L’évangile du dimanche 8 septembre

Marc 7.31-37 – Jésus guérit un sourd-muet

Introduction

Dans le texte qui précède, Jésus s’est laissé évangéliser par la foi d’une femme syro-phénicienne qui l’a conduit à mettre en pratique son discours sur la pureté que nous avons analysé la semaine dernière. Cette femme était étrangère, mais son cœur était sincère, c’est pourquoi Jésus a guéri sa fille.

Dans la même veine, il va opérer une seconde guérison en terre étrangère.

Points d’exégèse

Attention sur deux points.

Titre : La décapole

La guérison du sourd-muet a lieu alors que Jésus traverse la Décapole. Il a déjà opéré une guérison dans cette région lorsqu’il a libéré l’homme qui était prisonnier du démon légion. La foule avait alors supplié Jésus de quitter son territoire (Mc 5,17), mais elle a apparemment changé d’idée puisqu’elle lui amène un sourd qui avait des difficultés à parler et qu’elle le supplie de poser la main sur lui.

Le verbe amener (pherô) peut aussi se traduire par porter, il évoque la bienveillance de la foule vis-à-vis de l’infirme.

Titre : Jésus le mène à l’écart

Nous avons souvent vu l’ambiguïté de la foule dans nos différentes méditations. Jésus commence par l’emmener à l’écart. Il le sort de la foule, le dé-foule. Il ne veut pas avoir avec lui une relation d’un guérisseur quelconque à un malade anonyme, mais d’homme à homme. Il va entrer dans son intimité pour lui permettre de retrouver l’écoute et la parole.

Ensuite, le texte dit qu’il a poussé un soupir. Une façon de dire au malade : « Tes oreilles n’ont pas été créées pour être sourdes. Ta langue n’a pas été faite pour bredouiller. » Parce que Jésus a rejoint le malade dans son monde intérieur, il a réussi à percer la carapace de silence et de solitude dans laquelle il était enfermé.

Pistes d’actualisation

1er thème : Langage corporel de Jésus 

Comme le malade est sourd, il ne peut entendre Jésus, c’est pourquoi ce dernier a usé d’un langage corporel pour entrer en communication avec lui : « Il lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ; puis il leva les yeux au ciel et soupira. »

Si nous sommes des entendants, il est difficile de se mettre à la place d’un sourd, d’un homme enfermé dans un silence perpétuel. Jésus invente un langage pour s’adresser à lui. Son exemple nous invite à faire preuve d’imagination lorsque nous visitons des malades. Nous le savons, parfois des gestes, des attitudes, une simple présence fidèle sont plus éloquents que des paroles verbeuses.

2e thème : L’écoute et la parole

Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia. Nous savons que les malentendants ont souvent des difficultés à s’exprimer, mais nous pouvons souligner cette articulation dans le domaine spirituel.

Bonhoeffer a dit à propos de l’écoute : Se taire ne signifie rien d’autre qu’attendre la Parole pour pouvoir s’en aller avec sa bénédiction. Il faut beaucoup écouter pour dire une parole juste. En dehors d’une écoute attentive, la parole risque de n’être qu’un bavardage.

3e thème : Le secret messianique

Comme nous l’avons déjà vu dans l’évangile de Marc, Jésus demande à la foule de rester discrète sur cette guérison, mais plus il le leur recommandait, plus ils proclamaient la nouvelle. 

La raison de cette demande de discrétion vient de la particularité de la vérité de l’Évangile. Elle n’est pas une information – il y a là un homme qui guérit – mais une parole, une rencontre, un partage.

Un maître du judaïsme disait : « Les secrets de la Torah sont si bien cachés qu’on ne peut, en général, rien en transmettre selon qu’il est écrit : “Le secret du Seigneur est à ceux qui le craignent“ (Ps 25.14). On ne peut les saisir que dans la crainte de Dieu, hors laquelle on ne comprend rien. »

Une illustration sur le secret messianique

Un élève entreprend un voyage de plusieurs mois pour rencontrer un maître qui possède le secret de la vie. Après bien des péripéties, l’élève découvre enfin le lieu où le maître se cache et il lui pose la grande question qui est à l’origine de son voyage :

– Connais-tu le secret de la vie ? 

– Oui ! répond le maître.

– Peux-tu me le dévoiler ? demande le disciple plein d’espérance car il pense être arrivé au terme de sa quête.

– Non ! répond le maître.

– Pourquoi ?

– Parce que c’est un secret !

Cette anecdote est plus qu’une pirouette humoristique, elle énonce une vérité profonde : le secret de la vie, ou de la foi, n’est pas une vérité qu’on peut apprendre comme une recette de cuisine, c’est une expérience de vie.

