L’évangile du dimanche 4 février
Introduction
Après la guérison spectaculaire à la synagogue de Capharnaüm, Jésus est invité à déjeuner chez Pierre. Dans sa maison, il a accueilli sa belle-mère qui est prise d’une fièvre. Jésus lui prend la main et lui permet de se lever. L’évangile se vit dans la tension entre le public et le privé, la guérison spectaculaire et le relèvement ordinaire.
Points d’exégèse
Attention sur deux verbes.
La résurrection de la belle-mère
Lorsque Jésus prend la main de la belle-mère de Pierre, il la fit se lever. Le verbe (egeirô) est celui utilisé pour évoquer la résurrection. On pourrait traduire que Jésus ressuscite la belle-mère de Pierre. Non pas la grande résurrection qui se situe à la fin de l’évangile, mais une petite résurrection au cœur de la vie. En se laissant toucher par Jésus, la belle-mère découvre un nouveau sens à son existence, elle se lève et ressuscite pour servir Jésus.
La première diaconesse
Une fois relevée, elle se mit à les servir. Le verbe servir (diakoneô) a donné diaconie en français. Si Simon est le premier des apôtres, sa belle-mère est le premier diacre de l’Église. Régulièrement dans l’évangile de Marc, on dit qu’à Capharnaüm Jésus se retire dans la maison. C’était celle de Pierre ou Jésus trouvait du repos, servi par la belle-mère.
Une communauté a besoin d’apôtres pour vivre mais elle a aussi besoin d’hommes et de femmes qui sont suffisamment humbles pour accomplir des tâches plus modestes mais tout aussi importantes. La belle-mère de Pierre a assumé cette responsabilité avec toute la passion de sa résurrection.
Pistes d’actualisation
L’origine de la fièvre
D’où venait la fièvre de la belle-mère de Simon ? L’évangile ne le dit pas. La seule chose que nous savons est que son gendre a abandonné son métier de pêcheur pour suivre Jésus. On peut imaginer que cette nouvelle n’a pas été bien accueillie chez ses proches. Si mon gendre avait un métier et qu’il m’annonçait qu’il abandonnait tout pour suivre un prédicateur qui l’a appelé sur son lieu de travail, je serais furieux contre le prédicateur. On ne détourne pas un homme de ses responsabilités familiales ! En en plus, ce Jésus qui a détourné Pierre de ses responsabilités familiales, s’invite chez eux. Pour la belle-mère, c’est trop et une bonne fièvre exprime ce qu’elle ressent. Lorsque Jésus lui saisit la main, elle est touchée par l’autorité qu’il a manifestée dans son message à la synagogue et dans sa libération de l’homme possédé. Elle comprend alors son gendre, elle comprend qu’il est des causes qui méritent qu’on quitte tout pour la servir. Elle se lève et devient disciple à son tour
Le ministère de guérison de Jésus
La nouvelle de la guérison du démoniaque dans la synagogue de Capharnaüm s’est répandue dans la ville comme une traînée de poudre. Le soir on lui apporte tous les malades de la ville pour qu’il les guérisse. Jésus les guérit, mais le lendemain matin, il quitte la ville. Cette attitude souligne toute l’ambiguïté du ministère de guérison qu’on trouve dans les évangiles. D’un côté Jésus guérit car il est venu pour apporter le bien, d’un autre côté, il est gêné par son ministère de guérison car il ne veut pas être considéré comme un simple thaumaturge. Ses guérisons sont au service de la parole, alors que le plus souvent, les malades acceptent la guérison mais oublient la parole de conversion qui l’accompagne.
Jésus et le besoin de solitude
Nous sommes le soir de la première journée du ministère public de Jésus. Il est intervenu dans un lieu religieux, la synagogue, dans un lieu privé, la maison de Pierre, et dans les rues de la ville. Son autorité s’est manifestée et sa renommée s’est vite répandue. Jésus sait qu’il est menacé par la tentation du succès et le risque d’être idolâtré. Pour affronter cette tentation, il se retire tout seul dans la montagne. C’est dans le face à face avec son Seigneur qu’il va s’enraciner dans son ministère de service et lutter contre le risque de se laisser griser par son succès.
Une illustration : L’humble service de la belle-mère
Une fois guérie, la première chose que fait la belle-mère de pierre et de servir Jésus et ses disciples. Elle est le modèle de ces humbles servantes qui font que notre monde tient debout.
Dans le protestantisme, on connaît la geste héroïque des camisards, mais s’il y avait encore un protestantisme en France dans la deuxième moitié du 18e siècle, c’est aussi grâce aux pères et aux mères de famille qui le soir, à la veillée, ouvraient la Bible pour apprendre aux enfants ce qu’on ne leur avait pas dit au catéchisme du curé.
