L’évangile de Luc du 9 mars (Luc 4. 1-13)

Le passage de Luc 4:1-13 raconte la tentation de Jésus dans le désert, un moment crucial de son parcours spirituel après son baptême. Rempli de l’Esprit Saint, Jésus fut conduit dans le désert, où il jeûna pendant 40 jours et fut mis à l’épreuve par le diable. Ces tentations ne sont pas seulement des épreuves physiques, mais des épreuves spirituelles qui révèlent la nature de la mission et de l’identité du Christ.

La première tentation survient lorsque le diable, voyant la faim de Jésus, lui propose de transformer des pierres en pain. Jésus répond par une citation du Deutéronome, affirmant que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de la parole de Dieu. Cela montre l’importance de la nourriture spirituelle par rapport aux besoins matériels.

Ensuite, le diable offre à Jésus tous les royaumes du monde, promettant autorité et gloire si Jésus l’adore. Jésus rejette cette offre en citant à nouveau les Écritures, soulignant que l’adoration appartient uniquement à Dieu. Cette tentation révèle le faux attrait du pouvoir, montrant que la véritable autorité dans le royaume de Dieu ne repose pas sur la domination ou le contrôle, mais sur le service et l’humilité.

La troisième tentation se déroule lorsque le diable conduit Jésus au sommet du temple et le défie de se jeter en bas, citant un verset des Écritures qui dit que des anges le protégeront. Jésus répond en citant à nouveau le Deutéronome, avertissant de ne pas mettre Dieu à l’épreuve. Cette tentation reflète le danger d’utiliser le pouvoir divin pour l’auto-validation ou le spectacle, plutôt que pour le bien commun.

Finalement, Jésus résiste à ces trois tentations, montrant son engagement envers la volonté de Dieu et son rejet des désirs mondains. Cette histoire met en avant des thèmes clés : la dépendance à la parole de Dieu, les dangers du pouvoir et l’importance de l’humilité. Le diable s’éloigne « pour un temps », laissant Jésus victorieux, mais les tentations du monde — le matérialisme, le pouvoir et la fausse religiosité — continuent de défier l’humanité à travers l’histoire, nous rappelant notre besoin de discernement et de responsabilité dans nos vies spirituelles.

Le texte du premier épître aux Romains du 9 mars (Romains 10. 8-13)

La foi comme reconnaissance

Le contexte – L’épître aux Romains  

La lettre aux Romains se singularise dans le corpus paulinien en ce qu’elle est la seule épître qui s’adresse à une communauté inconnue de l’apôtre. Quand il rédige sa lettre, Paul n’est jamais allé à Rome, même si les salutations finales révèlent qu’il connaît de nombreux membres de cette Église.

Cette particularité fait de cette épître une lettre moins circonstancielle que les autres, ce qui donne à son auteur l’occasion de faire un exposé complet et organisé de sa compréhension de l’Évangile au centre duquel se trouve la doctrine de la justification pas la foi que Luther a définie de la façon suivante : « Ce n’est pas en faisant ce qui est juste que nous devenons justes, mais c’est en tant que nous sommes justifiés que nous faisons ce qui est juste. »

Cette idée est au fondement de la théologie chrétienne et la suite de l’épître est consacrée à sa déclinaison dans tous les domaines de la foi. Le texte proposé à notre méditation est dans la partie consacrée à la relation avec Israël pour souligner que ce renversement dans la compréhension du religieux se trouvait déjà dans une veine du Premier Testament.

Que dit le texte ? – Dire et croire

Le passage dit à la fois que la parole de l’Évangile est proche de nous, elle n’est pas lointaine ni inaccessible, mais que nous devons nous en saisir pour en vivre. Pour cela il faut la dire : Si, avec ta bouche, tu reconnais en Jésus le Seigneur… tu seras sauvé. On peut aussi traduire : tu sera guéri.

En quoi le fait de dire nous sauve, nous guérit ? C’est que parler à haute voix et mettre des mots sur notre foi est une façon de mieux la comprendre et de l’enraciner en nous.

Pourquoi est-ce que nous confessons notre foi dans les cultes ? À qui est-ce que je parle lorsque je dis : « Je crois » ? À mes frères et sœurs qui assistent au même culte que moi et à l’incroyant qui est en moi. Dans sa dimension personnelle, la confession de foi est une façon d’unifier ma personne. Je sais qu’en moi se côtoient la lumière et les ténèbres, la foi et la peur, l’espérance et le découragement. Dire « je crois » est une façon de positionner toute ma personne dans la foi, la lumière et l’espérance.  

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La tentation du Christ 

Lorsque Jésus a été tenté par le diable, il n’a pas cherché à argumenter ni à discuter avec le diviseur, il lui a opposé la parole de Dieu. Il y a des questions qui ne se discutent pas mais qui s’imposent comme des impératifs.

Pour avoir le bon réflexe lorsque la tentation se présente, il ne faut pas entrer dans un raisonnement, il faut que l’attitude juste soit un réflexe.

C’est en disant, en habitant la foi, la grâce et l’Évangile qu’on les enracine au plus profond de sa personne.

Le texte du Deutéronome du 9 mars (Deutéronome 26.4-10)

La mémoire et la reconnaissance

Le contexte – Le livre du Deutéronome  

Selon la tradition, le livre du Deutéronome est le testament de Moïse au soir de sa vie pour repenser le rapport à la loi comme le dit le titre (deutero-nomion, seconde loi).

Le livre reprend les grands points de la révélation : les dix paroles – la confession de foi Écoute Israël, les lois sociales… Il insiste beaucoup sur la mémoire : À dix reprises, il demande de ne pas oublier. La plus grande dérive qui menace les Israélites est d’oublier qu’ils ont été libérés, que la terre leur a été donnée et de penser qu’ils méritent ce qu’ils sont devenus. 

Pour le Deutéronome, le fondement de la foi repose sur la reconnaissance que nous sommes précédés, que nous appartenons à une histoire, contre le mythe du self-made-man qui n’est le fils de personne et qui ne doit rien à quiconque.

Dans le passage proposé à notre méditation cette reconnaissance n’est pas qu’une idée spéculative, elle s’incarne dans un rite.

Que dit le texte ? – La mémoire et les prémices

Au début du livre nous trouvons l’affirmation suivante : Quand le Seigneur, ton Dieu, te fera entrer dans le pays qu’il a juré à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob, de te donner, avec de grandes et bonnes villes que tu n’as pas bâties, des maisons pleines de toutes sortes de biens, que tu n’as pas remplies, des citernes creusées, que tu n’as pas creusées, des vignes et des oliviers que tu n’as pas plantés ; lorsque tu mangeras et que tu seras rassasié, garde-toi d’oublier le Seigneur, qui t’a fait sortir de l’Égypte, de la maison des esclaves (Dt 6.10).

Dans la suite de cet avertissement, notre texte propose un mode opératoire pour ne pas oublier : Apporter en offrande les prémices de ses récoltes, en déclarant publiquement que nous la reconnaissons comme un don de Dieu, puis la partager avec les religieux et les étrangers.

Dans la Bible, la notion des prémices – la première partie des récoltes – est la reconnaissance que tout ce qu’on possède vient de Dieu. Le fidèle doit considérer qu’il n’a que l’usufruit de ses biens. Le don enracine le fidèle dans l’éthique dans la libération. La reconnaissance transforme son don en acte joyeux.

Quel est le lien avec le passage de l’Évangile ? – La tentation du Christ 

Dans le récit de la tentation, le diable propose à Jésus d’assouvir ses désirs de consommation, de pouvoir et de séduction. Jésus était un homme du même sang que nous, et il n’a sûrement pas été insensible à cette proposition, c’est en citant les Écritures qu’il a répondu au diable et refusé d’entrer dans sa logique. 

Nous savons bien que l’homme ne vivra pas de pain seulement, que c’est à Dieu seul que nous devons rendre un culte et qu’il ne faut pas provoquer le seigneur, mais la foi n’est pas qu’une question de savoir, c’est aussi une conversion pour vivre ce que nous savons. En cultivant la reconnaissance et la générosité, nous habitons ce que nous croyons.

Production : Fondation Bersier – Regards protestants
Intervenants : Antoine Nouis, Christine Pedotti