’aboutissement de la résurrection et le commencement de l’histoire de l’Église.

On dit que l’Esprit souffle où il veut. Il souffle aussi quand il veut.

3e thème : La mission du pardon

Lorsque Jésus souffle son Esprit sur ses disciples, il accompagne son don d’une mission : « À qui vous pardonnerez les péchés, ceux-ci sont pardonnés ; à qui vous les retiendrez, ils sont retenus. » Ce verset donne comme mission première à l’Église de porter le pardon des péchés.

Le pardon est nécessaire à la vie, car il n’y a pas d’avenir si on n’apprend pas à se pardonner les uns les autres. Le pardon est porteur de vie.

Le pasteur Tommy Fallot a vécu au début du vingtième siècle. Méditant sur le pardon dans son ministère il a écrit : « Le pardon, ce n’est rien au début de la carrière : Dieu pardonne ! Cela va tout seul. Mais lorsque nous sommes entrés dans le grand drame intérieur, nous comprenons que le pardon est la chose colossale, ce par quoi nous subsistons. » Quand Jésus envoie ses disciples pour proclamer le pardon, il leur donne une mission colossale !

Une illustration

Après avoir déclaré heureux ceux qui ont cru et qui n’ont pas vu, le dernier verset de notre passage dit que les faits et gestes de Jésus sont écrits pour que nous croyions qu’il est le Christ. C’est par la méditation des Écritures que nous sommes appelés à la foi. C’est pourquoi la Bible a pris une telle place dans l’histoire de l’Église.

Karl Barth a écrit : « Toutes les fois que l’Église a été sérieusement éprouvée au cours de l’histoire, c’est parce qu’elle était trop peu soumise à la parole de l’Écriture. En revanche, toutes les fois qu’elle a été vraiment forte, consciente de sa mission et sans peur dans le monde, toutes les fois qu’elle a su produire des héros ou des saints, apporter consolation, susciter l’espérance et s’imposer ainsi au respect des hommes, c’est parce qu’elle a osé avoir l’humble courage de se soumettre entièrement à l’Écriture, au lieu de la considérer comme un simple à côté. »

[1] Jn 2.23-24.

L’épître de Jean du dimanche 19 mai

Ga 5.16-25 – Les fruits comme critère de l’Esprit

Le contexte – l’épître aux Galates

Paul adresse son épître à un ensemble d’Églises qui connaissent le même problème : elles se sont détournées de l’Évangile pour passer à une autre bonne nouvelle, dont Paul prend soin de préciser qui d’ailleurs n’en est pas une (Ga 1.6-7). Quel est cet évangile qui n’est plus une bonne nouvelle ? Des judaïsants ont cherché à réintroduire la circoncision dans l’Église, ou au moins à la recommander comme une œuvre supérieure. 

Paul est bien placé pour connaître les impasses de la loi. C’est en étant convaincu qu’il l’accomplissait qu’il persécutait l’Église. Son épître est alors un vibrant plaidoyer pour la liberté chrétienne, qui est une vie selon l’Esprit et non selon la loi. 

Que dit le texte ? – La chair ou l’Esprit

Paul sait bien que le risque de sa prédication en faveur de la liberté chrétienne, notamment la liberté par rapport à la loi, est que les chrétiens en viennent à vivre selon la satisfaction de toutes leurs envies : il ne faut pas confondre la liberté et le libertinage.

Après avoir développé l’opposition entre la loi et la liberté, il oppose la chair et l’Esprit. Il ne s’agit pas d’une opposition entre ce qui est corporel et ce qui est spirituel, mais entre une vie centrée sur la satisfaction de ses envies ou une vie centrée sur la marche dans l’Esprit.

À la chair il associe la débauche et à l’Esprit il associe les fruits que sont : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur et la maîtrise de soi. Pour savoir où on en est avec l’Esprit, nous pouvons le mesurer à partir de ces critères. 

Libérés vis-à-vis de la loi, nous pouvons discerner ce qui est juste à partir de ces fruits : qu’est-ce qui dans nos journées suscite en nous de l’amour, de la joie, de la paix, de la bienveillance…

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La Pentecôte en actes

À partir de la Pentecôte, les disciples vont vivre selon une économie nouvelle qui est celle de l’Esprit. L’Esprit n’est pas qu’un confort spirituel qui nous assure de la bienveillance de Dieu, c’est une vie qui pousse le disciple à vivre selon l’Évangile dans toutes les dimensions de son existence.

Il va accompagner les disciples dans leur témoignage jusqu’aux extrémités de la terre avec les seules armes que leur procurent les fruits de l’Esprit. Chaque fois qu’ils vivront selon l’amour, la joie, la paix et la bienveillance ils seront animés par l’Esprit du Christ, et quand ils se laisseront gagner par un esprit de jugement, d’accusation, de haine des autres, de rejet et de divisions, c’est qu’ils ont perdu l’Esprit du Christ. 

L’évangile de Jean du dimanche 19 mai

Jn 15.26-27 ; 16.12-15 – Annonce de l’Esprit 

Le dimanche de Pentecôte, le passage principal est celui de l’envoi de l’Esprit dans le livre des Actes, du coup le récit de l’évangile devient une lecture d’accompagnement.

Le contexte – Le discours des adieux

Le quatrième évangile a tout un passage qui le distingue des synoptiques, c’est un discours de Jésus avant son arrestation dans lequel il résume son Évangile en guise de testament spirituel. Dans ce discours, il équipe ses disciples pour affronter les temps difficiles qui se préparent. Il leur annonce qu’il va être retiré, mais qu’ils recevront une puissance d’en haut qui les accompagnera dans leur chemin de foi.

Que dit le texte ? – Qui est l’Esprit ?

De l’Esprit, il est dit trois choses : C’est un défenseur pour les disciples – c’est un Esprit de vérité qui les conduira dans la vérité – et enfin il glorifiera Jésus.

Dans le Nouveau Testament, le mot défenseur ou avocat (paraclet) est attribué aussi bien à l’Esprit qu’au Christ. Contre tout ce qui nous accuse – à commencer par notre conscience – il nous assure que nous sommes les enfants bien-aimés du père : rien ne pourra nous séparer de son amour.

L’Esprit nous conduit dans la vérité, ce qui signifie que la vérité est un chemin. Dans l’Évangile, la vérité n’est pas un corpus idéologique, c’est un chemin de vie qui conduit au Christ.

Enfin l’Esprit glorifiera Jésus. La gloire est la vérité ultime d’une personne. Pour Jésus, elle représente la croix. L’Esprit permettra aux disciples de comprendre que la croix n’est l’échec de Dieu, mais l’accomplissement de son don pour tous les humains.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – De l’annonce à l’envoi de l’Esprit

Annoncé dans le discours des adieux, l’Esprit a été envoyé aux disciples le soir de la résurrection chez Jean et cinquante jours plus tard – à la fête de la Pentecôte – dans les Actes des Apôtres. 

Décontenancés après la croix, les apôtres ont reçu une présence qui leur a permis de comprendre ce que disait Jésus quand il annonçait qu’il était préférable pour eux qu’il s’en aille. 

À partir de l’accomplissement de cette promesse, ils vont commencer l’aventure de l’Église qui peut être considérée comme l’évangile de l’Esprit. Il sera aux côtés des disciples lorsque ces derniers porteront l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre. 

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Florence Taubmann, Michel Barlow