L’évangile du dimanche 28 juillet
Jean 6.1-15 – Jésus nourrit une grande foule
Introduction
Dans les autres évangiles, le récit de la multiplication des pains se situe à un moment où Jésus souhaite se retrouver seul avec ses disciples. Chez Marc et Luc, les apôtres viennent de le rejoindre après leur première mission et ils décident de se retrouver dans un lieu isolé pour en parler (Mc 6.30-31, Lc 9.10). Chez Matthieu, Jésus se retire, car il vient d’apprendre la mise à mort du Baptiseur (Mt 14.13). Ici, Jésus s’est retiré seul dans la montagne avec ses disciples. Dans tous les récits, la foule est importune.
Nous pouvons aussi relever que l’épisode se situe sur l’autre rive de la mer, en territoire païen. C’est chez des étrangers que Jésus va poser un nouveau signe.
Points d’exégèse
Attention sur deux points.
Titre : L’herbe verte
Pour nourrir la foule, Jésus demande à ses disciples de l’installer sur l’herbe verte. La mention de l’herbe donne un côté champêtre à la scène. On a l’impression que Jésus demande à des convives de se mettre à table pour un pique-nique à la campagne. L’herbe est peut-être une allusion au Psaume 23 : Il me fait coucher dans de verts pâturages (Ps 23.2), ce qui donne une dimension messianique à ce récit.
Titre : Douze paniers
Les restes du repas remplissent douze paniers, un par apôtre. C’est la foule qui est nourrie, mais ce sont les disciples qui sont à l’école de la confiance. C’est à chaque disciple de comprendre que le Seigneur prend soin de sa nourriture… et qu’il y a même des restes.
Pistes d’actualisation
1er thème : La proximité de la Pâque
Il y a quelques semaines, nous avons médité le récit de l’institution de la cène qui a eu lieu au moment de la fête des pains sans levain, c’est-à-dire la fête de la Pâque. Dans ce récit aussi il est dit que la fête de la Pâque était proche. Cette proximité est renforcée par le verbe rendre grâce qui se dit eucharisteô qui a donné eucharistie en français. La succession des verbes – prendre le pain, rendre grâce, distribuer – renforce le rapprochement avec les récits d’institution de la cène. Nous sommes dans le quatrième évangile qui, lors du dernier repas de Jésus, ne parle pas du don du pain et du vin mais raconte le lavement des pieds. C’est donc le récit de la multiplication des pains qui fait office d’institution de la cène.
La cène est le signe du don de la vie du Christ, mais elle évoque aussi l’action de grâce et Jésus qui nous donne notre pain de chaque jour.
2e thème : L’école de la confiance
Jésus joue avec ses disciples en leur demandant où ils pourraient trouver du pain pour nourrir la foule. Il veut les enseigner à l’école de la confiance. En nourrissant la foule, il met en pratique le verset qui dit : « Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » (Mt 6.3).
Ce verset est vrai. Aujourd’hui, à l’âge que j’ai, je ne dis pas que j’ai toujours cherché le règne de Dieu, mais je dis que j’ai toujours reçu mon pain quotidien.
3e thème : La prière de Jésus
Jésus a cinq pains et deux poissons dans les mains et il a devant lui une foule de cinq mille hommes. Il faut prêter attention à sa prière. Il ne demande pas à Dieu de multiplier les pains, il rend grâce pour les pains qu’il a. Il a confiance que le peu qu’il a entre les mains sera suffisant pour nourrir la foule.
Il n’a pas transformé les pierres en pain, mais les pains en pains. C’est à chacun de nous d’apporter les pains dont il dispose, de rendre grâce pour le peu qu’il a et de s’enraciner dans la confiance que ce sera suffisant pour nourrir les foules.
Une illustration : Jésus fuit la foule qui veut le faire roi
Impressionnée par la multiplication des pains, la foule veut faire de Jésus son roi. Ce serait tellement bien, s’il dirigeait le monde : on n’aurait plus besoin de se fatiguer pour se procurer sa nourriture.
L’attitude de la foule rappelle celle du diable qui, lors des trois tentations au désert, a proposé à Jésus de transformer les pierres en pain – gouverner les foules – fasciner les foule en faisant un beau miracle.
Jésus refuse cette royauté, il ne veut pas nous faire sortir de l’économie et des contraintes de notre monde. C’est du creux de notre monde, de sa faim et de ses combats, qu’il nous invite à le retrouver.
Le livre des Ephésiens du dimanche 28 juillet
Ep 4.1-6 – Appel à l’unité
L’humilité et l’unité
Le contexte – l’épître aux Éphésiens
L’épître aux Éphésiens est une invitation à prendre de la hauteur dans la foi. Elle s’ouvre sur un hymne qui parle d’un Christ présent avant la fondation du monde et qui récapitulera toutes choses à la fin des temps.
Dans cette fresque cosmique, les différences entre juifs et non-juifs sont abolies. C’est par révélation qu’il a appris ce mystère qui fonde son ministère en direction des non-juifs.