De nos jours, si notre société tient debout, c’est grâce à ceux qui vivent la solidarité au quotidien avec un voisin ou au sein d’une association. La belle-mère de Pierre nous rappelle l’importance de qu’on a appelé la petite bonté.
L’épître du dimanche 4 février
1 Co 9.16-23 – Paul l’évangéliste
Le contexte – L’épître aux Corinthiens
L’Église de Corinthe connaît des divisions et le ministère de Paul est contesté. Pour appuyer ses propos, il est obligé de se défendre en soulignant qu’il a travaillé gratuitement alors qu’il aurait été légitime qu’il demande au salaire : Qui combat jamais dans une armée à ses propres frais ? En appui de sa défense, il cite le verset de la Torah qui dit : Tu ne muselleras pas le bœuf qui foule le grain.
Il veut montrer que s’il essaye de corriger les déviances de l’Église, ce n’est pas pour son propre profit, mais uniquement pour la gloire de Dieu et de l’Évangile qu’il proclame.
Que dit le texte ? – Je me suis fait l’esclave de tous
Si Paul déclare qu’il n’a pas demandé de salaire alors qu’il en aurait eu le droit, ce n’est pas par fierté, mais parce son ministère s’impose à lui. Il n’a pas choisi d’être évangéliste, c’est une nécessité qui s’est imposée à lui, une mission qu’il ne peut refuser : Quel malheur pour moi, en effet, si je n’annonçais pas la bonne nouvelle ! Un malheur car cela l’éloignerait de sa vocation.
Ce qui est premier pour lui est le témoignage de l’Évangile et tout le reste est conditionné par cette mission, c’est pourquoi il s’est fait le serviteur – il utilise mot esclave – de tous, des Juifs et des non-Juifs, des forts et des faibles au regard de la loi.
La première priorité qui sous-tend tout son ministère est de vivre et partager la bonne nouvelle.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Paul et Jésus
Paul a été au service des Corinthiens comme Jésus a été au service des malades qu’il croisait.
Dans son ministère, Jésus a souvent été débordé par son ministère de guérison. Il a souvent été assailli par des foules qui étaient plus en quête de miracles que de paroles. Il voulait faire des guérisons un signe de la libération de l’Évangile, mais souvent les malades voulaient la santé et étaient moins intéressés par l’Évangile.
Pourtant Jésus n’a jamais rejeté ceux qu’on menait à lui. Pour lui, la compassion était plus forte que tout le reste.
Il a simplement pris des temps de retrait pour se retrouver seul à seul avec son Père dans la prière pour ne pas se tromper dans son ministère et ne pas être le seul guérisseur que beaucoup voulaient qu’il soit.
Le texte du Premier Testament du dimanche 4 février
Jb 7.1-7 – La plainte de Job
Le contexte – Le droit de crier
Le livre de Job aborde de façon narrative la question du mal. Elle raconte l’histoire d’un homme juste accablé de divers maux pour mettre en pièce la corrélation entre la faute et la souffrance. Il se présente sous la forme d’un dialogue entre Job, l’homme affecté, et trois amis qui tiennent le discours traditionnel de la responsabilité de l’humain dans les épreuves qui le touchent.
Job ne prétend pas qu’il est juste, mais que son épreuve est injuste. Il n’hésite pas à faire monter sa plainte vers Dieu qui a les épaules assez larges pour entendre la protestation de ses enfants.
À la fin du livre, Dieu donnera raison à Job et à son cri contre ses amis et leurs propos bien pieux.
Que dit le texte ? – La plainte
Job expose son grand malheur. Parce que l’épreuve est trop grande pour lui, le discours spirituel de ses amis n’a aucun effet. Il attendait des paroles de consolation et il a eu droit à des paroles morales qui l’accusaient.
Il essaye de l’expliquer à ses amis en leur racontant ses jours et ses nuits de souffrance : Mon corps se couvre de vers et d’une croûte terreuse, ma peau se crevasse et se décompose.
Il demande à ses amis de se souvenir de son épreuve pour passer de l’accusation à la compassion.
Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Jésus et les malades
L’évangile du jour souligne la compassion de Jésus pour les malades : Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades et les démoniaques pour qu’ils prient pour eux et les guérissent.
Jésus n’a pas fui le monde des malades. Dans l’évangile de Jean, quand il est monté à Jérusalem, la première chose qu’il a faite est de se rendre au bassin de Bethsatha où étaient couchés une multitude de malades, d’aveugles, d’infirmes, d’estropiés (Jn 5.3). Non seulement il ne fuit pas les malades, mais c’est au milieu d’eux que son évangile se déploie.
Au regard de l’Évangile, la plainte de Job est légitime. L’Évangile est proclamé lorsque des hommes et des femmes sont guéris de leurs maladies.