Le livre de Jacques du dimanche 8 septembre

Jc 2.1-5 Les pauvres et les riches dans l’Église

Le contexte – L’épître de Jacques

L’épître de Jacques n’est pas théologique au sens où elle ne parle pas du salut de Dieu, elle est un traité de théologie pratique sur la vie de l’Église. Un manuel à l’usage des chrétiens et des responsables de l’Église pour les aider à évaluer et corriger leur vie de foi.

Dans le premier chapitre, il a rappelé au pauvre sa dignité et invité le riche à l’humilité car sa richesse peut passer. Dans le passage que nous avons lu, il s’adresse à l’Église dans sa relation aux pauvres et aux riches.

Que dit le texte ? – Pas de partialité

Jacques appelle à ne pas prêter plus de considération au riche qu’au pauvre dans l’Église au nom du principe qu’il n’y a pas de partialité devant Dieu. 

L’exemple pris nous concerne tous car nous savons que si un matin nous recevons la visite d’un préfet ou d’un ministre de la République dans notre temple, nous lui accorderons plus d’importance que si c’était un pauvre.  

Parce que l’exemple est vrai, il nous parle. Le vrai chemin de conversion consiste à considérer le pauvre comme aussi grand et aussi respectable que le riche.

Dans la pensée rabbinique, lorsque deux plaignants se présentent devant un tribunal, l’un dans de beaux habits et l’autre en haillons, le premier a le choix entre deux solutions : soit il paye de beaux habits à son adversaire, soit il se vêt, lui aussi, de haillons. Le but de la prescription est que le statut social n’intervienne pas dans le jugement, ni dans un sens ni dans l’autre. Ce qui est vrai dans les tribunaux doit l’être aussi dans l’Église.

Nous avons besoin de conversion pour vivre ce renversement de l’Évangile, que Dieu nous donne ses yeux pour que nous soyons capables de voir dans le pauvre comme dans le riche, un homme, une femme qui a une immense dignité aux yeux de Dieu.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – Vivre l’Évangile

Si Jésus est capable d’ouvrir les oreilles des sourds et de délier la langue des muets, il est celui, comme le dit le cantique de Marie, qui élève les humbles et qui renvoie les riches les mains vides. 

Être témoins de l’évangile, c’est dire au riche : « reste dans ton coin », et au pauvre : « viens à la première place », c’est donner la parole à celui qui parle mal et ouvrir les oreilles des malades à la parole de l’Évangile. 

Tous ces retournements sont difficiles à vivre tant ils appellent une conversion de notre façon de penser, mais l’évangile nous rappelle que : Ce qui est impossible pour les humains est possible pour Dieu (Lc 18.27). 

Il nous reste à oser l’Évangile pour mettre en pratique ce qu’il recommande. 

Le livre d’Esaïe du dimanche 8 septembre

Es 35.4-7 – Encouragements pour temps de crise

Le contexte – le livre d’Ésaïe 

La première partir du livre d’Ésaïe évoque les sentences du prophète qui a vécu à Jérusalem au VIIIe avant notre ère. Il a vu la chute de Samarie par les Assyriens et a été aux côtés du roi Ézéchias pendant le siège de Jérusalem par Sennachérib. 

Nous savons que l’histoire se termine bien est que la ville a été miraculeusement libérée après que les assiégeants ont abandonné leur camp, mais nous pouvons entendre l’angoisse d’une ville assiégée, menacée par la famine. C’est dans ce contexte que le prophète intervient pour porter l’espérance d’un avenir possible.

Que dit le texte ? – Paroles d’encouragement

Les quelques versets de notre passage commencent par une parole d’encouragement : Soyez forts et n’ayez pas peur. L’appel à être fort et courageux est répété à cinq reprises dans le premier chapitre du livre de Josué pour le préparer à entrer en terre promise. Quant à l’invitation à ne pas avoir peur, elle est répétée à de multiples reprises dans les évangiles.

Pour encourager ses interlocuteurs, le prophète fait deux promesses au nom de Dieu : la guérison des maladies (les yeux des aveugles seront dessillés, les oreilles des sourds s’ouvriront, le boiteux sautera comme un cerf et la langue du muet poussera des cris de joie) et le relèvement de la nature (de l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans la plaine aride, le lieu torride se changera en étang et la terre de la soif en fontaines).

Ces paroles sont considérées comme une description des temps messianiques, mais quand je pense à moi : Je vois, j’entends, je parle, je marche et je vis dans pays où il pleut… je vis les temps messianiques !

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Laurence Belling, Antoine Nouis