Arrivé à cette hauteur, Paul invite ses interlocuteurs à vivre à la hauteur de cette annonce en vivant l’unité au sein de la communauté éphésienne. Après avoir prié pour les Éphésiens, il les appelle à vivre leur vocation dans l’unité du Christ.
Que dit le texte ? – Le corps du Christ dans l’unité et dans l’amour
Juifs et non-juifs ont des racines religieuses très différentes, c’est pourquoi leur cohabitation dans l’Église n’est pas toujours facile, il suffit pour s’en convaincre de remarquer que dans toutes les épîtres de Paul on trouve un appel à l’unité. Si Paul insiste tant, c’est que l’unité devait être un combat.
Dans l’épître aux Éphésiens, l’unité se fonde sur l’unité de Dieu : il devrait y avoir un seul corps, car il y a un seul Esprit, une seule espérance, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu. Cela ne signifie pas que tous les chrétiens doivent être identiques – dans la suite du chapitre il évoquera une diversité de ministères – mais que les différences doivent être perçues comme des complémentarités et non des oppositions.
Paul invite ses interlocuteurs à conserver l’unité de l’Esprit quin’est pas une uniformité, mais une unité qui permet à chacun de garder sa couleur, son talent, sa vocation. L’unité ne repose pas sur la conformité à un moule identique pour tout le monde, mais sur la reconnaissance et l’acceptation des différences
Pour vivre cette unité, Paul appelle les Éphésiens à faire preuve d’humilité, de douceur et de patience. L’humilité pour voir la grandeur de l’autre, la douceur comme règle de comportement et la patience qui permet d’espérer que si l’unité est encore un combat, elle est aussi une promesse.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Unité et partage du pain
Le passage de l’évangile est la multiplication des pains dans l’évangile de Jean. Dans le quatrième évangile, il n’y a pas de récit d’institution de la cène – lors de son dernier repas, Jésus a posé un autre signe : il a lavé les pieds de ses disciples – mais dans le récit de ce dimanche, il a pris le pain, il a rendu grâce et il l’a distribué à ses disciples, ce qui sont les verbes de la cène.
De nos jours, le partage du pain et du vin est un des lieux où se vit l’unité de l’Église. Nous appartenons au même corps parce que nous partageons un même pain.
Le texte du Premier Testament du dimanche 28 juillet
2 R 4.1-6 – Les miracles d’Élisée
Élisée multiplie l’huile
Le contexte – Le cycle d’Élisée
Les premiers chapitres du deuxième livre des Rois parlent du passage de témoin d’Élie à Élisée dans la fonction prophétique. Avant qu’Élie ne soit enlevé au ciel, Élisée lui demande une double part de son esprit. De fait le cycle d’Élisée se présente sous la forme d’une succession de miracles très variés.
Certains sont négatifs comme lorsque le prophète maudit des enfants qui s’étaient moqués de sa calvitie. Des ourses sont sorties de la forêt et ont tué les enfants.
Des miracles anecdotiques lorsque Élisée a rendu une soupe mangeable en mélangeant avec de la farine ou lorsqu’il a fait flotter une cognée en fer pour que son propriétaire la retrouve.
D’autres miracles seront enfin repris dans les évangiles comme la résurrection du fils d’une veuve ou la multiplication des pains que nous méditons ce jour.
Que dit le texte ? – Le renouvellement de l’huile
Élisée est confronté à une situation d’injustice. La veuve d’un prophète est dans le dénuement et ses créanciers menacent de se rembourser en prenant ses fils comme esclaves.
Élisée lui demande ce qui lui reste : quelques gouttes d’huile. Il lui propose de ramener chez elle tous les récipients qu’elle trouvera et de refermer la porte, puis de verser de l’huile dedans.
La veuve obéit et l’huile se multiplie pour remplir tous les récipients qu’elle a apportés.
Pour interpréter ce récit, nous pouvons interpréter la symbolique de l’huile. Elle était une base de la nourriture, mais elle servait aussi à l’éclairage, à apaiser les blessures et comme produit de beauté. C’est pour toute la richesse de cette compréhension que dans la Bible, l’huile est aussi associée à l’Esprit.
Le message de ce texte parle de la bienveillance de Dieu pour les veuves, mais c’est aussi une invitation à recevoir de Dieu ce qui nous nourrit, nous éclaire, nous soigne et nous rend plus beaux.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – L’huile et le pain
L’évangile de ce dimanche est le récit de la multiplication des pains qui est le miracle qui a laissé le plus gros souvenir chez les évangélistes puisqu’il est raconté à six reprises dans les quatre évangiles, deux fois chez Matthieu et Marc et une fois chez Luc et Jean.
Le cœur du récit est le thème de la reconnaissance car Jésus n’a pas prié pour que les pains se multiplient, mais il a rendu grâce à Dieu pour les quelques pains qu’il avait, même s’ils étaient dérisoires pour nourrir une si grande foule. Parce qu’il a rendu grâce, les pains ont été multipliés.
À notre tour d’être reconnaissant pour l’huile qui nous est donnée, l’huile de la nourriture, mais l’huile qui apaise nos blessures, qui éclaire nos nuits et qui nous embellit.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis