L’évangile du dimanche 30 juin
Le livre des 2 Corinthiens du dimanche 30 juin
2 Co 8.7-15 – Le défi de la générosité
Le contexte – Les Églises fondées par Paul et Jérusalem
Dans le livre des Actes des Apôtres, la toute première Église est à Jérusalem. Ses membres pratiquaient le partage des biens. C’est de Jérusalem que sont partis les premiers missionnaires. D’abord pour Antioche, puis d’Antioche en Asie mineure, puis en Europe.
Les Églises fondées par Paul sont marquées par l’inculturation de l’Évangile dans un monde non juif. Paul a pensé théologiquement cette évolution en relativisant la place de la loi dans la foi et en développement une théologie de la grâce et de la liberté chrétienne. En cela les Églises de la diaspora ont pris leurs distances par rapport à Jérusalem.
Pour marquer son souci de maintenir le lien, Paul a organisé dans les Églises qu’il a fondées une collecte en faveur des pauvres de Jérusalem.
Que dit le texte ? – Appel à la générosité
Les Corinthiens ont été les premiers à demander cette collecte, c’est peut-être eux qui en ont donné l’idée, mais à l’heure de ramasser l’argent ils sont moins enthousiastes tant la générosité est toujours une avarice surmontée. Paul avance trois arguments.
D’abord il convient de considérer tout ce qu’on possède comme des dons de la grâce : Vous avez tout en abondance, foi, parole, connaissance. Dans la première aux Corinthiens Paul résume cette position dans le verset qui dit : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi fais-tu le fier, comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Co 4.7). Vivre de la grâce nous permet d’entendre que tout ce que nous possédons vient de la grâce.
Ensuite Paul souligne que le fondement de la foi est le don du Christ, lui qui était riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que, vous, par sa pauvreté, vous deveniez riches. La foi nous inscrit donc dans une dynamique de partage et de générosité.
Le partage est un principe d’égalité. Il ne s’agit pas de se mettre dans la peine, mais de vivre la solidarité avec ceux qui sont dans le besoin.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La générosité de Jésus
Le récit de la guérison de deux femmes se situe juste après le passage tourmenté de Jésus chez les Géraséniens. On peut penser qu’il aspire à un peu de repos, mais une foule l’attend. Il accepte de se laisser déranger par un père dont la fillette est mourante et par une femme atteinte d’une perte de sang.
La fille de Jaïros est la fille d’un chef qui se situe au sommet de la hiérarchie sociale. La femme atteinte d’une perte de sang est ruinée, elle a dépensé tout son argent auprès des médecins. Dans son évangile, Marc associe ces deux femmes en dressant un parallèle entre leurs deux relèvements.
La générosité de Jésus ne fait acception de personne, elle s’adresse à tous – dans notre récit à toutes – il donne tout ce qu’il a, tout ce qu’il est.
Le texte du Premier Testament du dimanche 30 juin
Ez 18.21-32 – Se comporter en juste
Le contexte – Ézéchiel et la justice
Les exilés à qui s’adresse Ézéchiel devaient considérer que leur situation était injuste et qu’ils subissaient la conséquence des fautes de leurs pères. Leur plainte était alimentée par un proverbe en cours qui disait : Les pères mangent des raisins verts, et ce sont les fils qui ont mal aux dents.
Ézéchiel invite ses interlocuteurs à sortir de cette logique en affirmant le grand principe de la responsabilité individuelle : chacun est responsable de ses actes et sera jugé selon son comportement. Ce n’est pas la peine de reporter la faute de notre situation sur les autres, mais toujours se poser la question de notre responsabilité.
Que dit le texte ? – Qu’est-ce qu’un juste
Après avoir annoncé aux fils que s’ils ne suivent pas la voie de leurs pères, ils seront jugés sur leurs actes et non sur ceux de leurs ancêtres, cette séquence aborde le cas des personnes qui changent de comportement.
Si elles étaient injustes et qu’elles deviennent justes, elles seront considérées comme des justes ; et si elles étaient justes et qu’elles deviennent injustes, elles seront considérées comme des injustes. L’important est ce qu’elles sont actuellement. La séquence se termine par une interpellation qui est un mot d’ordre : Revenez donc et vivez.
Quelles que soient les circonstances, nous sommes invités à nous poser la question de l’aujourd’hui de la foi. Quel que soient notre histoire et ce que nous avons fait dans le passé, c’est aujourd’hui que Dieu fait grâce, c’est aujourd’hui qu’il nous appelle à revenir à lui, c’est aujourd’hui que nous sommes appelés à la justice.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La pauvre femme et la princesse
Le passage de l’évangile met en jeu deux femmes que tout oppose. Une femme atteinte d’une perte de sang, c’est-à-dire en état d’impureté, et ruiné puisqu’elle a donné tout son argent aux médecins qui ne l’ont pas guérie ; et une fillette, enfant d’un chef, qui est sur le point de mourir. Elles se situent aux deux extrémités du spectre religieux.
Jésus ne regarde pas au statut social et religieux de ces deux femmes, mais les considère pour ce qu’elles sont dans leur pauvreté intérieure. Toutes les deux sont au bénéfice de sa miséricorde.
Un verset du livre du Lévitique dit à propos de la justice : « Tu n’avantageras pas le pauvre et tu ne favoriseras pas le grand » (Lv 19.15), c’est ce que fait notre passage de l’évangile lorsqu’il met en parallèle la guérison d’une femme impure et ruinée et celle de la fillette d’un chef.
Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenant : Antoine Nouis